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Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

mardi 21 mars 2017

Le dénouement de la souffrance

Le dénouement de la souffrance


Lorsque la souffrance psychologique se présente, la tendance habituelle chez la plupart des êtres est de tenter de la fuir par tous les moyens. Le refus de la sensation de malaise s'exprime dans une modulation infinie dans le fait de chercher à penser la souffrance plutôt que de faire l'expérience de l'unité avec elle et la sentir directement. On veut comprendre la souffrance, lui trouver une cause, une raison, un sens, une explication. Alors, le mental se met en branle pour débusquer dans la mémoire la stratégie d'évitement ou de réparation optimale, en développant des scénarios imaginaires par le biais de comparaisons, de justifications ou de condamnations. Mais, bien que les ratiocinations mentales semblent momentanément diluer la souffrance en orientant l'attention vers des satisfactions imaginaires, ces dernières ne rassasient pas vraiment et, bien vite, la souffrance et son corollaire, la soif de paix et de bonheur, remontent à la surface. Le mental n'a fait que déplacer le problème, mais la sensation de souffrance demeure.

Tant que l'on se fige dans une prétention à savoir quoi que ce soit, c'est que la carapace égotique est renforcée et les émotions encore plus fortement refoulées.

Une des stratégies possibles d'évitement subtiles de la souffrance est la maitrîse du jargon de la non dualité et la création d'un super ego, "celui qui connaît l'éveil", celui qui sait. Certains adeptes du Néo-Advaïta, mais pas seulement, peuvent se reconnaître ici. Car, si je ne suis pas exclusivement le corps et le mental, je suis aussi cela. Il est ainsi possible de tenter de nier son humanité, en s'octroyant une "super-identité" qui n'est en réalité basée que sur un déni de son ego. Ici seule l'honnêteté est de mise, et lorsque je parle d'honnêteté, je pointe vers la réintégration en nous de ce qui nous semble étranger, en en faisant pleinement l'expérience : Sentir. Car si si vous n'êtes pas exclusivement un e forme et un nom particuliers, au final toute forme apparaît en tant que Vous. Vous êtes donc également cette forme-ci et toutes celles que Vous refusez d'être, ainsi que le refus lui-même. Tant que cela n'est pas compris, mais également senti et pleinement vécu, il y aura tension autour du maintien d'une sorte de super-égo. Il faut être courageux, diposer d'un sacré don pour la discrimination et avoir un désir indéracinable pour la Vérité pour réaliser cela d'instant en instant et déjouer les pièges de l'enferment dans un super-moi, fait de rien.

Ceux qui adoptent cette stratégie d'évitement trichent avec eux-mêmes et sont susceptibles de s'exprimer au travers de phrases toutes faites qui ne sont que des écrans de fumée comme par exemple : "Qui souffre", "il n'y a personne pour souffrir", "tout est illusion", "je suis le témoin sans forme de la souffrance", "Je suis Cela", "le Soi ne souffre pas", "tout est absolument parfait tel que c'est". Ces phrases sont autant de pointeurs non duels bien souvent inopérants s'ils ne viennent pas directement du Silence vers lequel ils pointent, et qui servent en réalité le plus souvent de bouclier ultime au passage de l'entonnoir vers l'impuissance totale. Car la spiritualité authentique passe toujours par la vulnérabilité absolue, par l'abandon à tout savoir, pouvoir et volonté personnelle.

Ainsi, comme le dit Nisargadatta, le maître de la voie directe : "

"Pour aller au-delà du mental, vous devez avoir un mental parfaitement en ordre."

"Le fruit tombe soudainement, mais le mûrissement prend du temps."

"Le chemin vers la Vérité passe par la destruction du faux. Pour détruire le faux, vous devez remettre en question les croyances les plus invétérées."


Soit je souffre. Mais explorons la nature de cette souffrance. Que se passe-t-il si nous remplaçons le mot souffrance, par une étiquette plus neutre comme par exemple tension, ou encore plus neutre, comme par exemple sensation ? Ce changement d'étiquette a pour conséquence que l'on commence à lâcher le vu pour voir vraiment, lâcher la pensée pour accueillir la sensation telle qu'elle est. En effet, les mots sont vagues et renvoient à d'autres mots et à une multitude de mémoires qui sont autant de fuites en avant pour éviter de faire face à l'instant. Alors que la sensation est là, disponible, maintenant. Le mot est ambigü, mais la sensation elle, n'attend que d'être éprouvée dans le corps même, dans le ventre, les cuisses, le plexus, la gorge, la mâchoire. La souffrance n'est alors plus une sorte de brouillard où tout semble confus. Elle est réduite à son expression la plus simple et la plus directe. La souffrance est soudain perçue comme un objet d'observation. Là, il y a déjà une sorte de changement de perspective. On abandonne l'idée de vouloir justifier la souffrance ou de trouver des subterfuges pour ne plus la sentir. On fait face, ou plutôt on devient espace pour elle. On l'observe, on la sent, on la savoure même. Que se passe-t-il ? Plus on sent la tension, plus on fait l'expérience de l'unité avec elle, plus elle se dissout comme par magie dans la Présence dans laquelle elle apparait et que, du coup, elle révèle paradoxalement avec encore plus d'évidence.

Tant que je veux maintenir une définition de moi-même ou des croyances à propos de la souffrance, je ne suis plus réellement présent à la souffrance telle qu'elle se présente dans l'instant. Pour découvrir la Vérité, je dois lâcher mes savoirs de seconde main, oser l'expérience directe et redevenir "ma propre autorité." Être nu, dépourvu de savoir et de préférences. La préference est elle-même une souffrance. Je dois réaliser à quel point je suis sans cesse en train de chercher à maintenir une image positive ou agréable de moi-même. C'est justement dans cette incessante façon de repousser, relativiser, minimiser ou exagérer la souffrance, dans cette façon de la penser pour la rendre plus supportable que la souffrance se perpétue.

L'effort est contraction et la contraction est l'expression directe de ce que nous nommons souffrance.

En devenant le spectateur passif, non impliqué du film des tensions, celles-ci ne sont plus refusées. Et, c'est tout naturellement qu'elles se déploient en nous en tant que Présence témoin, comme un feu d'artifice de vibrations, de sensations, de pensées, d'images, de sons, de parfums. Ce libre déploiement de ce qui était refusé - les émotions - apparait désormais en nous avec la même intimité que la rumeur lointaine d'une cour de récréation, un vol indécis de pigeons, un bouquet de parfums dans un pré printannier, c'est à dire, sans distance et sans séparation avec la Présence sans définition qui en est consciente.

De même que, plus on s'éloigne de l'ombre de soi-même projeté sur un mur, plus l'ombre grandit, de même, plus on tente d'éviter la souffrance plus elle s'intensifie. Lorsque l'on se rapproche de l'ombre celle-ci diminue jusqu'à disparaître en nous. Il en va de même pour les contractions corporelles liées à la souffrance psychologique. Plus on les sent moins on finit par les sentir. Le corps de tensions devient un corps de vibrations puis un corps d'espace sans limites. La joie est contagieuse paraît-il. Sentir également. Car lorsque qu'il y a senti il n'y a personne pour sentir. On en peut pas à la fois sentir et penser. Essayez pour voir !

Être le Témoin silencieux des rythmes contractés de l'ego qui cherche à survivre puis, finit par mourir est d'une douceur sans nom. Dés qu'il n'y a plus d'appropriation autour des sensations de tension et des images, jadis considérées comme douloureuses ou insupportables, un espace de silence incommensurable se révèle.

Je ne suis pas la souffrance. La souffrance apparaît en moi, en ce silence de conscience que Je suis. Un processus de désidentification a lieu. La souffrance est perçue. Je ne suis pas ce qui est perçu. Je suis l'Espace de conscience dans lequel la souffrance apparaît. L'écoute même de la tension jusqu'au bout révèle avec encore plus d'évidence la conscience sans forme et sans âge que je n'ai jamais cessé d'être.

Il est évident qu'un certain nombre de séances d'accompagnements sont nécessaires pour que ce retournement total de perspective s'impose au quotidien et dans nos relations avec le corps, le mental les autres et le monde. Mais, à chaque résorbtion dans la Présence sans définition que nous sommes d'une tension dont nous nous sentions séparés, c'est le même parfum du vivant qui s'affirme et se confirme, le même parfum inconnu reconnu de l'émerveillement d'être qui se révèle.

Au fond nous ne souffrons que de prétendre être ceci ou cela et d'ignorer notre véritable nature sans forme : Je suis. Mais pour que cela ne soit pas que des mots, une posture de savoir stérile et que la reconnaissance de qui nous sommes vraiment s'infuse dans toutes les strates de notre vie, il semble qu'il faille faire face à la souffrance. Face à espaceFace de la souffrance apparaissant dans l'espace que Je suis Ici en tant qu'atemporelle Présence sans forme. Éclairer la face imaginaire de la souffrance avec l'espace lumineux sans forme et sans âge que je suis. Sentir encore et encore, comme une libre investigation sans but et sans cause ce dont nous nous sentons séparés pour révéler in fine que cela aussi est une expression de nous-mêmes.

Mourir à l'image de nous-mêmes est la condition sine qua non pour renaître. Et cette renaissance est en réalité la simple reconnaissance de ce que nous n'avons jamais cessé d'être, innocence immaculée, regard sans personne, espace de non savoir.

NB : Pour ceux qui sont intéressés par un accompagnement individuel non-duel à Paris ou par Skype ou une séance d'accompagnement psycho-corporelle pour laisser éclore les émotions bloquées, veuillez me contacter au 06 63 76 90 81 ou sur mon mail : adnnn1967@gmail.com

Si vous voulez vous inscrire pour les rencontres non duelles (sur la base d'une participation en conscience) qui ont lieu de façon bi-mensuelle à chez moi dans le 19e à Paris, écrivez-moi un sms sur le numéro ci-dessus.


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