Il règne toujours une grande confusion dans le cœur des chercheurs spirituels autour d'expressions telles que "accepter ce qui est", "lâcher prise" ou "pardonner".
La confusion vient d'une erreur de perspective. Lorsque le chercheur spirituel, identifié à un moi, entend qu'il faut "accepter ce qui est", il introduit obligatoirement et inconsciemment l'idée d'un choix personnel, l'idée qu'il pourrait soit accepter, soit refuser d'accepter. Tant qu'il croit à l'existence d'un moi séparé, doté de volonté personnelle et auteur de ses pensées et de ses actes, il va nécessairement croire que accepter résulte d'un choix personnel et d'une action du moi. Ainsi, il endosse obligatoirement une forme de responsabilité personnelle et donc de culpabilité, puisqu'il n'a de toute évidence pas encore accepté tout ce qui est. Ainsi naît l'idée qu'il faut faire des efforts pour être plus accueillant, plus doux avec soi, avoir plus de compassion pour les autres, être plus ceci et moins cela. Et l'illusion d'être un moi séparé s'en retrouve renforcé.
Or, accepter ce qui est ou lâcher prise n'est jamais le résultat d'un effort personnel et d'une progression mais d'une réalisation instantanée, d'une prise de conscience immédiate, d'un regard sans personne. Accepter ce qui est résulte toujours d'une disparition du moi dans l'intensité même du regard. Il s'agit donc plutôt de déceler ce que nous rajoutons dans ce regard, ce que nous faisons en plus, de constater les efforts que nous produisons pour fabriquer autre chose que ce que nous sommes, comme par exemple essayer d'être plus à l'écoute pour pouvoir accepter ce qui est. Cela doit être senti dans le corps de façon tactile, d'où l'importance d'éveiller l'écoute corporelle.
L'acceptation de ce qui est est en réalité un non choix. L'acceptation inconditionnelle signifie également accepter que ce corps mental-ci ne peut pas tout accepter. Si je réagis par l'insulte à l'insulte d'un collègue, il ne s'agit pas de se fixer une ligne de conduite qui serait par exemple d'accepter l'insulte du collègue et se figer dans une posture quelconque comme par exemple à tout prix ne pas réagir, mais de voir que ce corps-mental-ci peut ou ne peut pas ne pas réagir. L'acceptation n'est pas issue d'une volonté ou d'une pensée personnelle, elle est le pur ici et maintenant en amont toute pensée. Ainsi, de façon pédagogique et fonctionnelle, il s'agit juste de constater la dernière apparition dans la conscience, celle qui est la plus proche du maintenant du constat. Toujours partir de ce qui se présente maintenant. Si c'est ma non acceptation de l'insulte, alors il s'agit simplement de partir de ce constat qu'il y a réaction psychologique à l'insulte et tension corporelle. Ce que l'on appelle acceptation est un simple constat, en amont de toute pensée, parole, action. C'est un constat que tout ce qui apparaît ne peut pas ne pas apparaître. C'est aussi simple que ça. Pouvez-vous simplement rester avec ça ?
Voici une séquence en trois phases. Le processus de réaction en chaîne se perpétue tant que l'identification continue. À chaque phase, ou plutôt à chaque instant, la perche est tendue pour que ce qui apparaît à la conscience soit simplement constaté.
Voici une séquence en trois phases. Le processus de réaction en chaîne se perpétue tant que l'identification continue. À chaque phase, ou plutôt à chaque instant, la perche est tendue pour que ce qui apparaît à la conscience soit simplement constaté.
Si un collègue m'insulte, il est possible de simplement le constater depuis le regard sans personne. Dans ce regard caméra sans personne qui ne fait que filmer ce qui est, aucune réaction. Car personne n'est concerné par l'insulte. Une action consciente de ce corps-ci peut apparaître spontanément par la suite peut-être, mais il n'y a pas de réaction automatique à partir de l'idée d'un moi qui se doit de réagir à telle ou telle insulte et de telle ou telle façon.
S'il n'y a pas conscience de ce regard depuis l'arrière plan et que le moi s'interpose avec son cortège d'images et de préférences, si l'on s'identifie à cela, c'est à dire que l'on se sent insulté, alors, à nouveau, la perche est disponible pour constater ce processus d'identification au moi et à ces images.
Si ce n'est pas possible parce que l'identification aux images suscite une blessure narcissique trop forte et provoque automatiquement dans le corps - auquel ce moi gravement blessé s'identifie - le déclenchement d'un uppercut, voilà qu'une nouvelle expérience, (uppercut sur collègue) peut à nouveau être simplement constaté par la présence consciente. Et ainsi de suite.
Le regard sans personne ne peut être volontairement créé. Cela arrive. Et lorsque l'existence est perçue depuis ce regard qui ne veut rien pour lui-même, une perspective complètement nouvelle apparaît. Depuis cette perspective, il n'y a aucun problème d'ordre psychologique. Car l'expérience est "une" expérience, ce n'est plus "mon" expérience. Depuis ce regard rien n'est insulté et personne n'est en colère.
Il n'y a rien d'autre à faire. Vous pouvez simplement constater ce qui arrive. Constater n'est pas un faire c'est un constat. constatez-le ! Constater. Constater. Constater. L'énergie du constat est immense.
L'acceptation dont parle la tradition spirituelle profonde est trop souvent prise pour la résignation.
L'acceptation, dans son sens profond, c'est à dire voir que ce qui est ne peut pas être autrement que c'est, cet abandon à la réalité, dissout le sentiment de séparation et la souffrance.
Alors que la résignation, par le refus de l'impuissance fait perdurer le sentiment de séparation et la souffrance.
L'acceptation dont parle la tradition spirituelle profonde est trop souvent prise pour la résignation.
L'acceptation, dans son sens profond, c'est à dire voir que ce qui est ne peut pas être autrement que c'est, cet abandon à la réalité, dissout le sentiment de séparation et la souffrance.
Alors que la résignation, par le refus de l'impuissance fait perdurer le sentiment de séparation et la souffrance.
Il se trouve que ce regard libre d'intentions est omniprésent. Il est toujours là. Il n'a jamais cessé d'être là en amont de notre identification aux pensées. Juste avant que le moi prenne conscience d'une pensée, le Voir (Présente consciente sans personne) l'a déjà constaté ! Mais comme toute pensée est généralement automatiquement crue cela consolide la croyance en un moi qui pense la pensée. Comme toute action est également automatiquement appropriée par un "moi" psychologique (identifié à un corps) qui fait l'action et que, dans le feu de l'action, ces raccourcis sémantiques ne sont jamais remis en question, il est quasiment impossible, statistiquement parlant, qu'un être humain réalise dans le flux de la vie qu'il est ce regard sans personne. Tout au plus aura-t-il une très brève conscience de ces ouvertures étranges, parfois au cœur même du chaos, de la bagarre, de la dispute, de la rumination. Mais très vite il les oubliera, car son attention est habituellement et automatiquement portée vers les perceptions, les pensées, les actions, les expériences, et donc vers ce qui peut être mémorisé et non vers ce qui en lui perçoit d'instant en instant, cet espace Témoin sans personne, qui nous accompagne depuis toujours et qui semble être vide.
Plutôt que de dire à quelqu'un d'accepter ce qui est, il serait pédagogiquement plus juste sans doute de lui faire découvrir que l'acceptation est un simple constat, un constat qui est déjà là, même s'il n'en a pas conscience, un fait, et nullement la résultante d'un illusoire choix personnel. Il me semble également plus intéressant sur un plan pédagogique d'explorer l'illusion de ce moi séparé en s'amusant à constater ses apparitions au sein de l'espace impersonnel.
En réalité, ce que vous êtes a déjà accepté ce qui est, exactement tel que c'est. Ce que vous êtes a déjà dit oui à ce qui est, sinon cette expérience ne serait pas en train d’apparaître. C'est le moi qui dit non et le oui du moi est toujours un oui conditionnel. Ce que vous êtes vraiment, l'arrière plan, ne peut refuser quoi que ce soit, car sur un plan profond vous êtes tout ce est apparaît, cela apparaît en vous et vous n'en êtes pas séparé.
Ainsi personne ne lâche jamais prise. C'est la vie qui lâche prise. Le fruit ne tombe pas de l'arbre parce que le fruit l'a décidé. Il tombe lorsqu'il est mûr, suffisamment gorgé de sucre pour que son poids l'entraîne vers sa chute.
Plutôt que d'accepter ou de lâcher qui sont des verbes qui pointent vers une action supposée volontaire, mieux vaut sans doute pointer vers des verbes plus neutres tel que voir, sentir, écouter. Car il est facile de constater que Voir voit avant même que "moi" j'en prenne conscience.
NB : Pour ceux qui sont intéressés par un accompagnement individuel non-duel à Paris ou par Skype, une thérapie d'accompagnement psycho-corporelle pour laisser éclore les émotions bloquées, ou une séance de réharmonisation vibratoire, veuillez me contacter au 06 63 76 90 81 ou sur mon mail : adnnn1967@gmail.com
Si vous voulez vous inscrire pour les rencontres non duelles (sur la base d'une participation en conscience) qui ont lieu de façon bi-mensuelle à chez moi dans le 19e à Paris, écrivez-moi un sms sur le numéro ci-dessus.