Une voie de dévotion est une voie de connaissance.
Maitre Eckhart disait : « Lorsque je cherche Dieu par une seule voie, je trouve la voie et je perds Dieu caché dans la voie. Lorsque je cherche Dieu par aucune voie particulière, je le trouve tel qu’il est. Et il est la Vie même. »
Quelle a été « ma voie » ? Difficile de répondre précisément à une telle question tant j’ai cheminé hors des clous en apparence traditionnels. Je dis souvent que la rencontre avec les murs de la réalité a été ma voie, une voie de l’impuissance en somme qui m’a amené à consumer mes faux désirs, à désencombrer le regard et à me réajuster à la réalité en faisant l’unité avec la frustration et la souffrance qui bien sûr se sont révélées être, après investigation, de l’amour qui se cherchait.
Ramana Maharishi disait qu’il y avait deux façons de découvrir le Soi : par l’investigation du Soi ou par l’abandon à Dieu.
Ma voie est à la fois une voie de connaissance ET une voie de dévotion.
La question au final est « à quoi suis-je dévoué ici » ? Au fond, Je suis dévoué à la Vérité. Je veux la Vérité et rien que la Vérité. La Vérité ultime, absolue l’Un sans second.
Au cœur du Satsang nous sommes tous dévoués à la Vérité ou à la réalité ultime, c’est à dire à ce qui en nous ne change pas.
C’est pour ça que lorsque nous nous réunissons, nous sommes si dévoués tous ensemble à la nature directe de notre expérience.
Parfois on me demande si je crois en Dieu.
Je me souviens alors avoir lu que lorsqu’on avait posé cette question à Einstein, il avait répondu avec son art si exceptionnel de la répartie : « dites moi ce que vous entendez par Dieu et je vous dirais si j’y crois. »
Le mot Dieu est tellement polysémique et connoté que je l’utilise rarement. Mais étymologiquement, il vient du mot lumière. En ce sens nous pourrions dire que Dieu est la lumière de la Conscience.
Si Dieu est, il doit nécessairement être toute chose. Car si Dieu était limité ce ne serait pas Dieu.
La dévotion la plus haute envers Dieu est donc juste d’être pleinement ce que vous êtes déjà, reconnaître qui vous êtes vraiment vraiment.
Car si Dieu est, il a forcément laissé une trace en nous, Non ? Une trace qui est présente maintenant.
Quelle pourrait être la trace de Dieu en nous si ce n’était Je suis, cette graine de conscience, la lumière même de la Conscience ?
Et, si au lieu de simplement être conscient des objets qui vont et viennent dans la Conscience, nous retournions l’attention vers sa propre source, vers ce qui en nous est déjà pleinement présent et conscient ?
Hui Neng, le 6e patriarche du Tchan en Chine disait : « Retourne-toi ! Le secret est là ! »
Ne retournons-nous pas alors vers cet apparent créateur en le suivant à la trace ?
Nous réaliserons alors soudain que la lumière de la Conscience n’a pas besoin d’être illuminée par autre chose qu’Elle-même. La lumière prend soudain conscience d’elle-même comme si elle se dégageait des identifications illusoires, comme si elle sortait d’un rêve, où s’éveillait au rêve, et redevenait lucide au cœur de ce rêve très particulier que l’on nomme l’état de veille.
Que découvrons-nous dans ce chemin de retour ?
Ce que tant d’êtres ont découverts avant nous : Qu’il n’y a nulle différence entre Le Père et le fils, atman et Brahman, et nulle trace de séparation ni de moi séparé et distinct du monde des autres et de la source.
Amor Fati