Nous créons l’illusion de la dualité parce que nous avons des préférences. La maturité arrive lorsque l’on commence à pouvoir vivre sans préférences.
Un jour un journaliste interrogea U.G. - un
enseignant spirituel contemporain :
« Avez-vous trouvé les bottes pour marcher sur les épines ? » (Voulant dire : êtes vous délivre de la souffrance du monde ?)
U.G. répondit : « Il n’y a pas d’épines »
Le journaliste estomaqué répondit : « Mais les gens font l’expérience des épines ! »
« Si vous arrêtez de vouloir chercher des roses il n’y a pas d’épines » rétorqua U.G.
Nous sommes déçus par la façon dont les autres, le gouvernement, la vie nous traite uniquement en raison de nos attentes et de nos préférences.
L’éveil spirituel consiste à n’avoir pas d’idées préconçues sur la vie ou sur la façon dont les gens devraient agir ou gérer une crise ou une épidémie.
Plus nous désirons quelque chose et plus la pensée qui apparaît semble réelle. Prenons l’exemple du mirage dans le désert. L’illusion de l’oasis et de l’eau est créée par la soif.
Notre relation avec le monde fonctionne sur le même mode. Plus nous avons de désirs que les choses soient différentes de ce qu’elles sont et plus nous vivons dans un mirage sans en avoir conscience.
C’est la même chose avec une émotion. Tant que nous croyons que nous sommes la sensation, plus elle semble réelle. Plus nous réalisons que la sensation a un début et une fin, qu’elle va et vient, qu’elle est impermanente, plus elle perd de son apparente réalité.
Quand Hui Neng (6e patriarche du bouddhisme chinois) rencontra son maître et que ce dernier lui demanda que veux-tu ? Il répondit « rien en particulier ».
Dés cet instant le maître sut qu’il avait en face de lui un être éveillé. Hui Neng deviendra par la suite le 6 e patriarche du Zen chinois.
La recherche spirituelle n’est pas la recherche d’amour ou d’éveil car alors il s’agit de préférences. Quand nous sommes mûrs, nous comprenons que la spiritualité authentique n’est pas dans la recherche d’un mieux plus tard que maintenant et ailleurs qu’ici mais dans le simple fait d’être, être la Présence. Le mot Présence est précieux car il pointe vers ce qui est avant les sens. Pré sens. Ce qui est là avant que nous ne sentions quoi que ce soit. La Conscience avant qu’elle ne soit colorée par l’expérience. C’est Cela l’Être que nous sommes ultimement.
Et c’est Cela qu’évoque le célèbre Koan Zen : « Quel est ton visage orignel ? » Ou formulé autrement : « Quel visage avais-tu avant de naître ? ».
Et que les merveilleuses pratiques de Douglas Harding de la Vision Sans Tête nous font éprouver …
Qu’est-ce qui, dans l’expérience directe, c’est à dire sans faire référence à la mémoire , perçoit ces lignes et ces phrases ? Une tête avec deux petits yeux et un cerveau ? Une personne avec un âge et une forme ?
Ou
Un espace ouvert, transparent, sans forme et sans âge, sans nom et sans préférences ?
Je vous souhaite de reconnaître cette ouverture Impersonnelle et atemporelle au-dessus de vos épaules, d’en tomber amoureux au point de reconnaître l’absence de séparation avec quoi que ce soit, et aimer follement la vie telle qu’elle se présente.
Sans préférences.
Amor Fati