Les notions de bien et de mal sont toujours relatives. Elles correspondent nécessairement à la morale d’une société donnée. Elles varient au cours du temps et changent en fonction des lieux et des cultures.
Ces notions de bien et de mal appartiennent au film, au rêve, au monde des apparences et non à l’écran sur lequel ils apparaissent, non à la Conscience non duelle qui se trouve en amont des noms et des formes.
On pourrait se demander pourquoi la Conscience a permis l’holocauste, la violence, le terrorisme, les inégalités croissantes, la destruction de la planète ?
Sur un plan profond, il peut être réalisé que cette question est en fait mal posée. C’est un peu comme si on demandait pourquoi la Conscience permet-elle le bien ? Ce serait comme demander pourquoi le tsunami a tué 200000 personnes ?
Il ne vous viendrait pas à l’idée de bannir le vent lorsqu’il fait tomber un arbre sur une voiture et tue une famille entière ni de le remercier d’ailleurs parce qu’il permet de faire tourner des éoliennes et de générer de l’électricité.
Ça n’aurait pas de sens de dire que la Conscience est bonne dans un sens personnel.
On ne peut pas dire que la Conscience est bonne au sens où on dit qu’un homme fait une bonne action. Car l’homme qui fait la bonne action se situe dans le monde relatif et est partie prenante du rêve qui est une des multiples expressions de la lumière de la Conscience. La Conscience transcende le monde relatif, même les actions les plus belles sur le plan moral. Et, elle transcende nos notions relatives les plus belles également comme celle de beauté, de justice, d’amour, de paix, de fraternité, de bonheur, de pureté. Elle les transcende car la Conscience précède toutes ces notions, et est entièrement libre de tout ce qui en elle prend forme et nom.
Quand on dit que la Conscience non duelle est bonne cela ne pourrait serait que dans le sens où elle est ce par quoi tout est connu et reconnu et qu’il y a là une joie sans cause et sans objet, la joie simple de la reconnaissance de l'Être. Cette auto-reconnaissance est notre évangile à tous, la plus inouïe des nouvelles : Ce que nous sommes réellement est par delà le bien et le mal, car c'est un bien absolu, absolument libre des représentations humaines de la morale, non pas immorale mais amorale, non pas personnelle mais impersonnelle, non pas temporelle mais atemporelle.
Kéna Upanishad :
« Ce n’est pas ce que la pensée pense, c’est ce par quoi la pensée pense, tel est le BRAHMAN et non cela que l’in honore comme tel. »
Certains êtres semblent pourtant incarner ce que l’on appelle communément le mal. Quand on parle par exemple d’une personne comme Joseph Mengele, médecin tortionnaire dans les camps d’Auschwitz pendant la seconde guerre mondiale, on peut se demander pourquoi il ne serait pas responsable de ses crimes ?
Sur un plan relatif, il est considéré comme responsable, bien sûr. Et, il a été condamné par contumace au procès de Nuremberg, selon les normes de la morale de la société qui l’a jugé. La notion de responsabilité situe le problème sur le plan relatif.
Mais si on veut aborder le problème sur un plan spirituel profond, sur le plan de l'Être, il peut être vu que toute action mauvaise provient toujours d’une ignorance, l’ignorance de notre vraie nature.
Vous ne pouvez pas commettre un crime ou faire du mal à une autre personne si vous réalisez que vous êtes la Conscience pure, sans forme et sans âge. Ce n’est pas possible.
Tout être cherche la paix et le bonheur. C’est ainsi. Et lorsque quelqu’un commet une mauvaise action c’est qu’il est coupé de sa source, qu’il a momentanément oublié sa vraie nature de paix et de complétude et agit à partir de la croyance qu’il est un être séparé et donc parasité de croyances et de préférences personnelles.
Lorsque cette croyance racine en la séparation est transparente, l’individu agit à partir de cette ignorance sans s’en rendre compte. Ramana Maharshi appelait cela l’ignorante ignorance. Comme il se croit coupé de la paix qu’il est déjà, et donc en manque, il cherche à l’obtenir dans le monde à travers un éventail d’expériences susceptibles de lui ramener cette paix dont il a le pressentiment mais qui semble irrémédiablement perdue.
C’est ainsi que dans une gradation infinie se commettent les actions non alignées, et in fine criminelles.
Ainsi, plus on est éloigné de sa propre source, plus on sera tenté d’assouvir le besoin d’attention de la part des autres, plus on sera tenté de trouver la paix dans des actes déviants voire pervers.
Mais même le plus grand criminel est motivé par le fait de chercher une once de paix au travers de ses actions les plus horribles.
Il y a principalement deux sortes de remèdes existants et éprouvés et,- validés au travers des âges par les études observationnelles, n'en déplaise aux tenants obsessionnels des études randomisées en double aveugle avec placebo - à cette ignorante ignorance.
La voie de l’amour et la voie de la connaissance.
Dans la voie de l’amour on s’abandonne complètement à Dieu, à l’Absolu, à ce qui est !
Que Ta volonté soit faite. Inch Allah. Point barre. La voie de la dévotion dissout l’ego par le fait de constamment s’abandonner à un Amour inconditionnel, tellement plus grand que l’ego qu’il se liquéfie littéralement dans ce don d’amour.
Dans la voie de l’investigation du Soi, la voie de la connaissance qu’en Inde on appelle le Jnana yoga, on questionne l’illusion d’un moi séparé qui en réalité est la source de tous nos problèmes. Lorsque les fausses croyances sont supprimées par la discrimination, le Neti Neti (ni ceci, ni cela : méthode d’investigation reine de l’Advaita Vedanta) ne demeure que la paix infinie du Soi.
Lorsque l’illusion d’une entité séparée se défait d’elle-même dans la lumière de la Conscience - toutes choses étant égales par ailleurs - les pensées et les actions, désormais au service non pas d’une entité personnelle imaginaire mais de la Conscience pure, se trouvent spontanément et progressivement alignées.
À ma connaissance, aucun politicien, aucun journaliste, aucun intellectuel, universitaire, scientifique ou philosophe, aucun éducateur, ne propose aujourd’hui un de ses deux remèdes miracle.
Ce qui veulent guérir la violence et débarrasser l’humain de ses pensées ou actions criminelles ou non alignés sans comprendre que la racine est l’ignorance de leur vraie nature, ne sont pas au bout de leur peine.
Vous avez certainement remarqué comme moi, que si l'on tire un peu rapidement sur une mauvaise herbe sans s'assurer d'en avoir extrait la racine, elle repousse assez vite. Il faut avoir un certain doigté, doux d'abord pour trouver la bonne prise au plus près de la terre mais ensuite très ferme et sans la moindre hésitation pour extirper la plante avec sa racine.
Pour aller au bout de la peine, risquez-vous a un geste insensé, inhabituel, profondément révolutionnaire et hautement spirituel : retournez l’attention habituellement tourne vers les perceptions, à 180 degrés vers sa propre source et, dé-couvrez, dé-masquez, la véritable nature de JE.
Où ? Ici !
Quand ? Maintenant !
Et, commencez par reconnaître que ce texte et ces mots ne sont pas perçus par deux petits yeux et une tête dans l’expérience directe si vous ne faites pas référence à la mémoire, mais par une ouverture transparente, sans forme et sans âge, un espace éveillé à sa nature d’espace.
Qu'y a-t-il par delà ou plutôt en deça le bien et le mal ? Il y a le Bien Suprême. Le Bien Suprême, c'est votre trésor secret, que Wei Wu Weil nommait le secret ouvert, c'est la Vérité de l'être qui ne change pas.
Ainsi pour déraciner le mal dans la nature humaine, il faut aussi déraciner le bien. Aller au-delà, en réalité en-deça, pour réaliser votre vraie nature non duelle.
Ramana Maharshi et Nisargadatta Maharaj disaient également tous deux que le plus grand bien qu'un être humain pouvait faire pour le monde était de s'éveiller à sa vraie nature.
*Satprem qui s'y connaissait en matière de mal relatif (arrêté par les allemands en tant que résistant au sein du réseau de résistance, Turma Vengeance et connu la déportation à Buchenwald puis un an et demi à Mauthausen), disait qu'aussi longtemps qu'un individu ne s'enferme dans rien c'est la Bien, dés qu'il s'enferme dans quelque chose c'est le mal.
Ne nous enfermons donc dans rien. Car le Bien Suprême est de reconnaître en nous la liberté d'être, et l'être n'est ni ceci ni cela.
Shido Bunan (moine Tc'han) disait : "Meurs dans cette vie-ci. meurs complètement. Puis fais ce que tu veux."
Belles éclosions à toutes et à tous