Le Neti Neti (ni ceci ni cela en sanscrit) la méthode de discrimination entte le réel et l’irréel, apparue pour la première fois dans l’histoire écrite dans la Brihadaranyaka Upanishad, il y a 2700 ans est une valeur sûre …
Le cheminement authentique est toujours une voie négative, apophatique, une voie de dépouillement, une discrimination entre ce qui est réel et ce qui est irréel. Cette méthode nous vient aussi de l’advaita Vedanta et d’un de ces propagateurs les plus talentueux, Adi Shakaracharya. Il nous livre sa méthode d’investigation entre autres dans son livre Viveka Cuda Mani Les Plus Beau Fleuron De La Discrimination et Connaissance de Soi.
Ce n’est pas accumulation de savoirs mais dissipation de l’ignorance qui révèle la positivité ultime.
C’est toujours la même révélation atemporelle qui est au cœur de chaque tradition spirituelle authentique.
On se défait de l’illusion pour reconnaître la réalité déjà présente comme dans l’analogie de la corde et du serpent.
Même quand la souffrance semble très réelle, elle est toujours une erreur identitaire, causée par un encombrement du regard, une simple erreur d’inattention, un auto-illusionnement. Je ne parle pas ici de la douleur physique mais de la souffrance morale, psychologique, qui toujours provient du fait de vouloir ce qui ´ést pas ou ne pas vouloir ce qui est.
La guérison ultime résulte toujours un changement de paradigme et une sortie radicale de l’hypnose suite à un claquement de doigt salvateur.
L’illusion qui avait été surimposée sur la réalité est soudain vue pour ce qu’elle est, une simple illusion d’optique comme le faux serpent que l’on croit voir dans la corde.
Pour renouer avec notre état naturel (Sahaja), déjà présent, nous devons donc absolument questionner l’apparente réalité, nous poser pour une fois la question « qui suis vraiment », qu’est ce qui est réel, qu’est ce qui est toujours présent et rejeter tout ce qui est transitoire, qui apparaît et disparaît c’est à dire les pensées, la mémoire, les sensations, les sentiments, les émotions, les perceptions issues des 5 sens.
Parfois on a besoin de se pincer plus d’une fois pour sortir du rêve. Comme je dis dans une chanson de façon un peu ironique :
« Il faut que je me pince encore
Ma corde sensible est un vrai serpent »
Certaines croyances, certains attachements, certaines identifications ont en apparence la dent dure. Cela vient du fait que l’impression de séparation ressentie dans le corps est parfois très intense et semble du coup momentanément valider en retour la croyance « je suis séparé » ou « ma souffrance ou ma joie proviennent de telle ou telle expérience ».
Il n’en demeure pas moins que quelle que soit l’illusion elle apparaît toujours dans une présence consciente sans forme et sans âge. Le rappel au Soi, le basculement de la conscience est donc toujours possible. Il suffit d’inverser la flèche de l’attention à très exactement 180 degrés vers sa propre source pour se défaire de l’illusion et renouer avec la paix et la joie omniprésentes de la vraie nature.