Le chant du merle
Assis dans le bureau de mon appartement du 19e arrondissement, je suis soudain saisi par une voix qu'entre mille je reconnais : le chant d'un merle. La beauté de sa voix bariolée et la fulgurance de ses sonorités lézardent la trame de mes pensées et entrouvre en moi un plus vaste que moi-même qui n'est que silencieuse écoute, veille miraculeuse, attente sans attente.
C'est la première fois depuis le début de l'été 2015 que j'entends chanter le merle en pleine journée à Paris. Jusque là, et depuis la fin Décembre, je les entendais parfois du haut des immeubles émettre leurs trilles virtuoses à l'heure bleue puis, à nouveau tôt le matin, vers les quatre heures, reprendre leurs vocalises inspirées. Mais là, il est plus de midi et plusieurs merles chantent à tue tête. Serait-ce le déjà le printemps dans mon ventre attendri ? Leurs circonvolutions mélodieuses percent sans difficultés le brouhaha des voix d'enfants de la cour de récréation, le murmure de la circulation et les sirènes des ambulances lointaines. Ils cisaillent même le vent d'ouest qui se lève fortement à Paris en ce lundi 8 Février 2016 et qui souffle par moments avec des rafales étonnamment tonitruantes. Cela me met en joie.
Nuages de Trinidad, cuba, janvier 2016 |
Lorsque nous entendons vraiment quelque chose qui nous fait vibrer, c'est qu'il n'y a personne qui vibre. Il n'y a toujours eu que pure vibration, pure écoute sans personne qui écoute. Nous disparaissons cent fois par jour en faveur d'un son, d'une couleur, d'une forme, d'une odeur, d'une émotion, d'une pensée, d'un désir ou d'une peur mais nous ne remarquons pas ces micro disparitions. La personne qui est elle-même une perception se dissout pour laisser a place à une autre perception, un son, une couleur, une sensation. Mais nous ne mettons presque jamais l'accent là-dessus. Car, très vite, la traduction en mots et en concepts, en jugements et en conclusions, en "j'aime" ou "j'aime pas" mobilise l'avant plan de la conscience et semble du coup donner l'impression qu'il y a quelqu'un qui écoute, sent, voit, hume, parle, pense, fait ou ne fait pas. Cette erreur d'interprétation nous met dans la panade car elle nous voile ce grand ouvert, sans limites et sans âge, toujours disponible et accueillant que nous sommes.
Entendre entend le son du merle avant que Dan n'entre en jeu pour penser qu'il l'entend et désire le partager avec vous. C'est Cela l'indicible miracle de chaque instant. Avant que la pensée "je vois" n'apparaisse, Voir a déjà vu. La pensée "je vois" ne voit rien. Elle ne fait qu'apparaître au sein de cet espace de connaissance, sans forme, sans âge, sans personne. De lmême que Voir voit avant que l'idée "je vois" apparaisse, on pourrait dire que Penser pense avant que l'idée "je pense" n'émerge. Même l'acte de penser se joue sans penseur et l'idée " je pense" n'est au fond qu'une autre pensée, récurrente il est vrai et crue par 7 milliards de personnes. Ne pensez pas à ce que je viens de dire. Constatez-le, tout simplement.
Tous ces sons se déploient comme autant de thèmes s'entrecroisant dans une symphonie harmonieuse et se résorbent en douceur dans la Présence mystérieuse que je me sais être. L'impermanence des notes du merle, les crescendo-décrescendo du bruissement du vent et les cris d'enfants pointent tous d'une voix unanime vers cet éternel Maintenant que je n'ai jamais cessé d'être. Le Maintenant est totalement est intimement tout ceci. Tout se révèle avec tant d'innocence.
Nous ressentons tous un sentiment de continuité au cœur de notre vie. Lorsque j'étais enfant, ma mère - qui ne sait jamais départie de la croyance d'être un moi séparé logé quelque part dans le corps-mental - me disait pourtant souvent que, malgré l'âge et les rides qui creusaient chaque année un peu plus son visage, elle avait cette étrange impression d'être la même personne depuis toujours. Je comprenais sans comprendre. Nous avons tous ce pressentiment qu'au fond de nous, il y a ce sentiment mystérieux que rien ne change malgré le temps qui passe et les aléas de la vie.
Nuages de Trinidad, cuba, janvier 2016 |
Mais après, lorsqu'on y songe plus particulièrement, l'immense majorité des gens rattache par erreur ce sentiment de continuité tapi au fond de chacun d'entre nous, à l'histoire de leur personne et aux images de leur vie. Ce sont les pensées et donc la mémoire des expériences vécues qui semblent justifier chez la plupart des êtres humains ce sentiment de continuité. Ils ne poussent presque jamais l'exploration plus loin pour découvrir l'inenvisageable.
Le sentiment de permanence et de cohérence du collier de perles ne vient pas des perles elles-mêmes, de nos mémoires, de nos expériences mais du fil invisible qui les relie.
Le sentiment de permanence et de cohérence du collier de perles ne vient pas des perles elles-mêmes, de nos mémoires, de nos expériences mais du fil invisible qui les relie.
Trouvons ce fil d'Ariane que nous sommes et qui relie les perles des expériences multiples et impermanentes de la Vie en une seule et même Présence et le tour est joué.
Nuages de Trinidad, cuba, janvier 2016 |
Le mental m'intime d'aller enfourcher mon vélo pour répéter les Maîtres Chanteurs de Wagner à l'Opéra Bastille. J'ai envie de partager ce chant qu'un merle m'avait inspiré, il y a longtemps, dans un autre temps, surgi du même Maintenant que Maintenant. (Voir texte ci-dessous)
Vous pouvez l'écouter si le cœur vous en dit sur ce blog dans l'onglet musique.
Belles éclosions à vous.
NB : Pour ceux qui sont intéressés par un accompagnement individuel non-duel à Paris ou par Skype ou une séance d'accompagnement psycho-corporelle pour laisser éclore les émotions bloquées, veuillez me contacter au 06 63 76 90 81 ou sur mon mail : adnnn1967@gmail.com
Si vous voulez vous inscrire pour les rencontres non duelles (sur la base d'une participation en conscience) qui ont lieu de façon bi-mensuelle à chez moi dans le 19e à Paris, écrivez-moi un sms sur le numéro ci-dessus.
Éclosions
J’aime nuager
au gré du vent…
J’aime mourir
à chaque instant…
J’aime rire
et pleurer quand la vague sourd…
J’aime naître
et renaître chaque jour…
J’aime
écouter le chant du merle d’un soir
Qui au creux
de l’hiver en plein cœur de Paris
Me libère le
printemps dans mon ventre attendri
Et m’apprend
qu’on ne perd rien à recevoir…
J’aime
entendre la pluie et son doux rythme impair
Qui me
brouille mes pistes même quand j’ai l’air
D’avoir tout
compris, visité les cent ciels
Comme tant
d’artistes qui oublient l’essentiel…
J’aime au
hasard parfois d’une foule anonyme
Embrasser son
tumulte, être chaque credo Laisser chuchoter l’âme et les voix qui m’intiment
Qu’il n’y a
rien d’occulte à voir que tout est beau…
J’aime quand
tout est là
C’est ça la
vie c’est le fruit
D’aimer…
J’aime
arrêter le temps et changer de fréquence,
Quand plus
rien ne me tend habiter le silence,
Vulnérable et
puissant lâcher prise vraiment,
Epouser le
courant d’une autre existence…
J’aime entrer
dans l’espace
Où mène
l’abandon
Quand enfin
je m’efface
La vie n’est
qu’éclosions
J’aime quand
tout est là.
La
vie c’est ça
C’est
le fruit d’aimer
J’aime quand
mon regard tout à coup se libère,
Traverse le
miroir des pensées délétères,
Puis se fraye
un passage sur le fil d’un rasoir,
Caressant ton
visage : s’effleurir est un art…
J’aime vivre
avec toi quand chaque mouvement
Est une
action de grâces, car c’est en délaissant
Le pourquoi
du pourquoi, qu’enfin j’ai reconnu
Ce chez-soi, cet espace, où règne l’inconnu…
J’aime
quitter « mon monde », accepter la magie
Du
voyage sans bruit de dedans vers dehors,
Vivre chaque
seconde à la vie à la mort,
Du miracle
inouï d’être là, d’être en vie…
J’aime entrer
dans l’espace
Où mène
l’abandon
Quand
enfin je m’efface
La vie n’est
qu’éclosions
J’aime quand
tout est là.
C’est ça la
vie
C’est le
fruit d’être là
C’est le
fruit d’aimer
NB : Pour ceux qui sont intéressés par un accompagnement individuel non-duel à Paris ou par Skype ou une séance d'accompagnement psycho-corporelle pour laisser éclore les émotions bloquées, veuillez me contacter au 06 63 76 90 81 ou sur mon mail : adnnn1967@gmail.com
Si vous voulez vous inscrire pour les rencontres non duelles (sur la base d'une participation en conscience) qui ont lieu de façon bi-mensuelle à chez moi dans le 19e à Paris, écrivez-moi un sms sur le numéro ci-dessus.
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