La peur racine est paradoxale et invariablement la même : la peur de ne rien être, la peur d’être sans Être. La peur d’être en dehors de tout. C’est cette peur sur laquelle vient se greffer toutes les autres peurs. C’est la peur d’être séparé de Dieu, séparé de la Vie ou d’être abandonné par la Vie.
Évidemment c’est impossible. La seule chose que nous ne pouvons pas ne pas être est justement la Présence dans laquelle tout apparaît et disparaît ainsi que la substance de toute la manifestation.
Rien ne peut apparaître en dehors de cette Présence que Je suis.
Nous ne pouvons que momentanément oublier que nous sommes l’Être, c’est à dire par un lourd conditionnement et par pure inattention nous identifier exclusivement à une personne séparée, auteure de ses pensés et de ses actes.
La question que la Présence (qui « est ce qu’il est », qui est Je suis) pose sans cesse à l’humain est toujours la même : « Qui es-tu vraiment vraiment ? Où est ton être ? Où est ton « Je Suis » ?
Le drame de l’humain c’est qu’il est sorti du paradis, c’est à dire qu’il a oublié sa vraie nature non duelle et qu’il a confondu « Je suis » avec toute une série d’attributs et de caractéristiques : Je suis un homme ou une femme, Je suis âgé ou jeune, Je suis ce corps-mental-ci, Je suis intelligent ou bête, Je suis français ou anglais, Je suis victime ou bourreau, Je suis patient ou impatient, Je suis loyal ou déloyal, Je suis ceci ou cela...
Pour certains il faudra tout une vie pour répondre à cette simple question : Qui es-tu ?
Je suis la Présence. Je suis conscient d’être, conscient d’être conscient, conscient d’être l’Être qui est. Je suis Je suis.
Dans la tradition spirituelle authentique de l’Inde les références à l’expérience directe d’être, du pur « Je suis » sont pléthore.
Une façon d’y accéder directement pourrait être par l’Investigation du Soi telle que la préconisait Ramana Maharshi, en se posant de façon systématique la question « Koham » (qui est aussi le mantra atemporel de toute la tradition non duelle du Vedanta) - qui suis je ? - car elle nous permet de nous désidentifier des caractéristiques ( les ceci et les cela), surimposées sur le « Je Suis » originel.
Ramana Maharshi qui avait lu la bible dira d’ailleurs ( L’enseignement de Ramana Maharshi, Albin Michel, p119) :
« Tout le Vedanta (non dualité issue de l’Inde) est contenu dans deux passages de la bible : « Je Suis ce que je suis » ( la réponse de Dieu à Moise lorsque ce dernier demande à la lumière de dire qui elle est) et « Reste tranquille et sache que Je Suis » (psaume 47.10 Jean).
Dans la tradition non duelle de l’Inde le poème de Shankara le Nirvânashatkam, synthétise merveilleusement cette invitation à la désidentification par le Neti Neti (ni ceci ni cela) pour réaliser Je suis Shiva, ou Je Suis.
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