Vaisseaux, nous vous aurons aimés en pure perte ;
Le dernier de vous tous est parti sur la mer.
Le couchant emporta tant de voiles ouvertes
Que ce port et mon cœur sont à jamais déserts.
La mer vous a rendus à votre destinée,
Au delà du rivage où s’arrêtent nos pas.
Nous ne pouvions garder vos âmes enchaînées ;
Il vous faut des lointains que je ne connais pas.
Je suis de ceux dont les désirs sont sur la terre.
Le souffle qui vous grise emplit mon cœur d’effroi,
Mais votre appel, au fond des soirs, me désespère,
Car j’ai de grands départs inassouvis en moi.
Extrait de l’Horizon Chimérique de Jean de la Ville de Mirmont.
Cycle de poèmes que Gabriel Fauré (1845-1924) a admirablement mis en musique.
J’ai d’ailleurs eu la joie dans ma jeune carrière de chanteur lyrique de découvrir ce cycle de mélodies en partie avec un de mes mentors, Jacques Jansen, lui-même grand interprète de Pélléas (de l’opéra de Pélléas et Melisande de Debussy qu’il à enregistré à trois reprises, que j’ai également appris à ses côtés) - ce cycle de mélodies et chanté certaines d’entre elles.
La poésie est l’art d'évoquer et de suggérer les sensations, les impressions, les émotions les plus vives par l'union intense des sons, des rythmes, des harmonies, en particulier par les vers. La poésie est surtout un art de vivre, et un art qui est là pour nous rappeler combien il nous est essentiel de réenchanter le monde et la vie dont nous nous sommes tant coupés depuis la chute dans l’ego.
La poésie est une autre façon de nous rappeler à notre vraie nature non duelle.
Car la véritable nostalgie que chante le poète est toujours celle du Soi et, à la fin du poème, le silence qui suit le dernier mot vibre toujours de l’évidence que : « Je suis ce que Je cherche »…
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