Feel it !




Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

jeudi 29 août 2024

La voie authentique est toujours négative

 


Le Neti Neti (ni ceci ni cela en sanscrit) la méthode de discrimination entte le réel et l’irréel, apparue pour la première fois dans l’histoire écrite dans la Brihadaranyaka Upanishad, il y a 2700 ans est une valeur sûre … 

Le cheminement authentique est toujours une voie négative, apophatique, une voie de dépouillement, une discrimination entre ce qui est réel et ce qui est irréel. Cette méthode nous vient aussi de l’advaita Vedanta et d’un de ces propagateurs les plus talentueux, Adi Shakaracharya. Il nous livre sa méthode d’investigation entre autres dans son livre Viveka Cuda Mani Les Plus Beau Fleuron De La Discrimination et Connaissance de Soi.

 Ce n’est pas accumulation de savoirs mais dissipation de l’ignorance qui révèle la positivité ultime. 

C’est toujours la même révélation atemporelle qui est au cœur de chaque tradition spirituelle authentique.

On se défait de l’illusion pour reconnaître la réalité déjà présente comme dans l’analogie de la corde et du serpent. 

Même quand la souffrance semble très réelle, elle est toujours une erreur identitaire, causée par un encombrement du regard, une simple erreur d’inattention, un auto-illusionnement. Je ne parle pas ici de la douleur physique mais de la souffrance morale, psychologique, qui toujours provient du fait de vouloir ce qui ´ést pas ou ne pas vouloir ce qui est.

La guérison ultime résulte toujours un changement de paradigme et une sortie radicale de l’hypnose suite à un claquement de doigt salvateur. 

L’illusion qui avait été surimposée sur la réalité est soudain vue pour ce qu’elle est, une simple illusion d’optique comme le faux serpent que l’on croit voir dans la corde. 

Pour renouer avec notre état naturel (Sahaja), déjà présent, nous devons donc absolument questionner l’apparente réalité, nous poser pour une fois la question « qui suis vraiment », qu’est ce qui est réel, qu’est ce qui est toujours présent et rejeter tout ce qui est transitoire, qui apparaît et disparaît c’est à dire les pensées, la mémoire, les sensations, les sentiments, les émotions, les perceptions issues des 5 sens. 

Parfois on a besoin de se pincer plus d’une fois pour sortir du rêve. Comme je dis dans une chanson de façon un peu ironique :

 « Il faut que je me pince encore 

Ma corde sensible est un vrai serpent »

Certaines croyances, certains attachements, certaines identifications ont en apparence la dent dure. Cela vient du fait que l’impression de séparation ressentie dans le corps est parfois très intense et semble du coup momentanément valider en retour la croyance « je suis séparé » ou « ma souffrance ou ma joie proviennent de telle ou telle expérience ».

 Il n’en demeure pas moins que quelle que soit l’illusion elle apparaît toujours dans une présence consciente sans forme et sans âge. Le rappel au Soi, le basculement de la conscience est donc toujours possible. Il suffit d’inverser la flèche de l’attention à très exactement 180 degrés vers sa propre source pour se défaire de l’illusion et renouer avec la paix et la joie omniprésentes de la vraie nature. 



mercredi 28 août 2024

L’horreur aussi pointe vers le Soi



 118. "Dans la stupeur ou l'anxiété, à travers l'expérience des sentiments extrêmes, quand tu surplombes un précipice, que tu fuis le combat, que tu connais la faim ou la terreur, ou même lorsque tu éternues, l'essence de la spatialité de ton propre esprit peut être saisie." (Traduction de Daniel Odier, stance 118)

Le Vijnanabhaïrava Tantra, le « Tantra de la Connaissance Suprême » est l'un des textes shivaïtes des plus anciens. Il se présente sous la forme d'un recueil de 112 sutras ou pratiques méditatives. C'est un yoga qui utilise le spectre intégral des pensées, des émotions et des sensations du yogin placé au coeur de la diversité de la réalité comme voie mystique. Il constitue avant tout un yoga de l'action dans le monde des sens. Il n'y a pas de scission entre la vie mystique et la vie phénoménale. Toute perception, toute pensée, toute émotion permet de glisser spontanément dans la conscience, le divin en soi, matrice de laquelle tout émerge et à laquelle tout retourne dans un cycle immuable.. Tout est saturé d'essence divine. Rien n'est à éviter, rien n'est à rechercher.

J’ai vécu quelques expériences de ce type, comme par exemple cette chute de 10 m, suite à l’effondrement d’une partie du décor d’Otello de Verdi, en compagnie d’une quarantaine de collègues d’infortune du chœur de l’opéra de Paris, à l’opéra de la Maestranza à Séville, lors de l’exposition universelle de 1992. Une collègue y perdit sa vie et de nombreux autres furent gravement blessés et demeurèrent handicapés à vie.

Lorsque je me suis extirpé du tas de corps, je vivais un pur état de grâce. Le mental a alors connu un arrêt total. Je n’étais plus que pure Conscience. Alors que les cris de douleurs et les gémissements étaient audibles, je vivais un pur état d’intimité avec l’expérience. Toute l’expérience était imbibée d’amour. Et j’étais cet Amour. Cet état de grâce dura quelques mois et me laissa un parfum de nostalgie que je n’eus ensuite de cesse de chercher jusqu’à la reconnaissance que Cela ne pouvait ni être obtenu ni perdu.

mardi 27 août 2024

Quoi de plus simple ?




 Quoi de plus simple que le fait d’être présent et conscient ?

Le simple fait d’être et le fait que l’être est conscient ne peut être remis en question. Si je te pose la question : es-tu en train d’être après une légère pause, tu réponds oui ? C’est évident qu’en cet instant et à tout instant tu es en train d’être. Et ce n’est pas par le biais de quelconques pensées ou sensations que ce savoir là se révèle avec tant d’évidence. C’est l’être lui-même ou la conscience elle-même qui se sait être et être consciente.

C’est même notre première connaissance. Avant même de connaître les mots ou les perceptions, le corps, les autres, les formes, le monde, il y a ce savoir là : je suis. 

Ainsi le fait d’être présent et conscient ne peut être remis en question. Et tu ne fais aucun effort pour être. C’est toujours disponible et c’est indubitable. Et quand bien même tu en douterais, tu admettras sans difficultés que tu es conscient de ce doute. Le doute ou la confusion apparaissent dans la conscience. Ils sont connus par la conscience omniprésente que Tu es ultimement.

Lorsque nous reconnaissons que cette présence consciente est notre véritable identité toujours présente, omniprésente, se dessine un sourire à la commissure des lèvres, et une détente générale du corps de fait sentir. Il se peut même que cette reconnaissance soit accompagnée d’une vibration expansive et chaude au niveau de la poitrine et du cœur. Ce sont simplement certains effets secondaires de la réalisation à ne pas confondre avec la Conscience Elle-même !

Depuis cette présence consciente, sans référence à une quelconque histoire ou à une personne séparée, la vie prend une multitude de formes. La danse de la vie se déploie naturellement et spontanément à partir de cette présence consciente que l’on pourrait également nommer l’ici maintenant. Et la danse est une mise en vibration de cette présence consciente. 

Ainsi il y a à la fois un détachement absolu et une absolue intimité avec toute expérience. 

Vivre à partir de ce que nous sommes vraiment est d’une élégance inimitable. 



dimanche 18 août 2024

L’ expérience de mort imminente de Ramana Maharshi


Dessin de Ersnt Mach

Je vous partage ici la seule expérience de mort imminente (EMI) valable et validée par le Soi.

L’expérience contée par Ramana Maharshi lui-même survenue lorsqu’il avait 16 ans où il redécouvre l’iinfinitude et l’atemporalité de son véritable Je. 


Tous les autres récits de mort imminente dont on nous bassine sur YouTube et au travers de livres ne sont que de simples récits du mental pour captiver l’imaginaire, esquiver la vacuité réelle du Soi et finalement maintenir l’espoir et donc l’ego des lecteurs fascinés en place. 


« Environ six semaines avant mon départ définitif de Madura, il se produisit dans ma vie un grand changement. Ce changement fut soudain. J'étais seul dans une des pièces du premier étage, dans la maison de mon oncle. Je n'avais été malade que rarement, et ce jour-là ma santé était excellente; mais je fus pris soudain d'une violente peur de la mort. Rien dans mon état ne la justifiait, et je n'essayai pas d'en découvrir la raison; je me contentai de l'éprouver. Je me disais: « Je vais mourir », et je me demandais que faire. Il ne me vint pas à l'esprit de consulter un médecin, ou l'un de mes amis. Je sentais qu'il me fallait résoudre moi-même le problème, et sur le champ.

« Le choc causé par la peur de la mort forçait mes pensées à l'observation intérieure, et je me répétais mentalement, sans réellement formuler des paroles: « Maintenant que la mort est là, que signifie-t-elle ? Qu'est-ce que c'est que mourir ? C'est ce corps-là qui meurt! » Et aussitôt je dramatisais le fait de la mort. J'étais couché, les membres raides comme si j'étais mort réellement.

J'imitais la situation d'un cadavre pour donner à mon enquête une réalité plus grande. Je retenais ma respiration, et serrais les lèvres pour qu'aucun son ne put s'en échapper, pour m'empêcher de prononcer le mot « je », ou tout autre mot. « Bon! me disais-je, ce corps est mort. On l'emportera complètement rigide au lieu de sa sépulture, où on le brûlera et le réduira en cendres. Mais suis-je mort par cette mort de mon corps ? Mon corps est-il « moi » ? Il est silencieux et inerte, mais je sens la pleine force de ma personnalité, et j'entends même la voix du « moi » au fond de mon être. Je suis donc un esprit qui transcende le corps. Le corps meurt, mais l'esprit, transcendant le corps, ne peut être touché par la mort. Ce qui veut dire que je suis un esprit immortel. »

« Ces pensées n'étaient pas obscures et ternes. Elles jaillissaient en moi telles d'éclatantes vérités, que je percevais directement sans que mes activités cérébrales fussent en jeu. Le « moi » était donc quelque chose de très réel, la seule chose réelle dans mon état présent, et toute l'activité consciente de mon corps se concentrait sur ce « moi ». Depuis cet instant, la puissance fascinante de ce « moi » se plaça au cœur même de toute mon attention.

« La crainte de la mort avait disparu, et pour toujours. L'absorption dans le « moi » se poursuivit sans interruption. D'autres pensées passaient et disparaissaient, pareilles à diverses notes de musique, mais le « moi » demeurait comme la note fondamentale, sous-jacente à toutes les autres notes, et se confondant avec elles."

jeudi 15 août 2024

Le basculement de la conscience est l’éveil

 

L’éveil procède d’une translation de l’identification à une personne séparée, à la croyance que ce que je suis est essentiellement un corps mental, un moi séparé des autres et du monde, auteur personnel des pensées et des actes, disposant donc d’un libre arbitre personnel, à la réalisation que je suis la conscience pure, illimité et atemporelle, dans laquelle cette apparente personne séparée apparaît et disparaît. 

La personne que je croyais être, mon apparence humaine, le masque de la personne, mon histoire personnelle à laquelle je m’étais exclusivement attachée, le moi séparé qui semblait être au moins dans une certaine mesure au contrôle du corps et des pensées n’est plus au centre de l’expérience, mais apparaît au contraire en périphérie. 


Au centre, il n’y a personne, juste une pure vacuité consciente. Une conscience illimitée sans âge accueillant toute expérience depuis toujours. 


On appelle souvent cette translation, le basculement de la conscience vers elle-même. 


Lorsque ce basculement a lieu, nous cessons de vivre dans l’hypnose, dans l’ignorance et surtout dans la souffrance. 


Vous avez tous entendu parler de la parabole de la corde et du serpent présente dans les Upanishad. 


Un homme marche dans la jungle. La pleine lune momentanément cachée par des nuages lui donne l’illusion qu’il y a face à lui un serpent mortel. La peur le submerge alors car la morsure d’un serpent est mortelle et il n’existe nul antidote. Il voit défiler sa vie. 


Soudain la lune réapparaît à nouveau de derrière les nuages. Il découvre alors que le serpent est en réalité une corde.


Le serpent ne semble exister réellement qu’en vertu d’un encombrement momentané du regard, d’un manque d’attention, d’un subtil mélange entre la perception directe et nos peurs et désirs inconscientes. On appelle ce mélange ignorance.


La sortie de l’illusion procède donc toujours d’un simple geste d’attention. Il s’agit simplement de cesser d’être inattentif.  Soyons attentif à notre inattention. Il s’agit de voir vraiment. 


Huant Po disait : 


« Le sage s’appuie sur ce qu’il voit. L’ignorant s’appui sur ce qu’il pense. Voyez les choses telles qu’elles sont. Et ne vous préoccupez pas des autres. »