Penser ou Ressentir la vie ?
Au fond dans la vie il n'y a qu'un véritable choix : Penser ou ressentir. Soit vous pensez la vie soit vous ressentez la vie.
Vous ne pouvez pas faire l'un et l'autre en même temps. Lorsque vous pensez la vie vous quittez le plan du ressenti et lorsque vous ressentez la vie, la pensée est absente. Le ressenti est tactilité. Mais contrairement à ce qu'on nous enseigne il n'y a pas que le toucher qui peut-être ressenti. Vous pouvez ressentir une situation. Vous pouvez ressentir un autre corps sans le toucher. Vous pouvez ressentir une pensée sans la penser.
Le ressenti est toujours plus proche de la source de notre être véritable que la pensée qui est une construction plus tardive. La pensée est un commentaire qui vient se calquer sur un ressenti. Le ressenti se situe en amont de la source. Le ressenti est toujours antérieur au déclenchement quasi automatique du processus d'étiquetage, de conceptualisation, de comparaison, de justification, de condamnation, de jugement.
La plupart des gens ont perdu la faculté de ressentir. Ils ont troqué cette faculté contre un catalogue de mots et un dictionnaire d'opinions. La perception du ressenti est compliqué pour un être qui est habitué à fournir des réponses préemballées et lyophilisées. Il oblige à ne pas se focaliser sur la traduction de la sensation en mots ce qui nuit à l'illusion de la toute puissance de l'intellect et lézarde la croyance d'être un moi séparé. Le ressenti vulnérabilise et nous ramène dans l'espace ouvert et conscient du "je ne sais pas" où tout redevient possible. Le ressenti ouvre à l'expérience directe de l'ici et maintenant où tout le savoir accumulé, subtil ou grossier ne vous est plus d'aucune utilité. La personne résiste forcément à sa propre dissolution. Et pour maintenir l'illusion d'être une personne séparé doté de libre arbitre le meilleur moyen est une fuite en avant dans l'enchaînement compulsif des pensées. C'est pour cela qu'il est essentiel que le mental comprenne sa propre impuissance, qu'il comprenne que dans l'espace du ressenti ou dans l'appréciation d'une expérience dans le moment présent, il est totalement caduque.
La véritable mesure de la qualité de vie d'un être humain n'est pas constitué de critères socio-économiques. Vous ne pouvez pas non plus mesurer la qualité de vie d'un être humain en mesurant sa santé physique, sa qualité de vie du point de vue écologique ou du point de vue de l'environnement
familial ou professionnel d'un individu.
La véritable mesure de la qualité de vie d'un être humain n'est pas quantitative mais qualitative. Elle se "mesure" de façon intime en observant le rapport entre le ressenti et la pensée dans la vie d'un être humain. Plus un être humain passe son temps dans le ressenti, plus il y a de joie, de la détente, de l'insouciance, de l'ouverture, de la souplesse, de la créativité. Plus il met l'accent sur le fait de comprendre intellectuellement, de penser et de contrôler la vie, plus il y a de sérieux (au sens d'une forme de rigidité), plus l'attention se fixe sur ce qui devrait être plutôt que ce qui est, plus il y a de sentiment de responsabilité, des sentiments de frustration, de honte, de culpabilité, de désirs et de peurs.
Dans le véritable ressenti, il n'y a personne qui ressent. La personne n'étant qu'une idée, une pensée, un concept perçu, elle ne peut rien ressentir. La personne est toujours ressentie. C'est l'Être qui ressent.
La peur, le stress, la dépression sont tous des sentiments qui émanent d'une vie coupée du ressenti.
Un accompagnement thérapeutique doit toujours s'atteler en priorité à restaurer l'écoute sans personne, qui est synonyme de la capacité de ressentir. Pour des raisons pédagogiques on pointe en premier lieu vers l'écoute sensorielle des conflits psychologiques. Les émotions ne demandent pas forcément une analyse psychologique et une compréhension mentale pour se résorber. Lorsque chez un être se développe la capacité d'écouter tactilement ses émotions, il devient alors possible de ressentir la source du ressenti, d'écouter l'écoute. Petit à petit il devient envisageable de tourner l'attention à 180 degrés vers sa propre source et découvrir que cette écoute est là, même en l'absence d'objet (émotion) à écouter.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire