La voie du détachement e(s)t et la voie de l'Amour
Abbaye de Fontevraud |
« Les maîtres louent grandement l’amour comme le fait Saint Paul quand il dit : « Quelque œuvre que j’accomplisse, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. »
Quant à moi, je loue le détachement plus que tout amour. Et d’abord pour cette raison :
Ce que l’amour a de meilleur c’est qu’il me force à aimer Dieu, alors que le détachement force Dieu à m’aimer. Or il est bien plus noble de forcer Dieu à venir vers moi que de me forcer à aller vers Dieu. Parce que Dieu peut plus intimement s’insérer en moi et mieux s’unir à moi que je ne puis m’unir à Dieu...
... Le détachement est si proche du néant que rien n’est assez subtil pour trouver place dans le détachement, sinon Dieu seul. Seul il est simple et si subtil qu’il peut bien trouver place dans le cœur détaché. C’est pourquoi le détachement n’est accessible qu’à Dieu. »
Cette aimantation vers le détachement se rapproche du neti neti de la voie de l’Advaita Vedanta, et me fait également penser à cette ouverture en deça des mots qui se révèle lorsque vous pratiquez le « ni l’un ni l’autre de » Nagarjuna pour déconstruire toute identification à ce qui peut être perçu ou conçu.
Par exemple :
Si vous ne faites pas référence à la mémoire ni à la pensée, ni à la perception, ni à l’émotion, êtes vous une femme, un homme ou
... ni l’un ni l’autre ? ...
Si vous ne faites pas référence à la mémoire ni à la pensée, ni à la perception, ni à l’émotion, êtes vous dans le corps, hors du corps ou
... ni l’un ni l’autre ?
Si vous ne faites pas référence à la mémoire ni à la pensée, ni à la perception, ni à l’émotion, y a-t-il un sens à la vie, une absence de sens, ou
... ni l’un ni l’autre ?
Si vous ne faites pas référence à la mémoire ni à la pensée, ni à la perception, ni à l’émotion, êtes vous éveillé, non éveillé, ou
... ni l’un ni l’autre ?
Si vous ne faites pas référence à la mémoire ni à la pensée, ni à la perception, ni à l’émotion, le monde est-il réél une illusion, ou
Etcetera...
... ni l'un ni l'autre ?
Etcetera...
Si vous vous livrez à cette pratique, vous verrez que s'il y a un minimum de maturité et de sensibilité, vous serez inexorablement aimanté par « le ni l’un ni l’autre. »
Car cela va de Soi, c’est évident. De la même façon que la lune ne se reflète pas bien dans une eau agitée, le Soi ne se reflète clairement que dans un mental tranquille.
Le non état qui émerge de cette exploration est une vacuité indicible, le "Je suis" préverbal, le témoin sans forme et sans âge, la Conscience inconditionnée.
Nagarjuna utilisait cette méthode qui consistait à opposer une paire duelle d’opposées, puis proposait ainsi de réaliser que ce que que nous sommes est absolument au-delà, que nous ne sommes ni l’un ni l’autre.
Avant de faire l’expérience de l’unité, il peut être essentiel de réaliser le vide d'abord, c’est à dire le détachement, la vacuité (Vision sans Tête), le « non esprit » (voie Zen), le « Je sans forme » de Atmananda Krishna Menon ou le « Je suis » de Nisargadatta ou en l’occurrence le « ni l’un ni l’autre" de Nagarjuna.
Le Je suis ou le ni ceci ni cela, ne sont pas l'Absolu mais des pointeurs, des directions vers l'Absolu, des seuils sur lesquels vous êtes invités à demeurer tranquillement jusqu'à ce que l'Absolu se reconnaisse pleinement. C'est la porte sans porte que dans la tradition Zen on appelle aussi la porte fantôme.
Krishnamurti disait également que si l'on n'ouvrait pas la fenêtre, le vent n'aurait aucune chance d'entrer. Et, donc vous demeurez la fenêtre ouverte sans une attente sans attente.
Le vide aimante le plein. Et si nous demeurons au seuil de ce vide, si nous réalisons ce vide en nous, l’absolu viendra tout naturellement nous emplir, tôt ou tard, c'est inévitable disait Nisargadatta Maharaj.
C’est exactement la voie de Nisargadatta Maharaj qui invitait simplement à se détendre le plus souvent possible dans le Je suis en amont des identifications abusives du Je suis aus divers Je suis ceci ou cela, et affirmait qu’ainsi l’Absolu allait se révéler de Lui-même.
Le Je suis, ou le ni ceci ni cela ou encore le ni l’un ni l’autre sont des portails vers l’Absolu.
Pratiquer le détachement sans subterfuges et avec authenticité vous amène à une expérience de non séparation c’est à dire d’amour sans fioritures et sans imaginaire.
Le vide est la forme et la forme est le vide est il dit dans le sutra du cœur du Bouddha.
Belles éclosions à tous
Amor Fati
L'abbaye de Fontevraud |
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