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dimanche 21 octobre 2018

Interview sur le "Sentiment de manque à la Plénitude" de Mai 2015 : 4 ème partie


Interview de Mai 2015 : 4 ème partie


Voici la quatrième partie d'une interview réalisée devant caméra en vue de la constitution d'un site qui n'a pas vu (encore ?) le jour et qui devait s'intituler : "Du sentiment de Manque à la Plénitude". La Première partie a été posté le 28 Septembre 2018. La partie vidéo ayant été détériorée, ceci est une restranscription écrite de cette interview qui devait présenter un site exposant des Jeux de Révélation en direct pour inviter les personnes en recherche spirituelle à se mettre eux-mêmes en jeu et à nu et, ainsi découvrir leur vraie nature. Quelques vidéos s'intitulant "Du Sentiment de Manque à la Plénitude" sont visionnables sur la chaîne you tube. Comme elle est un peu longue, je me vous la partage sur le blog en plusieurs parties, le temps d'en terminer la retranscription de l'audio. Je l'ai retrouvé il y a peu et, me suis demandé si cela pouvait être d'une quelconque utilité. Vous me direz ? Ou pas. Je remercie chaleureusement l'amie de longue date qui a bien voulu se prêter au jeu de l'intervieweuse mais qui au final, préfère rester anonyme. 

Q : Justement puisque je vois nous sommes déjà entrés dans le vif du sujet, je crois que l’on peut maintenant parler de l’objet particulier de notre rencontre aujourd’hui.

R : Oui. On a fait un sacré détour-là.

Q : Un détour sacré, si tu veux.  Mais c’était peut-être nécessaire de te présenter un peu toi, ton parcours pour le grand public, mais aussi l’originalité de ton approche avant d’entrer en matière ? Présenter un site sur des jeux de révélation comme ça à brûle-pourpoint sans introduction aurait certainement laissé beaucoup de perplexité.

R : Probablement.

Q : Alors, là je vais lire un peu ce que j’ai préparé. Donc. Tu mets en ligne un site gratuit qui s’appelle “Du sentiment de manque à la plénitude”. On y voit une mosaïque de visages différents. Chaque visage représente un accompagnement individualisé d’une personne depuis son sentiment de manque à la plénitude. Pour y avoir joué moi-même à plusieurs reprises avec toi, je confirme qu’à chaque fois j’ai découvert avec étonnement, ce même espace de non savoir dont tu parles.

C’est vrai que c’est un changement radical de perspective. Au départ du jeu, tu sembles englué dans une sorte de cercle vicieux mental et de frustration dont il semble impossible de se libérer par la pensée. Puis, en se mettant en jeu et en répondant systématiquement aux questions pourquoi, pourquoi, pourquoi, on arrive à un espace où il n’y a plus de réponses, ni de questions d’ailleurs : Le fameux “je ne sais pas”. Dans cet espace de non-savoir, assez curieusement, on ne ressent plus aucun manque. Il y a à la fois une absence de repères et une grande intensité de Présence. Une paix et une joie. Pour certaines personnes, ça libère des émotions enfouies. Pour moi, c’est comme si je remettais les compteurs de ma vie à zéro. Ça a généré de magnifques prises de conscience et à chaque fois une énergie et une plénitude incroyables.

R : Oui. L’espace de non savoir révèle la plénitude que nous sommes.

Q : À chaque fois j’ai connecté avec cette joie qui vient de l’intérieur, d’un changement radical de conscience. Tu vois, en lisant Ekhart Tolle, il y a de nombreuses années, « Le pouvoir du moment présent » - tu connais je suppose - j’ai eu le pressentiment de cette Présence. Mais en jouant à ce jeu avec toi, j’y ai vraiment goûté.

R : On ne se rassasie pas avec le menu, c’est sûr. Rien n’a plus de valeur que de le vivre vraiment. Et, la révélation par contraste est très puissante.

Q : Par contraste ?

R : Oui, ce passage en très peu de temps d'un sentiment de manque à la plénitude, et de l'impression de savoir au non savoir, de la tension à la détente.

Q : Peut-être pourrais–tu expliciter un peu plus concrètement ce jeu pour que les spectateurs le comprennent bien ?

R : Un Jeu de Révélation est une sorte de déconstruction de la boucle auto-référentielle du moi séparé illusoire. Il démonte le mécanisme du manque ou de la souffrance en révélant qu’il s’appuie sur des croyances ou des savoirs erronés, qui eux-mêmes s’enracinent, en réalité, et après investigation, dans un espace de non-savoir où tout va bien depuis toujours.

C’est un jeu qui fait intervenir un accompagnant et un accompagné. Avant de commencer à jouer, il s’agit de mettre en évidence un sentiment de manque chez l’accompagné, une sorte de dissonance dans sa vie, une expérience qu’il préfèrerait changer.

C'est un simple constat de ce qui semble se vivre. Or, s'il y a un sentiment de manque, c'est que de toute évidence, vous ne réalisez pas que vous êtes déjà le Soi. C'est que vous ne réalisez pas que Vous êtes le Sans Forme se manifestant en tant que tout l'univers. S'il y a une manifestation (expérience, perception, état d'être, forme etc...) à laquelle vous résistez, c'est que quelque part, vous êtes ignorant de votre vraie nature. C'est que vous ne réalisez pas que vous êtes déjà le Sans Forme se manifestant en tant que tout ceci à chaque instant.

Je pose souvent la question, « tout irait très bien si seulement ? ». Et, s’il y a une réponse à cette question, c’est que la personne croit sincèrement qu’il lui manque quelque chose pour être pleinement heureuse ici et maintenant.
C’est la réponse à cette question, qui est une simple croyance, que l’on va ensuite investiguer pour savoir si elle est ultimement vraie.

On va donc explorer la réalité apparente de ce sentiment de manque et toutes les fausses croyances qui le soutiennent et semblent le valider, jusqu’à ce qu’il révèle sa véritable source : le non-savoir, qui est plénitude. Extraordinaire paradoxe. Non ?


Q : Oui, d’ailleurs le mental est complètement piégé. C’est assez extraordinaire.

R : On part donc d’un sentiment de manque chez l’accompagné et l’accompagnateur pose la question “pourquoi”. L’accompagné répond de la façon la plus brève et honnête possible. Tant qu’une réponse est fournie par l’accompagné, c’est le signe que l’accompagné prétend encore savoir pourquoi. Le guide repose alors simplement la question pourquoi.

À un moment donné, si l’accompagné fait preuve d’un minimum de maturité et d’honnêteté, il est inéluctable qu’un “je ne sais pas” survienne. Si ce “je ne sais pas” est un “je ne sais pas” sincère, un basculement a lieu. L’accompagné passe du mode “penser la vie” au mode “sentir la vie”. C’est un point d’orgue de silence et d’étonnement.

À ce moment-là, l’accompagné est invité à explorer la nature véritable de cet espace de non savoir qui est Présence consciente. Et, de découvrir que c’est cela sa véritable nature et non pas les divers savoirs, croyances ou identités qui ne font que naître et se dissoudre au sein de cet espace de non-savoir.

En explorant cet Espace de non-savoir, il est réalisé qu'il ne possède rien, ne veut rien, ne sait rien, et qu'il rayonne d'une paix et d'une plénitude qui ne dépendent d'aucune réalité extérieure.


Q : Tu m’avais expliqué cela à partir de la métaphore de l’arbre et j’avais trouvé ça très parlant. Tu pourrais peut-être le refaire ?

R : Ok, si tu veux. (Un petit Ficus - arbrisseau - est saisi pour la démonstration). L’arborescence de l’arbre symbolise l’arborescence de notre système de croyances. Lorsqu’on explore une croyance quelle qu’elle soit, on se rend compte qu’elle semble toujours soutenue et validée par d’autres croyances qui, elles-mêmes semblent soutenues et validées par d’autres croyances encore. Cela semble être un jeu de miroirs à l’infini, une forteresse impénétrable. Peut-être est-ce la raison pour laquelle si peu d’êtres la remettent en question ? En réalité il n’en est rien.

Si l’on prend le temps de considérer une croyance à la fois et que l’on l’examine de façon directe et authentique, la soi-disant chaîne de causalité qui semble la justifier, on va s’apercevoir qu’elle repose en réalité ... sur du vent !

On peut partir de n’importe quelle feuille (prétention à avoir) sur cet arbre pour remonter à rebours jusqu’à la racine commune de tous les savoirs et on va fatalement tomber nez à nez avec un espace de non-savoir. Car au fond, même si je fais semblant et si tout le monde fait tout le temps comme si, je ne sais rien. 

Ramana Maharshi disait d'ailleurs :"Vous savez que vous ne savez rien : découvrez la nature de ce savoir."

Ici, (pointant vers une feuille particulière de l’arbrisseau) ça va être la croyance : “je n’ai pas confiance en moi”, ici, “j’expérimente une angoisse”, ici, “j’ai peur que mon fils se suicide”, ou “je suis trop vieux”, ou « je n’y arrive pas”, ou “j’ai peur de manquer d’argent”, ou “ça ne devrait pas exister”….

À chaque question “pourquoi”, je remonte à rebours d’un cran vers la racine, de branche en branche, je remonte à rebours vers le non savoir qui est le Maintenant éternel, que je n’ai jamais cessé d’être.

Cet espace de non-savoir est en général voilé par la volonté d’avoir raison ou de maintenir l’illusion du contrôle de sa vie par une entité inexistante, et surtout par la croyance en un moi séparé, doté de libre arbitre.

On va découvrir que le mental ordinaire est programmé de façon automatique pour donner des réponses, programmé pour faire “comme si”, programmé pour toujours donner un sentiment de fausse sécurité cognitive et affective. Le mental est en quelque sorte programmé pour donner l’illusion d’un univers stable et prédictible.

Ce jeu fonctionne comme un Koan qui fait bugger le mental.

Lorsque le mental réalise sa propre impuissance à donner une réponse définitivement vraie, absolument vraie, il vacille sur ses bases et il s’effondre. Cette dissolution révèle aussitôt l'espace de non savoir, dont il est issu et, auquel il retourne toujours. Le non savoir est simplement notre état naturel quand nous arrêtons de faire semblant de savoir.

Si le “je ne sais pas” n’est pas un véritable je ne sais pas, on continue simplement à jouer et à poser la question “pourquoi” jusqu’à ce qu’un “je ne sais pas” définitif se révèle.

Q : Tu pourrais juste préciser pour nos spectateurs ce que c’est qu’un “je ne sais pas” non véritable ?

R : C’est un “je ne sais pas” sans la paix et la plénitude qui vont avec. L’accompagné va prononcer les paroles “je ne sais pas” dans un acte désespéré de garder la face, mais par en-dessous, ça continue à chercher. La stratégie du moi séparé, c’est de garder le contrôle à tout prix. Comment ? En continuant à donner des pseudo réponses. Comme tu l’as vu dans les accompagnements vidéo, le mental répond parfois à des choses incroyables. C’est là que l’on se rend compte à quel point, le mental est prétentieux, à quel point on s’illusionne sur notre capacité à contrôler la vie, à savoir ce qui est bien ou mal, juste ou injuste, faux et vrai.

Lorsqu’un faux “je ne sais pas” est découvert – et, cela se lit dans le visage, le regard et le timbre de voix de l’accompagné - on reprend simplement le questionnement à partir de la réponse de l’accompagné ou de ce qu’il vit dans l’instant. Un faux "je ne sais pas" est un « je ne sais pas » sans saveur, sans parfum, sans paix, sans amour.

Le véritable « je ne sais pas » n’est pas un état neutre, c’est un vide qui contient toute chose, un vide vibrant d’amour, c’est une plénitude.

Q : Tu insistes beaucoup sur le fait de te regarder ?

R : Oui. En Inde on appelle ça le Darshan. Un être installé dans la Présence non duelle la transmet sans rien faire par sa propre Présence, par osmose comme le disait Ramana Maharshi. La flamme de l'attention impersonnelle éveille l'attention impersonelle. La Présence est hautement contagieuse.

On peut découvrir que, lorsque le regard de l’accompagnant est fuyant, cela dénote presque toujours une stratégie pour éviter d’être vu, pour continuer à garder le masque de celui qui prétend savoir, pour continuer à jouer, à faire comme si.

C’est pour cela que je propose toujours de faire ce jeu dans le regard de l’accompagnant, à partir de la vision sans tête et dans le “face à espace”.


Q : Ah ben justement. Dans tes rencontres, tu proposes souvent des exercices tirés de l’enseignement de Douglas Harding. “Face à espace” : Voilà un terme qui mériterait sans doute une petite explication.

R : Parmi les nombreux jeux que je propose, je partage effectivement un certain nombre de pratiques issues de l’enseignement de Douglas Harding. Les pratiques de Douglas Harding sont des créations vraiment géniales qui résument à merveille 6000 ans de spiritualité authentique. Ils sont basés sur le retournement à 180 degrés de l'attention vers la source de la perception. Ils fonctionnent pour la grande majorité à partir du sens de la vue, mais pas seulement.

Comme le sens de la vue nous accompagne du lever au coucher, on peut dire que c'est une méditation vivante et incarnée à laquelle, ils nous convient. De plus les perceptions visuelles génèrent énormément de jugements. Beaucoup plus que les autres perceptions. C'est donc très difficile de se déconditionner par le regard par rapport aux autres sens moins liés au mental. Sauf qu'avec les pratiques proposées par Douglas Harding l'éveil à sa vraie nature devient d'une simplicité étonnante.


Q : C'est le premier à avoir fait ça ?

R : Oui. C'est une vraie invention dans l'histoire de la pédagogie non duelle. L'enseignement qui permet de déconstruire notre mode de perception duel.

Par exemple, contrairement à ce que croit la plupart des gens, en réalité, on n’est jamais face à face. Comme nous pouvons l’expérimenter immédiatement, contrairement à ce que l’on nous a dit, si tu laisses de côtés tes croyances, et tes pensées, si tu es vraiment attentive, tout ce qui apparaît visuellement à toi dans l’instant n’est pas perçu par une tête et deux petits yeux, mais par un immense espace ouvert, transparent et conscient au-dessus de tes épaules.

En tournant l’attention directement vers la source de la perception visuelle en toi, maintenant, trouves-tu un visage ? (L'index est tourné en direction de la tête)

(Long silence)

Tu réalises cette absence de tête ? C’est évident pour toi maintenant ?

(Immense sourire de l'amie journanliste)

Nous n’avons jamais rencontré le monde qu’à partir d’un espace ouvert et conscient au-dessus de nos épaules.

Q : En effet, je ne vois pas ma propre tête, il y un espace. C'est étonnant. Mais ça change quoi ça dans ma vie de voir le monde ainsi ?

Si tu réalises que Tu es l’espace ouvert et conscient qui accueille en son sein le monde, la croyance en un moi personnel qui perçoit le monde s’effondre. Et, si tu demeures longuement dans cet espace que tu es déjà, tu vas être amené à reconnaître qu’il n’y a nulle distance entre Toi en tant que cet Espace vide et les perceptions, c’est à dire le monde. Le monde apparaît toujours à 0 cm de cet espace transparent. Toute perception, (les sensations et les pensées aussi) apparaît toujours à 0 cm de Toi.

Tu reconnais que tout est Conscience. C’est l’expérience la plus bouleversante qu’un être humain puisse faire.

Comme le disait Nisargadatta : Voir que je ne suis rien c’est la sagesse, voir que je suis tout c’est l’amour. Entre les deux ma vie s’écoule.

Mais il faudrait sans doute prendre le temps de refaire l’expérience plusieurs fois et prendre le temps de la goûter vraiment.

Q : Oui, je vois un peu ce que tu veux dire. J’ai déjà eu un déclic avec toi en faisant une expérience de la Vision Sas Tête. Mais il faudrait sans doute que je prenne plus le temps. Que j’approfondisse cette première intuition. Mais j’entraperçois une sorte d’évidence dont je n’avais pas conscience.

R : Je t’invites aussi à réaliser que la pensée “je vois” ne voit rien par elle-même. Elle est perçue mais ne perçoit rien. La pensée ”je vois” ne fait qu’apparaître au sein de cet espace vacant et conscient. La personne qui n’est qu’une pensée crue ne voit jamais rien. Elle est perçue. Mais elle-même ne perçoit rien.

Q : Oui, ça ça change tout.

R : L’acte de perception précède l’idée même de la personne. Et, il en est ainsi pour toutes les perceptions. Entendre entend avant que la croyance "j’entends" apparaisse. Ressentir ressent avant que la pensée « je ressens » ne naisse. La pensée pense et l’acte se fait, avant que je m’en attribue le mérite ou la faute. Etcetera.

Si l’on applique la Vision Sans Tête au jeu de révélation auquel on joue ici, « Du Sentiment de Manque à la Plénitude », ça signifie que : tant que l’interlocuteur veut faire comme s’il avait un visage et donc une personnalité, c’est qu’il a un ensemble de savoirs à défendre, une histoire à promouvoir, etcetera, et le jeu continue.

Croire que je vois le monde à travers deux petits yeux (mimé avec les deux pouces et les deux index qui se joignent pour former un cercle à 30 cm de chaque œil) est une façon mentale de m’objectiver, de me penser comme une chose au sein du monde, une troisième personne ; c’est la perspective duelle.

La perspective absolument vraie est de réaliser que dans l’instant je ne vois pas ma propre tête. Alors le monde apparaît en moi. Krishnamurti disait souvent « Je suis le monde ». Mais en faisant l’expérience de Douglas Harding de la Vision Sans Tête, tu l’expérimentes vraiment.

Q : C'est la même chose alors ? Un Jeu de Révélation et la Vision Sans Tête ?

R : La plupart des jeux de Douglas partent de l’acte de perception visuelle. Le jeu présenté ici : "du sentiment de manque à la plénitude" part de nos pseudo savoirs, de nos croyances, de notre sentiment de séparation.

Les deux révèlent le même espace impersonnel, la même plénitude de Présence consciente au cœur de chacun de nous.

Car cet espace de non-savoir qui se révèle ce n’est rien d’autre que ma véritable nature.
Dans le “je ne sais pas”, c’est l’évidence d’être qui se révèle, le “Je Suis”, la Présence consciente, sans forme, sans âge, sans dimensions et sans limites.

C’est dans l’absence de moi que la véritable Présence se révèle.


Q : C’est un paradoxe extraordinaire. C’est comme un grand étonnement ! Que pouvons nous faire de ça ?

R : Hégel disait que l’état le plus sublime de l’homme était l’étonnement, mais que le problème de l’adulte face à l’étonnement était qu’il était comme l’enfant qui se voyait dans un miroir pour la première fois et, qui le retourne aussitôt pour savoir ce qu’il y a derrière. Dès que l’on cherche à saisir, à expliquer à comprendre, on repart dans le cercle vicieux d’une recherche sans fin, on repart dans un futur qui n’existe pas.

Q : Comment t’es venue l’idée de partager ces vidéos du sentiment de manque à la plénitude ?

R : Je ne sais pas. L’envie de filmer, cela résonne avec la beauté de l’éclosion impersonnelle. D’un visage gagné par le mystère. La beauté de la Métanoïa.

Il y a un film merveilleux de Dreyer que tu dois absolument voir, dont la dernière scène montre l’émerveillement d’un visage de femme gagnée par la lumière.

Q : Ah oui, lequel ?

R : « Ordet » qui en danois signifie la Parole.

Q : Je n’en avais jamais entendu parler.

R : Ce film est un pur chef d’œuvre. Il parle de la foi au-delà des images conventionnelles. De la foi véritable qui transcende les religions et la multiplicité des voies. De la foi authentique des mystiques qui réconcilie les hommes et leur fait voir l’unité en-deçà des schismes religieux et des idéologies partisanes. Chaque image de ce film est pure vibration.

À la fin du film, il y a une sorte de miracle incroyable qui a lieu et une sorte de réveil à la foi de Mikkel qui l’avait perdue. Il dit alors à sa femme Inger : Maintenant commence pour nous une nouvelle vie. Et Inger lui réponds avec une douceur d’outre–ciel et un visage transfiguré par la lumière :

« Ja, livet, livet… Livet »

Ce qui en danois, signifie. Oui La vie, la vie… La vie…

Q : Que c’est beau !

R : Rien que d’en parler, cela me donne des frissons. Car au fond il n’y a que ça et il n’y a jamais eu que ça. La Vie une qui vit au travers de ces corps et de ces formes.

Un Jeu de Révélation permet à chacun de vivre cette transfiguration, cette transsubstantiation au cœur de cette vie-ci. C’est une perche tendue vers l’humain qui semble perdu dans son rêve - qui souvent tourne au cauchemar. Une perche pour l’inviter à s’éveiller à la lumière atemporelle.

Ce qui m’a certainement également inspiré ce projet c’est sans doute la beauté des centaines d’éclosions impersonnelles que j’ai eu la chance d’accompagner depuis 1998 en tant que thérapeute psychocorporel, puis en accompagnement non-duel depuis 2012.

Ces centaines de visages tout d’un coup éclairés par la lumière de la Conscience. Il n’y a rien de plus beau et de plus émouvant que ces éclosions lumineuses.

Q : Cela me fait penser au titre de ton blog : éclore-en-conscience.
Mais c’est aussi le titre de ton album de chansons : ÉCLOSIONS ! Et de tes stages. Il semble que ce mot te poursuit ?

R : L’éclosion du Soi fait évidemment écho à la disparition de toute intentionnalité. Le mot nirvana en sanscrit signifie extinction. L’extinction de l’illusion d’être un moi séparé, la dissolution de l’égo. C’est cette extinction qui semble faire éclore la lumière sous-jacente et omniprésente qui est notre vraie nature et, qui se révèle parfois dans un regard lorsque la personne est désencombrée de toute identification.

Mais cette expression peut aussi induire en erreur, car le Soi est déjà là et n’a pas à s’effleurir.


Q : En tous cas, ces transfigurations sont très évidentes sur les vidéos effectivement. Surtout avec le gros plan sur le visage de la personne accompagnée. On voit le lien entre le moment où le « je ne sais pas » authentique apparait et la lumière qui transfigure le visage.

R : J’ai voulu partager par vidéo afin que ceux qui sont en recherche ou qui expérimentent le manque dans leur vie réalisent que c’est beaucoup plus simple et accessible qu’on le dit bien souvent. Tu n’as pas forcément besoin de faire des pratiques, des rituels, chanter des mantras, t’assoir pour méditer une heure par jour, pratiquer le yoga ou avoir des connaissances ésotériques. Tout cela peut être très intéressant et je ne déconseille nullement les pratiques, ou la lecture des textes mais cela ne concerne pas forcément la réalisation de votre nature véritable.

Tu dois juste avoir l’honnêteté de remettre tes croyances en question. Mais pas qu’un peu. Jusqu’au bout.

Ce jeu pointe vers une grande simplicité, vers un dénuement, vers un abandon, vers l’humilité dont parle Maitre Eckhart lorsqu’il dit : Je ne possèdes rien, je ne veux rien, je ne sais rien. Dans le sermon de la pauvreté en esprit.

On nous a appris qu’il fallait toujours tout savoir, tout connaître. Mais ici on pointe vers la beauté du non-savoir. Le mental a été surentrainé pour donner des réponses. On ne nous a pas appris « à ne pas comprendre ». On a assimilé le non-savoir à de l’ignorance. On fait “comme si” pour ne pas avoir l’air trop idiot et on a voilé notre véritable beauté, notre innocence, notre créativité, notre regard d’enfant.

Ici on revient au non-savoir, le Maintenant éternel, le lieu sans lieu où éclot l’étonnement. Et l’étonnement culmine toujours dans l’étonnement d’être. Dans l’évangile de St Thomas, Jésus dit : « Heureux celui qui était déjà avant d’exister. »

Je trouvais également beau de partager avec le grand public l’intimité d’un visage qui passe de la contraction à l’ouverture. Le sentiment de manque se lit dans le regard. La plénitude également. Tous ces êtres finissent par nous offrir un darshan du regard.

Une étreinte par le regard. Qu’y a-t-il de plus beau qu’un regard sans personne dans lequel tu disparais ? Qu’y a-t-il de plus beau qu’un regard éveillé, un regard animé par la lumière de la présence consciente ?

Ce regard impersonnel empli de lumière de compassion n’est pas celui du maître ou d’une personne particulièrement charismatique. Il est notre regard naturel lorsque celui-ci est désencombré de tout savoir, de toute intentionnalité, de toute trace de volonté personnelle.


Q : En visionnant les différentes vidéos, on se rend compte également à quel point nous, les humains, nous fonctionnons tous de la même façon.

R : Oui. Tu as raison de souligner ça. N’est-ce pas émerveillant que de reconnaître cela ?
Au départ les croyances sont en apparence assez personnelles, puis très vite, au fur et à mesure que l’on remonte à rebours l’arborescence des croyances, tu découvres qu’elles sont de plus en plus universelles. La croyance racine étant « je suis un individu séparé du monde et des autres".

Mais ce qui se révèle lorsque le mental abdique dans sa quête de contrôle, c’est un espace de non-savoir qui est également ce non lieu où notre nature véritable à chacun d’entre nous peut se révéler. La joie sans objet et la paix inconditionnée qui en sont les caractéristiques sont également universelles. N’est-ce pas au fond, la seule « non chose » que nous puissions réellement partager ?

Ces vidéos sont une invitation pour chaque spectateur à mettre en jeu ses propres croyances et savoirs, même ceux qui semblent les plus évidents pour découvrir sa véritable nature qui se révèle dans l’humilité du non-savoir. Une humilité sans personne de humble. Il y a une profondeur abyssale dans le non savoir. Une profondeur oubliée.

J’en profite pour remercier tous ces êtres magnifiques qui ont accepté de jouer à ce jeu avec autant d’authenticité et de se mettre à nu devant la camera. Ils nous offrent ici un témoignage très direct des divers aspects de la souffrance humaine et des mécanismes qui nous maintiennent enfermés dans la souffrance. Surtout, ils nous montrent que cette souffrance n’est pas réelle et qu’il y a une autre façon de vivre : à partir de l’espace d’inconnaissance et de plénitude. À partir de notre vraie nature.


Nota Bene : Pour ceux qui sont intéressés par un accompagnement individuel non-duel à Paris ou par Skype ou une séance d'accompagnement psycho-corporelle pour laisser éclore les émotions bloquées, veuillez me contacter au 06 63 76 90 81 ou sur mon mail : adnnn1967@gmail.com

Si vous voulez vous inscrire pour les rencontres non duelles (sur la base d'une participation en conscience) qui ont lieu de façon bi-mensuelledans le 19e à Paris, écrivez-moi un sms sur le numéro ci-dessus.

2 commentaires:

  1. Ce film dont vous parlez, La parole, je vais essayer de le visionner. Je ne connaissais pas. Merci. C'est passionnant...

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  2. Merci pour tous ces jeux de révélation qui sont une source d'inspiration incroyable. Et qui révèlent notre vraie nature. Gratitude...

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