Feel it !




Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

mardi 2 octobre 2018

Interview du "Sentiment de manque à la Plénitude" de Mai 2015 : 2 ème partie


              Interview de Mai 2015 : 2 ème partie



Voici la deuxiéme partie d'une interview réalisée devant caméra en vue de la constitution d'un site qui n'a pas vu (encore ?) le jour et qui devait s'intituler : "Du sentiment de Manque à la Plénitude". La Première partie a été posté le 28 Septembre 2018. La partie vidéo ayant été détériorée, ceci est une restranscription écrite de cette interview qui devait présenter un site exposant des Jeux de Révélation en direct pour inviter les personnes en recherche spirituelle à se mettre eux-mêmes en jeu et à nu et, ainsi découvrir leur vraie nature. Quelques vidéos s'intitulant "Du Sentiment de Manque à la Plénitude" sont visionnables sur la chaîne you tube. Comme elle est un peu longue, je me vous la partage sur le blog en plusieurs parties, le temps d'en terminer la retranscription de l'audio. Je l'ai retrouvé il y a peu et, me suis demandé si cela pouvait être d'une quelconque utilité. Vous me direz ? Ou pas. Je remercie chaleureusement l'amie de longue date qui a bien voulu se prêter au jeu de l'intervieweuse mais qui au final, préfère rester anonyme. 

 Q : Tu pourrais donner un exemple ?

R : Ce qui semble se passer ici en ce moment, c’est qu’une interview a lieu entre deux amis, l’un posant des questions, l’autre donnant des réponses. Ça c’est le rêve, le rêve de la séparation. Le point de vue de la Conscience interprétant le monde au travers d’un instrument corps mental limité. 

Ce qui se passe réellement, du point de vue de la Conscience atemporelle que nous sommes vraiment est assez extraordinaire. Et, ça se passe partout à chaque instant. La Conscience, le Sans Forme, l’Un appelle-le comme tu veux, se manifeste en tant que chaque forme, chaque expérience, chaque organisme corps-mental. L’Un se manifeste partout en toute chose. Il n'y a pas d'entité séparée auteur des pensées et des actions. 

Et, tu réalises qu’il en a toujours été ainsi. Il n’y a que l’éternel maintenant. Même s’il semble exister un passé et un futur, tout se passe toujours maintenant et en tant que ce maintenant.

Q : Tu veux dire que ce qui semble réel ne l’est pas vraiment ? Que le monde est une illusion ?

R : Le monde est, comment pourrait-on dire, relativement réel.

Comme dans un rêve, où le scénario, le décor, les personnages, les émotions, toute la texture du rêve n’est au final qu’une expression du rêveur. De la même façon tout l’univers que l'on appelle réel dans l'état de veille, n’est qu’une expression de la même vacuité. Et, la vacuité de ta vraie nature est infiniment plus réelle que les formes qu'elle semble prendre. Pourquoi ? Parce que les formes changent mais la vacuité demeure. Ce qui ne cesse jamais d'être est "plus réel" que ce qui naît et meurt.

Mais on pourrait tout aussi bien dire que le monde est saturé de réalité. Car tout est conscience. Et chaque forme, chaque perception, chaque être, chaque brin d’herbe anonyme est une expression de la Conscience Une.

Mais seule la Présence consciente dans laquelle tout apparaît et disparaît est vraiment réelle, absolument réelle, définitivement réelle. Et, tu réalises que cette Présence impersonnelle, c’est toi !

Non seulement toutes les pensées et perceptions apparaissent au sein de cette Présence consciente, mais en plus il est réalisé qu’elles sont des manifestations de cette Présence consciente. 

Là, le mental ne peut pas suivre, c’est juste un mystère qui émerveille à couper le souffle.

Q : Il n’y a donc vraiment personne ? Réaliser cela, c’est ça pour toi l’éveil spirituel ?

R : La personne est elle-même un concept, une image, un son, une mémoire perçue Maintenant. D’ailleurs le mot personne vient du mot latin persona qui désignait à l’origine le masque que portaient les personnages de la tragédie grecque. La personne est un masque. Un masque n’est pas conscient.

Là, par exemple, ça parle mais il n’y a personne qui parle. Des pensées, des mots, des phrases, vont et viennent dans un espace de non savoir. Je ne sais pas ce que je vais dire dans l’instant qui suit, et toi sais-tu quelle va être ta prochaine pensée ?

Q : Je n'en ai pas la moindre idée !

R : Pourtant, il y a cette Présence qui ne cesse d'être. Et, non seulement Elle est consciente des mots mais est également consciente d'Elle-même, Elle est consciente d’être consciente. 

Lorsque je me tourne vers cette Présence consciente, lorsque la Présence s'explore Elle-même, il est réalisé qu’elle n’a pas de limites, ni de début et, ce qui est sans commencement, est également sans fin. Elle n’est donc pas personnelle. Et, si elle n'est pas personnelle, ne peux-tu pas réaliser que c'est la même conscience présente en toi et en moi en ce moment ?

Q : Exprimé comme ça, je sens un doute, en effet. Comme si quelque chose d'inimaginable avant pouvait être vrai.

R : C'est bon de sentir ce doute, quand le mode de perception habituel vacille.

L’illusion serait par exemple de croire qu’il y a des entités séparées qui pensent délibérément leurs pensées, des consciences séparées, individuelles, autonomes, séparées les unes des autres, du monde, séparés de la vie.

C’est pour ça, qu’il n’y a jamais eu personne d’éveillé. C’est la Présence consciente qui pour des raisons mystérieuses, soudain, arrête de se confondre avec les perceptions et se rappelle soudain pleinement à Elle-même et réalise qu’il n’y a qu’Elle, déployée dans des milliards de formes. C’est la Présence déjà éveillée qui se reconnaît pleinement, lorsque certaines croyances se dissolvent.



Q : Je comprends mieux ce que tu veux dire. Mais alors si on te demande si tu es éveillé que réponds tu là ?

R : Si le « je » se réfère à une personne, à un organisme corps-mental, alors dire « je suis éveillé » ou qu’un tel est éveillé – est un non sens. Ni le corps, ni les pensées, ni aucun scénario ne sont en eux-mêmes éveillés ou conscients ! Dan n'est pas éveillé. 

Profondément, je ne peux affirmer que ce que je ne suis pas. Je ne suis rien qui puisse être perçu ou conçu. 

Mais quand l'Espace impersonnel se révèle à Toi et en tant que Toi, tu n'as plus besoin d'affirmer quoi que ce soit. Il n'y a ni éveil ni non éveil. C'est au-delà même de la notion d'être éveillé ou de ne pas l'être.

L'atemporelle Présence est déjà pleinement éveillée. C'est d'une telle évidence. Et, il est su que c'est la nature même de toute créature et même de toute la manifestation. C'est su mais par personne. Ici le langage bugge.

En chacun de nous, en amont de toute perception et de toute pensée, il y a cet espace de non savoir, sans direction, sans futur sans passé, sans histoire, sans imaginaire. Voilà ce que je suis essentiellement : cet espace de non savoir qui est synonyme de Conscience éveillée, Conscience déjà consciente d’elle-même. Et, toi aussi, évidemment. Et, la nuance est de taille.

Tu vois, le truc c’est que, dés que l’on s’intéresse aux personnes et aux histoires, on fait comme si le temps existait, c’est inévitable. De plus, les histoires renvoient la plupart du temps à l’idée qu’il y a quelqu’un qui vit ces histoires, et on a tendance à oublier ce par quoi et ce en quoi elles se manifestent. 

Le plus grand obstacle à l’éveil est sans doute les histoires à propos de l’éveil et des éveillés. Enfin… Tant que c’est cru.

Q : Oui tant qu’on y croitMais il y a bien quelque chose qui s’éveille, non ? Il y a bien un avant et un après ? 

R : Je comprends que tu insistes, car tu vois tout cela du point de vue personnel, alors je suis obligé d'insister également.

Du point de vue de la personne, de la mémoire, il semble qu’il y ait un avant et un après.

Mais du point de vue de la Conscience atemporelle, rien n’a jamais changé. La Conscience atemporelle est déjà éveillée. Donc du point de vue de la Conscience, il n’y a rien qui s’éveille. 

En réalité, il y a simplement des pensées qui cessent d’être crues. L’éveil c’est juste arrêter de prendre des vessies pour des lanternes. C’est la fin d’une hypnose.

Ce qui est réalisé, c’est que la Conscience n’est pas une chose ou un esprit qui serait localisé quelque part dans le cerveau. La Conscience est ce sans quoi rien n’existerait. Cela ne peut-être compris par le mental. Finalement, plus on s’approche du Mystère, plus les mots sont caduques.

Q : Oui, c'est comme si tous ces mots ne pointaient que vers un Silence indicible. Quelqu'un avait dit : "les mots mentent."

R : Oui. Karl Renz et UG Krishnamurti, et tant d'autres. La carte n'est pas le territoire, c'est sûr.

Mais dans la tradition, certains textes parviennent à évoquer cet indicible.

Je pense notamment à la Kena Upanishad. En sanscrit Kena signifie « ce par quoi ».

« Ce n’est pas ce que les yeux voient mais ce par quoi l’œil voit, cela est le Brahman et non ce qu’on honore comme tel. »
Ce n’est pas ce que les oreilles entendent, c’est ce par quoi l’oreille entend, cela est le Brahman et non ce qu’on honore comme tel. »
Ce n’est pas ce que la pensée pense, c’est ce par quoi on dit que la pensée pense, cela est le Brahman et non ce qu’on honore comme tel. »

Q : Ça c’est la tradition hindoue ? Je ne suis pas familier de cette culture. Mais c'est très beau et très clair et ça nous renvoie tout le temps vers la Conscience atemporelle. Vers l'ici et Maintenant, finalement ?

R : Oui, exactement. Mais le message non duel a été formulé dans des temps et des cultures différentes. On le retrouve dans le Tao, le Dzogchen, le Chan, le Zen, chez les soufis ou mystiques chrétiens, dans le tantrisme Shivaïte du Cashemire.

Dans l’Evangile selon Thomas Jésus a dit presque la même chose :
Quelque chose comme :


« Je vous donnerai ce que l’œil n’a pas vu,
ce que l’oreille n’a pas entendu, ce que la main n’a pas touché,
et ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme
. »


Q : C’est magnifique. Je ne savais pas que Jésus s'était exprimé comme ça.

R : Je pense que l'on a tout intérêt à lire les textes sans se référer à une personne. Car les grands textes de spiritualité authentique, sont en essence impersonnels. Et peut-être, considérer les évangiles, après tout, comme des pointeurs vers l'indicible.

L’évangile de St Thomas est un texte apocryphe, donc non reconnu par l’église, et pour cause. (rire) Il est sorti des sables égyptiens en 1945, après des fouilles à Nag Hammadi.

Q : Ah oui. Une c'est vraiment une histoire incroyable !

R : Oui encore une (rires) !

Mais dans les évangiles reconnus par l’église, il y a plein de perles non duelles. Par exemple : « Le royaume est en vous », « avant qu’Abraham ne fût je suis » et plein d’autres qui ne me viennent pas dans l’instant.

Mais disons que ces perles sont la plupart du temps recouvertes par des interprétations religieuses, et des croyances qui voilent la lumière du message.

Mais tous les textes de spiritualité authentique parlent de la non séparation qui est inhérente à notre vraie nature.

Q : Et, dirais-tu donc que, suite à cet éveil ou réalisation de ta vraie nature, je ne sais pas comment l'appeler du coup,  tu n’expérimentes plus le sentiment de séparation ?

R : Il y a parfois encore des contractions corporelles furtives qui surgissent au sein de cet espace de non savoir. Le corps est fait de mémoires. Et, même si tu sais que sur un plan théorique tu n'es pas la mémoire, rien de perceptible ou de concevable, tant que tu n'as pas fait pleinement l'unité avec toutes tes parts d'ombre, une mémoire peut toujours entrer spontanément en résistance avec la réalité. 

Mais, il n’y a plus personne qui cherche à les interpréter ou à les utiliser pour maintenir ou construire une nouvelle identité. Il n’y a personne pour tenter de s’attribuer le bénéfice ou la perte liés à une réaction du corps mental.

En même temps, tout peut se produire au sein de cet espace de non savoir. Rien n’est définitif. Si une peur, une colère ou une tristesse arrive, elle est bienvenue. Mais il n’y a pas peur de la peur, de la colère ou de la tristesse. La tristesse apparaît en moi et se résorbe en moi. Je ne suis pas dans la tristesse et cela change tout. Il n’y a plus l’idée que les choses n’auraient pas du arriver. Les choses arrivent mais elles n’arrivent à personne. 

Q : Pas évident de parler de ça, j'imagine. Mais ma question c'est, est-ce que la personne après l'éveil est plus morale, plus éthique, après cette réalisation ? Est-ce que l'éveil change le corps mental ? En bien ?

R : Le problème est de savoir qui fixe les règles de la morale ?

La réalisation concerne la Conscience inconditionnée. Ce qui signifie que cette Conscience au fond de chacun de nous ne dépend ni des pensées, ni des actes, ni du monde. Elle est en dehors de toute perception. La réalisation est donc en essence amorale. 

Mais ce qui est constaté c'est que la vie de Dan s’aligne progressivement avec cette réalisation à tous les niveaux. J'aime bien dire "toutes choses étant égales par ailleurs". Car chacun d'entre nous avons un lot de conditionnements différents. 

Dans mon expérience, vivre, penser et agir à partir de cet espace de non savoir semble progressivement dissoudre les tendances égotiques emmagasinées dans le corps sous forme de mémoires. Mais cela ne fait pas l'objet d'une préoccupation quelconque. Cela se fait à son rythme comme les saisons ou la digestion.




Q : Tu n’as plus de désirs alors ?

R : Plus de désir personnels, non. Plus de désirs en tant qu'ils doivent remplir un manque.

Il y a des élans, des pensées, des projets, qui surgissent spontanément. Dan, la personne, le corps-mental fonctionne comme tout un chacun. Mais ce fonctionnement surgit en moi. Dans une présence sans âge et sans forme. C'est simplement le jeu de la vie qui se déroule en moi et en tant que moi. C’est comme un étonnement permanent. J’en suis le Témoin. Mais je ne les vois pas comme étant mes désirs, mais simplement comme des désirs. C'est plutôt comme une résonance naturelle.

Il n’y a plus ce délire que j’avais avant qui me faisait croire que l’accomplissement d’un désir pourrait me rendre plus complet que je ne le suis maintenant.

Q : Alors en fin de compte, c’est quoi le bonheur pour toi ? Si ça peut se définir ?

R : Être.

Le bonheur n’est pas un faire ou un avoir. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut atteindre ou rater. C’est être. Et, je suis l'Être qui est en train d'être. Il y a un bonheur incroyable à simplement se sentir être. Un bonheur d'être dont on passe à côté, la plupart du temps, parce que l'on a des idées fausses sur le bonheur.

 Je suis ce bonheur d'être et toi aussi.

Je dirais même que le véritable bonheur, c’est de ne rien être. C’est de ne pas se prendre pour quelqu’un.

On pressent alors que ce qui se passe est absolument parfait tel que c’est. Parce que c’est cela que la vie m’offre dans l’instant.

Q : C'est vrai que l'on ne prend plus le temps de s'étonner d'être. Cela semble si évident lorsque tu en parles. Et, comment définirais-tu la souffrance ?

R : Je voudrais juste souligner que la souffrance dont je parle ici, n’est pas la douleur physique mais de la souffrance psycho-émotionnelle, celle qui naît de l’histoire que l’on se raconte à propos de ce qui devrait être ou ne pas être.

La souffrance c’est toujours de l’ignorance. C’est être ignorant de sa vraie nature.

Souffrir, c’est toujours prétendre te réduire à une entité séparée des autres et du monde. C’est croire que tout ça c’est définitivement réel, c’est croire que tu tu es l'auteur des pensées et des actes, que tu es au contrôle de ta vie, une vie que tu peux réussir ou échouer, que tu as un libre arbitre. Souffrir c'est croire que la conscience est personnelle et enfermée dans un sac de peau à forme humaine, que tu es née et que tu vas mourir.

Cela peut paraître un peu choquant formulé ainsi, mais au fond la souffrance, c’est toujours croire une pensée qui n’est pas ultimement vraie.

Q : Ce que tu dis ça ressemble au fameux « travail de Byron Katie » que je trouve passionnant ? J'avais fait son travail après avoir lu un de ses livres et vu quelques vidéos où elle accompagne des êtres en souffrance, et dénoue leurs croyances et donc leurs souffrances en direct. Tu connais, j'imagine ?

R : Oui, bien sûr. C’est une très belle approche directe et simple. On pointe vers la même chose, et d’une façon assez similaire finalement. Il y a beaucoup de résonances entre son approche et celle que je propose et ma façon d’accompagner aussi. Les jeux de révélation fonctionnent de la même façon.

Q : Mais la souffrance semble parfois si réelle. Il y a des gens qui souffrent le martyre. Toi même, tu as beaucoup souffert, non ? Je me souviens d'en avoir déjà parlé avec toi. 

R : Il y a une impression de souffrance. Oui. Et cette impression de souffrance a des effets dans nos vies. 

Et oui, tu as raison, l’impression de souffrance a été très intense à certains moments. Lorsque par exemple, je m’imaginais que j’allais rater ma vie si je ne faisais pas une grande carrière de soliste d’opéra, la souffrance était très forte. 

La souffrance c'est vouloir ce qui n'est pas. Espérer c'est désespérer au fond. C'est tenter d'éviter de sentir ce qui est là, en s'inventant un imaginaire comme quoi tout ira bien quand telle et telle chose adviendra. La souffrance c'est se mentir à soi-même.



Q : Mais ton invitation c'est justement de réaliser que l'on peut sortir de ce cercle vicieux. 

R : Oui, la vraie question c’est : est-ce que la souffrance est définitivement réelle ? Non. La souffrance est là, mais seulement par intermittence. Elle apparaît puis, elle disparaît. Donc elle n’est pas définitivement réelle. Et, pourtant en même temps, quelque chose qui n'est pas à proprement dire "quelque chose" est conscient de cette souffrance et n'apparaît pas et ne disparaît pas avec elle. Cela n'a ni commencement ni fin. Et, cela qui constate la souffrance, souffre-t-il ?

De plus, lorsque tu examines de façon honnête et directe l’entité moi qui semble souffrir, tu ne peux pas la trouver. Elle s’évanouit tel un mirage. Et, lorsqu’il n’y a plus personne pour souffrir, l’impression de souffrance finit par disparaître également.

Q : La souffrance, pour toi, c’est donc une sorte d’illusion mentale, le résultat d’un ensemble de fausses croyances ?

R : Exactement !

Et, si tu regardes bien, la souffrance vient du sentiment d’être l’agissant, d’être l’auteur de tes actes et de tes pensées. Toute souffrance vient de ce sentiment d’appropriation.

Prenons un exemple très concret si tu veux bien. Pense à quelque chose que tu considères être une souffrance pour toi. Maintenant, vas-y, si tu veux bien ?

Q : Ah, tu veux que je me prête au jeu ? 

R : Si tu veux bien, oui. Il n'y a pas d'obligation. C'est juste un Jeu de Révélation. 

Q : OK.

R : Tu mets l'attention sur une souffrance, mais tu n'as pas besoin de la formuler en mots, il suffit que tu portes ton attention dessus. Ok

Q : Ok, attends, oui ok, ça y est.

 Considère-là d'abord en tant que « Ceci est Ma souffrance ». Et, ressens ce que cela fait...
(20 secondes passent).

Puis considère-là en tant que « ceci est une souffrance ». Et, ressens ce que cela fait...
(20 secondes passent)

Quelle est la différence dans le ressenti corporel ?

Q : Lorsque je ressens « ceci est ma souffrance », il y a une sorte de lourdeur et de tension au niveau du plexus et du ventre. Puis, lorsque je regarde en tant que « cela est une souffrance », ça s’allège incroyablement. C’est fou d’ailleurs.

R : Et qu’est-ce qui change entre les deux phrases ? Un seul petit mot : « MON » ! Ça ne te mets pas la puce à l’oreille ? C’est le sentiment d’appropriation qui tend le corps, qui crée la résistance et donc l’impression de séparation et donc la souffrance.

Si tu vis ta vie de façon impersonnelle, il n’y a plus de souffrance possible.

D’ailleurs tu viens de dire : « ça s’allège ». Tu sais, en anglais le mot illumination se dit « enlightment », qui se réfère également au sens d' « allègement ». L’éveil est en réalité un allègement. C’est vivre depuis l’état naturel sans la lourdeur inutile de se prendre pour quelqu’un.

Et, comme tu l’as constaté, c’est lourd de considérer la vie au travers du filtre de la personne et du sentiment d’appropriation.

Q : Le changement d'expérience dans le ressenti est incroyable. Mais j'imagine qu'il faudrait le faire souvent pour maintenir ce regard impersonnel ?


R : Probablement... Ou pas ? (rires). Comment savoir ?


Si nous étions en séance, je te proposerais immédiatement de faire ce Jeu de Révélation à propos de l'imaginaire que tu as par rapport à la nécessité de faire une pratique pour maintenir ce regard impersonnel.

Q : Je ne suis pas sûr d'avoir suivi là !

R : Je te proposerais de sentir : "Ceci est mon imaginaire", puis "cela est un imaginaire." Afin de tout de suite mettre fin au sentiment d'appropriation et à toute la tension que cet imaginaire suscite par le biais de l'identification à celui-ci. Comme ça, tu laisses l'imaginaire émerger, il n'y a pas de mal avec l'imaginaire, c'est beau l'imaginaire, mais c'est juste que ce n'est pas "ton imaginaire", c'est un imaginaire.

Q : Ah oui. Je comprends. Comme ça. C'est magnifique. Tout est vu comme un jeu dans la conscience. Mais moi je ne suis pas réellement concernée.


R : Voilà. Parce que tu vois, c'est une chose que d'entendre le message à propos de la non appropriation et une autre de le mettre en pratique. Une chose est de lire la Baghavad Gita, par exemple, où Krishna enseigne à Arjouna que celui qui sait "voir l'inaction dans l'action et l'action dans l'inaction est le plus sage des hommes" et, une autre chose est d'agir concrètement dans la vie de tous les jours à partir de l'espace sans personne!


Récemment en séance individuelle, j'ai rencontré un être fort intéressant, capable de me citer de larges passages de la Baghavad Gita, et de discourir longuement sur la métaphysique des Upanishad.
Il connaissait sur le bout des doigts, le langage non duel.

Mais, lorsqu'il s'est agi de mettre en jeu sa propre vie au travers d'un jeu de révélation comme celui tout simple que l'on vient de faire, celui-ci il opposait de fortes résistances. Il lui a fallu plusieurs séances pour qu'il accepte de considérer ces points de vue comme des résistances et à les sentir pleinement. Une fois qu'il a pu passer par le "programme lavage essorage" du Jeu de Révélation, il y eu une connexion incroyable avec la Présence en lui, et une détente immédiate dans le corps mental. À partir de là, le cœur était atteint et a recommencé à s'ouvrir de nouveau. C'était magnifique à voir.

Q : Je conçois que sans cette dimension expérimentale, ce message non duel puisse très vite devenir très intellectuel.

R : Oui. C'est tellement important de passer par l'alambic du senti. Non pas penser, mais sentir la vie.

Cette pratique a un pouvoir de guérison énorme. J'invite chacun à l'appliquer à toutes les zones de sa vie. La guérison ultime consiste toujours à passer en revue des mémoires et des croyances potentiellement dérangeantes par l'attention impersonnelle et les laisser se résorber dans cette attention impersonnelle.

L'attention impersonnelle est la guérison ultime. C'est mon expérience directe depuis 1998 à chaque séance d'accompagnement. Et, la flamme de l'attention impersonnelle brûle en chacun de nous.

Q : Concrètement tu proposerais quoi alors, exactement ?

R : Tu fais une liste de tout ce qui t'incommodes, t'irrites, te stresses, tout ce que tu ne veux pas vivre ou ne voudrais pas vivre, tes rêves inavouables, tes zones d'ombre, tes pensées secrètes, les notions de corps, de mental, d'espace, de temps, de joie, de tristesse, toutes les notions qui semblent signifier quelque chose pour toi.

Puis, tu t'assois tranquillement et, tu passes en revue chaque notion de la liste avec les deux modes de perception. D'abord en tant "que ceci est mon" puis en tant que "cela est un". Et, tu prends le temps de sentir, tactilement, vibratoirement, sensoriellement, ce qui se passe. Sentir est essentiel. Les mots mentent sans doute, mais le corps ne ment pas.

"Ceci est mon histoire", "cela est une histoire", par exemple. Avec toutes sortes de notions et d'expériences. "Ceci est ma famille", "cela est une famille". "Ceci est mon mensonge", "cela est un mensonge". "Ceci est mon désir", "ceci est un désir". "Ceci est mon univers", "cela est un univers". "Ceci est mon travail", "cela est un travail". Etcetera.

Tu vas passer de la contraction à la détente pour tous les registres de ce que tu appelles ta vie. Et, quand on est capable de regarder toute ta vie et ton histoire sans préférences, et de considérer le monde et les évènements se produire sans résistance et sans appropriation, en parfaite osmose avec ce qui est, on n'est pas loin de ce que l'on appelle l'éveil à sa vraie nature.

Voilà à quoi l'on joue parfois dans les satsang ou dans les retraites de we et surtout de celle de 9 jours.



(Suite de l'interview quand la retranscription aura été faite)



Je vous souhaite de réaliser que ce texte n'est pas lu dans votre expérience directe par deux petits yeux et une tête mais une immense ouverture transparente, une vacuité consciente, au-dessus de vos épaules. Ici et maintenant.


Namasté



Nota Bene : Pour ceux qui sont intéressés par un accompagnement individuel non-duel à Paris ou par Skype ou une séance d'accompagnement psycho-corporelle pour laisser éclore les émotions bloquées, veuillez me contacter au 06 63 76 90 81 ou sur mon mail : adnnn1967@gmail.com

Si vous voulez vous inscrire pour les rencontres non duelles (sur la base d'une participation en conscience) qui ont lieu de façon bi-mensuelledans le 19e à Paris, écrivez-moi un sms sur le numéro ci-dessus.

1 commentaire: