Même si la croyance et l'impression d'un moi séparé, se dissout par instants de grâce, cette impression se révèle assez tenace et continue à imposer sa dictature jusqu'à ce que vous découvriez directement et pour de bon que ça n'a rien à voir avec votre véritable identité, ce que l'on appelle aussi votre vraie nature.
La plupart des êtres humains expérimentent souvent des petits intervalles étonnants dans l'apparente continuité du moi séparé, alimenté par la mémoire, mais ne réalise pas que cet espace qui se révèle de lui-même est en réalité le Soi.
Au lieu de ça, le mental recommence très vite son activité d'étiquetage systématique, et l'identification au corps-mental reprend avant d'avoir pu pleinement apprécier l'ouverture. Jusqu'à ce que Le Soi se réveille à sa propre réalité, cet espace est relégué au rang d'une simple expérience spirituelle que l'on range dans les cases de la mémoire dévolues à ce genre d'expérience, sans en goûter la merveille.
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Cela est compréhensible puisque vous avez passé toute votre vie à vous identifier à un ensemble de mémoires, de caractéristiques, d'histoires, de goûts et de préférences, à un corps, à un genre, un âge, une origine, une nationalité, des compétences et des handicaps, des réussites et des échecs. |
Notre identité publique, personnelle, celle que les autres peuvent connaître, que l'on peut décrire, photographier, filmer, raconter, semble tellement naturelle, que nous n'avons pas l'idée de remettre quelque chose d'aussi évident et partagé par tous en question. Il faudrait être fou pour remettre notre identité personnelle, celle sur laquelle tout le monde s'accorde, en question. Les gens qui nous entourent, la famille, les amis, les médias, renforcent cette identité en s'accordant sur ce consensus que vous êtes une personne séparée dans un monde peuplé d'entités séparés, de personnes séparés, de consciences ou d'âmes séparées qui coexistent et interagissent.
La pensée je semble dire qu'elle est le centre de toute expérience, de toute pensée et de toute action. Et ce centre de pensée et de contrôle pour la plupart des êtres semble se trouver quelque part entre les yeux, dans la tête si on est occidental et peut-être dans la région du cœur si on est asiatique.
Mais la spiritualité authentique a un point de vue non duel et radical qui vous invite à considérer la possibilité que ce moi séparé n'est pas le véritable centre de l'expérience mais simplement une construction mentale associée à un ensemble d'impressions sensorielles.
Si vous êtes ouvert à cette investigation radicale, il se pourrait bien que vous découvriez soudain que votre apparente identité séparée n'est en réalité qu'une vague parmi un multitude d'autres vagues à la surface de l'océan.
Dans l'investigation du Soi, vous retournez simplement la flèche de l'attention - habituellement tournée vers les objets - vers sa propre source pour investiguer l'apparent moi séparé. Que dé - couvrez vous ?Est-ce qu'il y a vraiment là une entité séparé, une entité continue, ou ne trouvez-vous qu'une activité de pensées fugitives, de mémoires transitoires, un ensemble de perceptions qui vont et viennent ?
Et, si c'est une simple construction mentale associée à des impressions sensorielles évanescentes, qui êtes vous alors réellement ? Dans le processus d'investigation du Soi, où vous ramenez constamment l'attention à sa source, vous commencez à chercher ce que vous êtes mais en réalité vous ne rencontrez que ce que vous n'êtes pas, c'est à dire des sensations, des émotions, des pensées, jusqu'à ce que vous vous trouviez soudain dans un espace sans limite et sans âge, un espace de Présence éveillée à Lui-même en tant qu'Espace, un espace d'absolu non savoir.
Peu à, peu dans cette investigation, le mental s'épuise lui-même. Or, cet épuisement est paradoxalement le but même de l'investigation, afin que le mental puisse enfin se détendre en sa source et y demeurer. Et, c'est justement là, et seulement là, que Vous êtes susceptible de réaliser de façon vivante que Vous n'êtes rien de perceptible ou de concevable mais la Présence dans laquelle tout apparaît et disparaît.
L'investigation du Soi n'a donc rien à voir avec une analyse intellectuelle ou une compréhension. C'est juste une façon de pointer directement en direction de la source vivante de toute expérience et toute pensée, mais qui ne peut jamais être comprise ou saisie pas la pensée.
L'approche la plus connue et la plus directe pour mener l'investigation du Soi est l'auto-questionnement Qui suis-je ? Cette investigation est devenue très célèbre par l'insistance du grand sage indien Ramana Maharshi et certains de ses disciples ou émules (Papaji, Mooji et autres). Cet auto-questionnement est une manière d'inviter la conscience à revenir en sa source, au travers de la tentative de dé - couvrir ( au sens de cesser de couvrir) qui est celui qui est conscient ?
En tant qu'êtres humains nous faisons sans cesse usage du mot "je", comme si nous savions ce que cela signifiait, où ce "je" se trouvait et en quoi ça consistait.
En effet, nous disons sans cesse, je crois, je pense, je dors, je marche, je mange, je choisis je fais, mais savons-nous vraiment à quoi se réfère cet apparent "je" ? il semble que nous accordions une foi démesurée en ce "je". Nous nous sommes identifiés à tout un ensemble d'images à propos de ce "je" et vous avez certainement comme moi constaté combien nous sommes prompts à nous occuper des apparents besoins de ce "je" apparent et défendre ces images si elles sont mises en péril par le mental ou les autres ou simplement la Vie telle qu'elle se présente.
Pour que l'investigation du Soi soit effective, vous devez bien sûr réaliser comme le disait Nisargadatta Maharaj que "vous n'êtes rien de perceptible ni de concevable". Les perceptions et les pensées vont et viennent mais Vous qui en êtes le témoin ne venez pas et ne vous en allez pas avec elles. Vous n'êtes pas un objet qui peut être perçu, vous êtes ce par qui tout est perçu.
Ainsi vous réalisez que au travers de cette investigation du Soi, que le mot "je" que l'on utilise à tout bout de champs n'a rien à voir avec ce à quoi l'on croit qu'il se réfère à savoir les sensations (le corps) et les pensées (le mental), mais à quelque chose de tellement plus vaste, voire à rien de perceptible, à un Sans Forme, indicible. Au lieu de vous poser la question qui suis-je, vous pourriez vous poser la question où suis-je, ou par exemple qui perçoit ces mots, qui entend ces sons ? Ce questionnement ne devrait pas générer d'arborescences de pensées mais ramener inlassablement le mental en sa source silencieuse. En refusant d'accorder de l'attention aux perceptions ou aux pensées, mais en ramenant au contraire systématiquement la flèche de l'attention à sa source, comme un élastique tendu vers un but se détendrait soudainement, comme une tortue rétractant sa tête et ses pattes sous la carapace, vous ramenez encore et encore le mental en sa source silencieuse.
Vous ne cherchez jamais au cours de cette investigation à répondre sur un plan mental. Vous laissez simplement la question elle-même tomber dans le Silence dont elle avait émergé, comme si vous assistiez à la tombée d'un caillou dans un lac étale, et contempliez les circonvolutions se propager dans toutes les directions sans en faire une histoire, sans étiqueter, sans comparaison, sans chercher à conclure.
Cette investigation ne doit pas nécessairement être menée de façon régulière à des heures précises. Ce questionnement peut être fait à tout moment de la journée comme nous y invitait Ramana Maharshi. L'invitation sous-jacente est bien sûr de le faire tout le temps, jusqu'à ce que, dés que le questionnement surgisse, aussitôt le mental revienne en sa source.
Pour les gens plus accoutumés à l'investigation, Ramana Maharshi invitait à le faire d'une façon légèrement différente qui a aussi été la mienne. Vous portez directement votre attention sur la pensée "je", sur la pensée-sensation "je" ou "je suis" (Nisargadatta avait la même et constante invitation) qui est la première des pensées, et donc celle qui est la plus proche de la source. Demeurez en ce "je" et vous verrez l'apparent "je" se dissoudre dans l'arrière-plan, et vous ferez l'expérience directe du Soi.
Ramana disait que "je suis" est le but ET l'ultime réalité". "S'y maintenir avec effort est l'investigation, lorsque c'est spontané et naturel, c'est la réalisation."
Le paradoxe dans l'investigation du Soi est que l'on est invité à chercher quelque chose qui est introuvable. Lorsque Huei 'Ko (487-593, maître Chan) était disciple dans la voie directe du Chan il demanda à son propre maître Bodhidharma : "S'il te plaît, pacifie mon esprit" Le maître lui répondit : "Apporte-moi ton esprit, et je vous le pacifierai". Après plusieurs semaines d'intense recherche de son esprit, il revint vers son maître et lui dit : "J'ai cherché mon esprit partout, mais je n'ai pu le trouver."
Bodhidharma lui dit alors : "Ah, alors j'ai réussi à le pacifier".
Voici deux vidéos qui se proposent un accompagnement non duel sur la base de l'investigation du Soi :
https://www.youtube.com/analytics#;fi=v-vOJVD5LHHck
(Séance de "thérapie non duelle" 1 : théorie et pratique)
https://www.youtube.com/analytics#;fi=v-hUR0k4JLNkI
Voici un exemple de séance d'investigation non duelle individualisé. (2 ème partie).
Un accompagnement non duel pour, non pas "libérer la personne", mais vous libérer de l'idée d'être une personne séparée...Avec bien sûr, ici, des "longueurs" (bien qu'il y ait des coupures) des silences...inhérentes à une telle approche.
Belle investigation à toi lecteur...
Amor Fati
NB : Pour ceux qui sont intéressés par un accompagnement individuel non-duel à Paris ou par Skype, une thérapie d'accompagnement psycho-corporel pour laisser éclore les émotions bloquées, ou le stage
de 9 jours, veuillez me contacter au 06 63 76 90 81 ou sur mon mail : adnnn1967@gmail.com
Si vous voulez vous inscrire pour les rencontres non duelles (sur la base d'une participation en conscience) qui ont lieu de façon bi-mensuelle à chez moi dans le 19e à Paris, et qui ont lieu également par Zoom (gratuit) écrivez-moi un sms sur le numéro ci-dessus.
Merci Dan, c'est très clair
RépondreSupprimerSandrine L.