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Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

vendredi 11 décembre 2020

La Vérité est paradoxale : Considérations non duelles


Dés que la Vérité est exprimée en mots, cela se fait de façon paradoxale. Dés que vous déclarez quelque chose à propos de la Vérité, il vous faudra également déclarer le contraire pour avoir « toute la vérité ».


Dire par exemple « je ne suis pas le corps-mental » est une moitié de vérité. Dire je suis le corps-mental est l’autre moitié de la Vérité. Les deux déclarations ensemble : « je suis le corps-mental » ET « je ne suis pas le corps-mental », expriment au mieux ce que les mots peuvent dire de la Vérité.


De la même façon que l’eau de l’océan s’exprime en chaque vague, notre vraie nature s’exprime à la fois en tant que toute forme, en tant que ceci et en tant que cela, en tant que l’un et en tant que l’autre. 


Une chanson de Leonard Cohen, That don't make it junk, commence (voir aussi l’article écrit sur Leonard du Jeudi 22 Mars, "Un chantre de la non dualité") ainsi :


"Je me suis battu contre la bouteille mais ai dû lutter ivre 

J’ai amené mon diamant chez le prêteur sur gages

Mais cela n’en fait pas de la camelote"


"I fought against the bottle, But I had to do it drunk

Took my diamond to the pawnshop, But that don't make it junk.
I know that I'm forgiven, But I don't know how I know
I don't trust my inner feelings, Inner feelings come and go".)



Vivre en étant identifié au mental, et ne rien connaître d’autre est ce que signifie dans la chanson de Leonard Cohen, être en état d'ivresse. Mais pour sortir de cette ivresse (l’identification au moi séparé) nous devons paradoxalement utiliser le mental. Comme le disait Ramana Maharshi, pour enlever une épine enfoncée dans la main, nous pouvons nous servir momentanément d’une deuxième épine, puis à la fin nous jetons les deux pour ne pas nous blesser avec à nouveau. 

L’investigation du Soi, les clés non duelles, les jeux d’auto-révélation, les techniques habiles - comme les nommait Bouddha - ont la même fonction que la deuxième épine.


Au début nous croyons être le mental, mais après avoir fais usage de notre mental discriminant, il peut être réalisé que ce n’est qu’une croyance, une pensée, une simple perception. Ainsi, c’est comme utiliser une épine pour en enlever une autre.


La vérité qui se révèle est paradoxale : Je suis le mental et je ne suis pas le mental. Sur un plan profond je l’exprime ainsi : Je ne suis pas le mental mais le mental est une expression de moi.


Et, même si nous amenons notre diamant au Mont de piété (chez le prêteur sur gages), sa valeur réelle ne peut être diminuée. Quoique nous pensions, fassions ou expérimentions, le Soi demeure immuable et pur, paix et amour même si nous l’oublions cent fois par jour, et l’amenons encore et encore chez le prêteur sur gages. 


Dans l’Ashtavakra Gita il est dit :


« Être radieux est ma nature essentielle.

Quand le monde s’illumine, 

c’est tout simplement moi qui resplendis".


Tout cela apparaît en moi comme imaginé par l’ignorance, 

comme on prend une corde pour un serpent, 

la lumière du soleil pour un reflet que l’eau, 

et la nacre pour de l’argent.


Tout cela, dont je suis l’origine, 

est résolu aussi par un retour en moi, 

comme une cruche redevient de l’argile, 

une vague redevient de l’eau, 

et un bracelet redevient or.


Quelle merveille je suis donc ! 

Gloire à moi, solitaire, même si doté d’un corps, ni en allant ni venant partout, 

moi qui demeurera éternellement, remplissant tout ce qui est. »



Le Soi, notre vraie nature est le rêveur cosmique de ce rêve qu’est l’univers.

Quand Ashtavakra parle de lui-même, il ne parle pas du corps mental indien âgé de 20 ans ayant existé il y a à peu près 8 siècles. Il parle de sa vraie nature, du Soi.


Parfois un être est tellement immergé dans l’Un qu’il parle de l’Incomparable comme de lui-même. 

Shankarasharya invitait à la pratique du mantra "Je suis Brahman". (Brahman = l'Absolu)

Cela peut naturellement donner lieu à de l’incompréhension, surtout lorsque celui qui lit ceci n'a pas vécu l'évidence mystique ou n'est pas prêt sur un plan profond à vivre cette identité ultime.


Lorsque l’on demandait à Nisargadatta Maharaj pourquoi il fumait, il disait à raison « je n’ai pas l’impression de fumer », car le JE réel ne fume pas.


Lorsque Jésus dit (Jean 14.3) qu’il reviendra, il ne parle pas du corps mental. La résurrection est un thème purement gnostique. Il parle de notre vraie nature. 


« Et lorsque je m’en serai allé, et que je vous aurez préparé une place, je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi. »


Lorsqu’un être réalisé parle, il parle depuis le même lieu dans lieu, le Ici et Maintenant de notre vraie nature. Lorsque vous réalisez votre vraie nature, vous réalisez la vraie nature de tous les êtres. 


Or la plupart des gens sont tellement identifiés à leur corps mental que ce langage gnostique ne pouvait être compris au temps de Jésus qui s’exprimait au sein d’une culture juive habitée par le salut à venir, par une vision eschatologique de l’éveil. 


Aujourd’hui, rien de nouveau sous le jour. L’être s’est complètement perdu dans la technique et dans l’illusion du temps comme le disait le philosophe Heidegger au début du siècle dernier. Nous sommes tout autant imprégnés de cette ignorante ignorance qui nous fait croire que nous sommes exclusivement un corps-mental, un moi séparé, une chose parmi les choses, une personne auteure des pensées et des actes. 


Les sociétés démocratiques technocratiques n'échappent pas à cette règle où la coupure avec notre nature réelle est peut-être encore plus marquante à bien des égards. Le salut n'est certes plus le paradis à la droite d'un Dieu juge ou aimant, mais plutôt la promesse d'une carrière brillante, de succès matériel, la promesse de notoriété et de reconnaissance de la part d'autres humains, la promesse d'une nouvelle politique qui va tout changer, d'une élection à venir, d'un nouveau produit qui va vous donner le confort dont on rêve, pour ne pas avoir à vous poser trop de questions, surtout à propos de votre vraie nature, qui demeure le plus grand tabou de toute la civilisation et qui la fonde. 


Mais c'est toujours la même promesse d'une aube à venir.



Or, le diamant de notre vraie nature (voir la chanson de Leonard Cohen), ne peut être insulté ou rabaissé, même si on l’amène chez le prêteur sur gages. 
Et, nous ne trouverons jamais le repos tant que nous n’avons pas reconnu notre vraie nature.

Quel que soit l’identité de notre compagnon de vie, la qualité de notre vie, que nous réalisions notre rêve de faire de notre passion notre travail, que nous obtenions reconnaissance et respect de notre entourage familial, amical ou professionnel, que notre santé soit parfaite et notre attitude pleine de générosité et d’humilité, tant que nous ne nous serons pas reconnus nous-mêmes, rien ne sera résolu, et au plus profond de nous demeurera une amertume, une frustration, un sentiment de manque, une nostalgie aigüe.


Les circonstances et les conditions de vie ne jouent aucun rôle. Et, quand nous réalisons notre vraie nature, la personne avec qui on vit, le travail que l’on fait, les expériences que l’on traverse n’ont aucune importance.


Avant l’éveil, on peut penser que changer de partenaire ou de travail, de lieu d’habitation, de psy ou de voie spirituelle va changer quelque chose, mais la véritable question demeure : "Qui suis-je ?"


Tant que l’on n’aura pas répondu à cette question de façon directe et définitive, tout le reste sera superflu et pure procrastination et la paix ne sera pas trouvée.


La nature de l’éveil peut être comprise au travers de la métaphore du rêve nocturne. 


La personne allongée dans le lit crée tout un monde dans son rêve, avec des décors, des paysages, des personnages, des odeurs, des sensations, un scénario. Dans le rêve il se peut que je sois un mendiant ou un roi, que je me marie ou que je divorce. Au sein du rêve, il se peux que je parte en voyage en Inde que je rencontre un guru et réalise la vraie nature. Puis, soudain, au matin, je me réveille et je me dis : q"u’est-ce c’est que ce délire, je n'ai pas voyagé, je suis resté dans mon lit tout le temps. Je ne suis jamais parti en Inde. Je ne me suis pas éveillé à ma vraie nature, je me prends encore pour quelqu’un."


De la même manière que le rêveur rêve le rêve, le Soi rêve toute la manifestation, le Vivant rêve la vie, le Sans Forme rêve la forme.


Que pourrions-nous suggérer au personnage du rêve pour qu’il se réveille de son rêve et réaliser qu’il n’est jamais allé nulle part mais qu’il est juste allongé dans son lit ? D’investiguer la nature du Soi, se poser avec ferveur et détermination la question qui suis-je, ou juste de s’éveiller !


Tous les personnages et tout le scénario du rêve est la substance du Rêveur Unique.


C'est pour cette raison que si nous demandons à n’importe quel objet ou personnage du rêve qui il est vraiment, la supercherie va se dévoiler et le rêveur unique se révéler. Vous serez lucide au cœur du rêve nocturne. 



C’est la même chose dans ce que l’on nomme l’état de veille. Si l’on se pose la question 

« qui suis-je ? », le rêveur cosmique va se révéler. C’est une question essentielle. Sur le frontispice du temple de Delphes dans l’antiquité, il y avait la célèbre inscription suivante  : Connais toi toi-même !

Et, selon certains commentateurs postérieurs, cette phrase se continuait par « et tu connaîtras l’univers et ses Dieux.


C’est comme le logion 2 dans l’évangile de Thomas :


"Que celui qui cherche ne cesse de chercher

jusqu'à ce qu'il trouve,

Et quand il aura trouvé il sera bouleversé, 

Et étant bouleversé il sera émerveillé, 

Et il règnera sur le Tout."


En se connaissant soi-même on accède à la Vérité qui imprègne tout.


Dans la Kéna Upanishad il est dit : "Ce n'est pas ce que l'œil voit c'est ce par quoi l'œil voit. Tel est le Brahman et non cela qu'on honore comme tel".Ce par quoi tout est perçu et vécu." 


C’est ça le Graal d’une vie d’humain. C’est par cette connaissance que l’on accède à l’immortalité.

Ou plutôt que l’on réalise qu’on n’à jamais cessé d’être immortel.


Supposons que dans le rêve vous êtes un politicien en campagne pour sa réélection. Supposons que ce politicien se pose la question qui suis-je avec insistance, qu’en passera-t-il ? Si l’éveil a lieu qui s’éveille ? Le politicien ? Bien sûr que non ! Qui alors ?


Par l’analogie du rêve nous comprenons qu’aucune personne éveillée ne se proclamera jamais éveillée ! Ce serait comme si le politicien du rêve se réveillait hors du rêve nocturne ! L’éveil n’est pas celui de la personne. 


La vérité est toujours paradoxale, je vous le disais. Mais pour qui ?


Je vous souhaite de réaliser votre vraie nature de Présence illimitée et sans âge.


Paroles de "Don't make it junk" de Leonard Cohen
I fought against the bottle,
But I had to do it drunk
Took my diamond to the pawnshop
But that don't make it junk.
I know that I'm forgiven,
But I don't know how I know
I don't trust my inner feelings
Inner feelings come and go.
How come you called me here tonight?
How come you bother
With my heart at all?
You raise me up in grace,
Then you put me in a place,
Where I must fall.
Too late to fix another drink
The lights are going out
I'll listen to the darkness sing
I know what that's about.
I tried to love you my way,
But I couldn't make it hold.
So I closed the Book of Longing
And I do what I am told.
How come you called me here tonight?
How come you bother with my heart at all?
You raise me up in grace,
Then you put me in a place,
Where I must fall.
I fought against the bottle,
But I had to do it drunk
Took my diamond to the pawnshop
But that don't make it junk.

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