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Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

vendredi 4 juillet 2014

                 Être ou ne pas être ? 
              L'évidence du "Je suis"



"Être ou ne pas être ? Là est la question", disait Hamlet devant le crâne de Yorick - le bouffon de son enfance - mis à jour par deux fossoyeurs.

Comme si nous avions le choix.

Pour revenir au commencement du commencement, avant même que la pensée ou le verbe ne fûssent : Être, simplement être, l'évidence de l'être, l'espace ouvert et conscient, l'évidence d'être.

Revenons à nos moutons. Avons-nous le choix d'être ou ne pas être Sentez ! Voyez ce qu'il en est pour vous-même.

Prenez quelque instants pour vous adonner à une expérience très intéressante qui pourrait bien vous forcer à un être ange réveil.

Essayez de ne pas être. Oui, vous avez bien lu. Essayez-là, maintenant, de ne pas être ! Allez-y. 
Essayez ! Je ne parle pas de se retrouver dans un état sans pensées. Essayez de ne pas être ! 
Y parvenez-vous ?


Vous voyez bien que c'est impossible. Car la seule chose dont je suis vraiment sûr c'est que "Je suis". La seule vérité indubitable c'est qu'en ce moment je suis présent et conscient. Alors que se passe-t-il lorsque j'essaie de ne plus être ? Il y a une forme de constat. C'est impossible. Je suis totalement impuissant à ne pas être. Je le sais d'un savoir immédiat qui ne provient pas des pensées, un savoir qui est su avant même les pensées. Les pensées voudront sans doute comparer, expliquer, commenter, justifier ou comprendre le fait d'être. Mais vous voyez bien maintenant que l'expérience d'être est une sorte d'évidence que vous pouvez constater à chaque instant. Il y a une évidence et aussi une sorte d'étonnement. Car n'est-ce pas étonnant de se rendre compte que l'on est en train d'être ? 
Remarquez que vous n'avez nullement besoin de penser pour constater qu'en ce moment ce qui constate et qui voit ces mots devant son ordinateur est en train d'être. Je suis présent et conscient. Je suis conscient d'être conscient.

Si vous demeurez quelques instants avec cette sensation d'être, sans rien faire, sans penser, sans essayer d'aller quelque part, si vous restez simplement là, ici et maintenant à vous fondre dans cette êtreté, que ressentez-vous ? Comment vous sentez vous ? 


N'est ce pas tranquille, paisible, spacieux, vibrant, lumineux ? Ce sont des mots et les mots ne peuvent décrire le fait d'être. Avec quels mots décririez-vous cette simple sensation d'être ?

Est-ce que Être a des problèmes à résoudre ? Est-ce que, lorsque vous êtes conscient d'être, quelque chose s'inquiète pour le futur ou ressasse le passé ? Est-ce qu'il vous manque quelque chose pour être ? Est-ce que lorsque vous vous ressentez présence consciente vous avez des besoins, des désirs ou des peurs ? Non.

Si la moindre impression de manque revient, essayez à nouveau de ne pas être et voyez que immédiatement vous vous retrouvez dans cet espace ouvert qui n'est pas une chose. Est-ce que ce qui a conscience de ces mots que vous lisez en ce moment même a un nom, une forme, une couleur, un début et une fin ?


Or si vous aviez lu cette question il y a quelques heures ou quelques jours, qu'auriez vous constaté ? Que cet espace présent et conscient était déjà là, en continu. N'est-ce pas ? Rendez-vous compte que tout ce que qui est arrivé dans le champ de votre attention, les expériences, les perceptions, les pensées, les émotions sont toujours apparues dans cette Présence consciente que vous n'avez en fait jamais cessé d'être.

À la question "êtes vous en train d'être", vous ne pouvez répondre que oui et constater "Je suis". Si on vous avait posé cette question à 40 ans, à 20 ans, à 15 ans ou à 10 ans vous auriez répondu la même chose. Si vous vous posez la question demain ou dans quelques années n'est-il pas évident que vous constaterez à nouveau "je suis" d'une façon instantanée sans même avoir besoin d'y réfléchir ?


Ainsi, rendez-vous compte maintenant que cette évidence d'être a toujours été là, que vous avez toujours été cet espace présent et conscient, sans forme, sans couleur et sans nom, non né et non mourant. Cet espace de Présence consciente est le continuum dans lesquels apparaissent et se se dissolvent toutes les expériences, dans lequel naissent et meurent toutes les perceptions, pensées y compris.


L'erreur que nous commettons le plus souvent est que la pensée chosifie la présence consciente qui est en essence mystérieuse, inconnaissable et source d'étonnement. Cela se fait à la vitesse de la lumière et nous ne nous en rendons par conséquent presque jamais compte. Et par un joli tour de passe passe dont le mental a le secret, nous répondons à la question "qui suis-je ?" - lorsque celle-ci nous effleure - par une réponse quasi automatique, qu'on nous a inculqué à "l'insu de notre plein gré", réponse qui elle, peut-être perçue, comprise et reconnue par le mental : "je suis moi", "Dan", "une entité pensante et séparée", "doté de libre arbitre". L'erreur que nous faisons cent fois, mille fois par jour est de faire du Pur Sujet, l'insondable Première personne, le "Je suis", auréolé de mystère et source d'étonnement et d'émerveillement une entité à la troisième personne. L'Espace infini de Présence consciente prétend être l'identité d'un corps-mental et semble alors entrer en relation avec le monde au travers des filtres de la saisie égocentrique. Le "je suis" se laisse piéger dans les différents masques de la personne et fait en conséquence une certaine expérience du monde. C'est le jeu de la vie. Il n'y a pas de problème avec ça. tout est tel que ça doit être. Zoom avant zoom arrière. l'invitation c'est de regarder ce qui en nous regarde, ce qui en nous perçoit, et ce de façon directe, sans y penser. Que voyez vous dans la direction du doigt ?


Le mental ne peut pas appréhender ce en quoi il apparait et disparait, c'est impossible. Alors il en fait un objet de connaissance qui peut-être perçu. C'est d'ailleurs la nature même du mental que de faire cette sorte de transposition, d'interprétation et de relecture. Et il n'y a aucun problème avec cela. Les merveilleuses facultés du mental permettent à l'humain d'accomplir des choses étonnantes sur le plan technique et créatif dans le monde des objets. Il s'agit juste de ne pas être dupe de ce fonctionnement lorsqu'il s'agit de découvrir qui nous sommes vraiment vraiment.



Il s'agit juste de voir comment l'incroyable prestidigitateur qu'est le mental nous embrouille en détournant notre attention dans son tour de magie (exactement comme le font les magiciens sur scène) faisant de ce que je suis vraiment vraiment, à savoir une Présence consciente et  mystérieuse, sans forme et sans nom, sans début et sans fin, un moi limité et séparé avec une forme (un corps), un nom, un passé et un avenir, un début (naissance) et une fin (mort).


D'où l'importance d'éveiller une attention non ordinaire si vous êtes décidés à explorer de façon directe toutes vos constructions mentales pour découvrir une autre perspective : la perspective non duelle.


Hegel, le philosophe allemand, disait que le problème face à l'étonnement était que l'adulte se retrouve comme un jeune enfant devant un miroir dans lequel il se reconnait pour la première fois et le retourne aussitôt pour voir ce qu'il y a derrière.

Quand l'étonnement surgit, demeurez avec ! N'essayez pas de le comprendre. Il n'y a pas à le comprendre. L'étonnement est toujours une porte vers l'infini de notre être. Et tous les étonnements possibles et variés culminent toujours dans l'étonnement suprême : l'étonnement d'être.

Lorsque cette évidence d'être vous percute, laissez l'étonnement d'être vous submerger jusqu'à l'émerveillement. Acceptez de ne rien savoir. Et à partir de cette ouverture sans limites de l'impuissance à ne pas parvenir à ne pas être, savourez pleinement le fait d'être. Ressentez la plénitude d'être. Aucune autre plénitude n'est plus évidente que celle d'être tout simplement. 
                                                                             
Être


                                                                              Être


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