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Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

jeudi 21 avril 2016

La nature de quelques concepts célèbres 
du point de vue de l'expérience directe


Un ami, déconcerté et confus devant quelques lectures non-duelles radicales, mais néanmoins très curieux de la teneur de ce message m'a demandé de clarifier quelques éléments de langage. Je me suis amusé à présenter et à explorer quelques concepts racines de façon assez dépouillée et, espère que ça ne rajoutera pas à sa confusion ou à la vôtre.

L'univers, l'espace et le temps.

Du point de vue de l'expérience directe, l'univers est constitué d'un ensemble d'objets dont le corps-mental est un exemple. Il semble que l'univers existe dans le temps et l'espace. Néanmoins, le temps et l'espace ne sont que des concepts. Ils ne sont pas réels. Seul est considéré comme réel ce qui ne change pas. On pourrait dire que le temps est le concept du changement. Et puisque tous les objets sont sujets au changement, tous les objets sont des concepts temporels. L'espace est le concept de l'étendue (taille et forme). Puisque tous les objets se situent dans l'espace, on pourrait également dire que tous les objets sont des concepts spatiaux.

La Conscience.

La Conscience est cela qui est conscient de l'univers. La Conscience ne peut être prouvée par des concepts qui ne sont que de la mémoire et donc du passé. Elle se connaît elle-même de façon directe. Car, vous êtes conscient et vous savez que vous êtes conscient. Vous êtes conscient d'être conscient. Cette Conscience n'est pas soumis à la loi du changement et de l'évolution. Elle n'a pas de forme et n'est donc pas une chose. Elle ne naît pas et ne peut mourir. La Conscience, la Réalité, la Présence consciente, sont tous des pointeurs conceptuels vers ce qui n'a ni nom ni forme. Tous les objets apparaissent au sein de la Conscience.

Le petit je, le moi séparé (le faux je).

Le moi de la personne est un concept résultant d'une identification de la Conscience, qui est vraie avec le concept d'un moi séparé qui est faux. Ce moi séparé semble exister mais dés qu'il est exploré dans l'expérience directe, il avoue son imposture en se dissolvant dans la Conscience dont il est issu. Le moi séparé de la personne est un concept qui n'existe pas réellement. Je suis la Réalité, la Conscience, la Vie, l'Expérience Une et indivisible. Dés que le concept "moi séparé" apparaît, son contraire, le "non-moi" apparaît également. Dés que je crois être un moi pensant ses pensées et posant des actes de façon délibérée, la théorie matérialiste semble automatiquement accréditée et l'existence des objets séparés paraît réelle et préexistant à la Conscience.

Le Corps.

Lorsque vous laissez tomber votre imaginaire et vos savoirs de seconde main, le corps apparait dans l'expérience directe comme un ensemble de sensations et de perceptions. Ce qu'on appelle communément le corps n'est qu'un flux de sensations auxquelles la pensée surimpose des étiquettes, des noms et des concepts. Dans l'expérience directe, sensations et pensées ne sont que des apparitions au sein de la Conscience. En d'autres termes le corps aussi est un concept qui n'a pas de réalité objective et autonome. Plus vous ressentez de façon directe le corps, plus celui-ci se manifeste en tant que vibration, moins il semble dense. Puis, vous découvrez que toute vibration est elle-même, aussi subtile soit-elle, une simple apparition, se dissolvant dans l'espace conscient. Magie suprême, cette dissolution pointe elle-même vers la véritable nature du corps qui est pure spatialité ou Conscience sans forme et sans âge.



Le véritable Je.

Je ne suis ni un concept ni un objet. Je ne puis être le corps-mental car Je suis cela qui en est conscient. Ainsi Je suis la Conscience. Je et Conscience sont synonymes. Je suis sans limites et sans âge. L'univers et le corps-mental apparaissent en moi en tant que Conscience. Je, moi en tant que Conscience sans forme et sans âge, n'apparais pas en eux.

Libre arbitre et causalité.

Le "Je" illusoire de l'identité séparée semble dotée de choix et de liberté. La notion de libre arbitre est un des plus puisssants marqueurs de l'impression d'être une entité séparée aux commandes d'une vie personnelle. Mais puisque le "Je" illusoire n'a pas de réelle existence, il n'y a ni auteur, ni acteur, ni penseur, ni choix personnel, ni observateur personnel. Ainsi le corps-mental n'a aucun contrôle sur quoi que ce soit.

Croire en un auteur des actes est une croyance qui dépend de la croyance en un auteur indépendant et en l'existence de la causalité. Mais puisqu'il n'y a pas d'auteur, la causalité est elle-même un concept sans réalité. Puisque les objets eux aussi sont des concepts sans réalité, tout ce qui semble apparaître n'est rien d'autre qu'un concept. Tout arrive spontanément, sans cause. Même si les objets avaient une existence réelle, il est aisé de voir qu'on ne peut jamais trouver une cause originelle à un phénomène mais qu'il y a une multiplicité infinie de facteurs. C'est donc tout l'univers qui est la cause de toute forme ou apparition, chaque situation, chaque évènement tel qu'il se présente. Puisque le moi séparé et la causalité ne sont rien d'autre que des concepts, le libre arbitre doit également être considéré comme un simple concept de même que la notion de responsabilité personnelle.

L'impression de liberté que nous resentons au cœur de nos vies est réelle. Mais elle ne vient pas de l'illusion de choix du personnage, même si c'est généralement justifié et compris ainsi, mais de la Conscience elle-même, libre de toute idée de choix ou de non choix.

La souffrance.

Souffrir c'est vouloir ce qui n'est pas. Et ce vouloir procède de la croyance que "je" peux changer ce qui est et obtenir ce que "je" désire. Cette croyance engendre l'idée de la responsabilité individuelle qui elle-même engendre un certain nombre de misères comme par exemple le regret, la culpabilité,(d'avoir fait le mauvais choix), la honte, l'orgueil (d'avoir accompli personnellement quelque chose ou d'avoir fait le bon choix) par rapport aux évènements passés et l'inquiétude, la peur, et l'espoir par rapport au futur. La peur est un autre nom pour la souffrance. Cette dernière naît avec l'identification objective avec le corps. Les autres nous ont dit que nous étions ce corps et nous l'avons cru. Les enfants font généraleemnt confiance au savoir des parents et se soumettent facilement aux autorités extérieures pour leur dire qui ils sont. Le corps étant mortel, tant que l'on s'identifie au corps, la peur de mourir est présente d'une façon plus ou moins subtile.


L'éveil ou reconnaissance de votre vraie nature

L'éveil est une désidentification avec la croyance d'être un acteur personnel ainsi que le sentiment de séparation. Avec la reconnaissance de votre vraie nature de conscience sans forme, vous réalisez qu'il n'y a pas d'acteur personnel et qu'il n'y en a jamais eu. Il n'y a donc pas non plus de séparation. Puisqu'il n'y a plus d'appropriation personnelle de l'expérience, il n'y a plus de penseur, d'auteur ou d'acteur. Il n'y a donc plus de regret, de culpabilité, de honte, de fierté personnelle par rapport aux évènements passés, ni de stress, de peur, de désir ou de projections personnelles sur le futur.

Que puis-je faire pour m'éveiller à ma vraie nature ?

Ici il s'agit d'être très précis et honnête et réaliser que celui qui prétend vouloir et pouvoir s'éveiller n'est en réalité qu'un flux de pensées et de sensations. Puisqu'il n'y a pas d'acteur personnel, il n'y a rien que vous puissiez faire pour vous éveiller et donc nulle responsabilité personnelle à cet égard et à nul autre d'ailleurs. l'éveil est d'ailleurs un mot impropre parce qu'il donne l'illusion que c'est l'entité séparée, la personne qui s'illumine, alors que l'éveil est la fin de la croyance en l'existence d'une personne séparée. Je préfère donc parler de reconnaissance. Lorsque le voile de l'identification au nom et à la forme tombe, c'est la Présence déjà éveillée en arrière plan qui réalise qu'il n'y a qu'Elle depuis toujours. Cette réalisation est elle-même au-delà du temps et de toutes les pratiques liées au temps. Il n'y a donc aucune pratique qui puisse causer en elle-même cet éveil.

Sommes nous donc condamnés à la souffrance ?

Il y a de nombreux pointeurs, outils d'attention, ou pratiques qui sont susceptibles de diminuer la souffrance. Mais il est important de voir qu'elles prennent place au sein de la Conscience et qu'il n'y a personne de séparé qui pratique, qui pense, qui médite qui fait quoi que ce soit. Le corps-mental semble faire un tas d'expériences pour nous sortir de la panade mais en réalité le corps-mental lui-même est une expérience au sein de la Conscience impersonnelle. Si ces pratiques visant à soulager la souffrance et à ouvrir le regard doivent avoir lieu alors elles auront lieu. Tout simplement. Mais cela ne dépend d'aucun vouloir personnel. La véritable pratique consiste, sans efforts, de voir les choses telles qu'elles sont, sans commentaire. La véritable pratique consiste finalement à voir toute expérience à partir de la lumière consciente et impersonnelle. De faire l'expérience directe de toute chose pour découvrir que tout ce qui semble séparé n'est en réalité que Conscience. Au travers de chaque expérience directe réaliser encore et encore que vous êtes cette Conscience sans forme et sans âge, sans aucun manque car pleine d'elle-même. Vous comprenez alors tôt ou tard que rien dans le monde ne peut vous compléter ou vous offrir la paix naturelle que vous êtes déjà.

Le retour vers soi par l'investigation et la désidentification.

Pour cela il suffit de faire l'investigation selon le mode naturel de désidentification. Au départ devenez simplement conscient de toutes vos pensées, négatives, positives et voyez les non plus comme des pensées mais comme de simples apparitions dans la Conscience. Observez sans jugement vos sensations et vos émotions. Soyez ouvert à tout ce qui en vous apparaît comme sensation de manque, de tristesse, d'avidité, de jalousie, de désir de reconnaisssance, d'amour, de peur, de désespoir, de stress, de culpabilité, de honte. Soyez conscient de vos tensions corporelles, de la moindre contraction ou de malaise. Considérez également toute sensation corporelle ou émotion comme de simples apparitions au sein de la Conscience. Ressentez-les sans jugement, sans aucune intention à leur égard, de façon neutre. Puis, demandez-vous qui ressent ces sensations, ces émotions, ces pensées ? Constatez que toute idée de réponse à propos d'un moi quelconque qui serait le propriétaire de ces sensations, émotions ou pensées, ne serait lui-même qu'une pensée associée à une contraction, ou un ensemble de sensations de tensions, c'est à dire in fine à une ou à un ensemble d'apparitions au sein de la Conscience. Demeurez avec la question : qu'est ce qui est conscient de cette ou de ces apparitions ? Puis constatez que la question pointe vers une absence de "je séparé" et un espace de conscience sans forme, sans commencement et sans fin. Chaque fois que la sensation d'identification apparaît en vous, vous êtes invité à faire cette investigation du Soi de la voie directe que Ramana Maharshi* a rendu célèbre, et qui tous revient à une seule chose : reconnaître au cœur de votre vie que vous êtes la Conscience consciente d'elle-même, sans limites et sans âge et en laquelle les phénomènes transitoires apparaissent et disparaissent. Une fois reconnu que vous êtes le permanent dans lequel le transitoire apparaît et disparaît, réalisez qu'il n'y a aucune séparation entre le témoin conscient et les perceptions. Laisser ensuite le témoin conscient, une subtile réminiscence de dualité se dissoudre avec les perceptions, et réalisez que Vous êtes l'Absolu.


"La logique n'est pas nécessaire contrairement à l'intuition, la faculté artistique de pressentir l'essentiel et de le séparer de l'inutile, de discriminer l'éternel du temporel."

Shankara dans commentaires au Brahma Sutra

NB : Pour ceux qui sont intéressés par un accompagnement individuel non-duel à Paris ou par Skype ou une séance d'accompagnement psycho-corporelle pour laisser éclore les émotions bloquées, veuillez me contacter au 06 63 76 90 81 ou sur mon mail : adnnn1967@gmail.com

Si vous voulez vous inscrire pour les rencontres non duelles (sur la base d'une participation en conscience) qui ont lieu de façon bi-mensuelle à chez moi dans le 19e à Paris, écrivez-moi un sms sur le numéro ci-dessus.


* Extraits du petit livre fondamental de Ramana Maharshi "Qui suis-je ?"

Avec le Vichara-sangraham (La Recherche de Soi-même), le Nan Yar (Qui suis-je ?) représente la première série d’instructions données par le Maître avec ses propres mots. Parmi les œuvres de Shrî Bhagavan (Ramana Maharshi), ces deux écrits sont les seuls en forme de prose. iv QUI SUIS-JE ? Ils exposent clairement son enseignement central, notamment que la voie directe vers la Libération est la recherche du Soi. La manière d’effectuer cette recherche est décrite de façon explicite dans le Nan-Yar : Le mental est constitué de pensées. La pensée ‘je’ est la première qui s’élève dans le mental. Si l’on poursuit l’investigation « Qui suis-je ?  » d’une manière constante, toutes les autres pensées sont détruites, et finalement la pensée ‘je’ elle-même disparaît, laissant la place au Soi non-duel ; les fausses identifications du Soi avec les manifestations du non-Soi, tels que le corps et le mental, cessent, et l’illumination (sâkshâtkâra) s’ensuit. Le processus de la recherche du Soi n’est en aucun cas facile. En posant la question « Qui suis-je ? », de nombreuses autres pensées vont surgir; mais, au lieu de leur céder et de les suivre, il faut se demander : « À qui se présentent-elles ? ». Pour ce faire, on doit rester extrêmement vigilant. Grâce à cette investigation constante, le mental s’établira dans sa source et ne pourra se disperser et se perdre dans le labyrinthe des pensées créées par lui-même. Toutes autres disciplines, tels que le contrôle de la respiration ou la méditation sur une image de Dieu, doivent être considérées comme des pratiques accessoires. Elles ne servent qu’à la maîtrise et la concentration du mental. Pour un mental exercé dans la concentration, la recherche du Soi devient comparativement facile. C’est par une investigation incessante que les pensées seront détruites et le Soi réalisé – la Réalité plénière dans laquelle il n’y a même plus la pensée ‘je’, expérience qui est désignée comme « Silence ». Tel est en substance l’enseignement de Bhagavan Ramana Maharshi dans le texte Nan Yar (Qui suis-je ?). T.M.P. Mahadevan Université de Madras 30 juin 1982




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