Le contentement n'est pas la joie sans objet
(Extrait de Satsang)
(Extrait de Satsang)
Question :
"Cela fait plus de 20 ans que je suis sur un chemin spirituel et après bien des galères et des belles rencontres, il me semble que j'ai dépassé quelque chose. Il me semble que j'ai enfin trouvé une sorte de paix et de joie. Il y a une impression de grande sécurité que je n'avais jamais connue avant. Suis-je à la fin du chemin ?"
Réponse : On peut parfois avoir l'impression qu'après un long et passionnant chemin spirituel fait de défis et de pièges que l'on commence enfin à goûter à sa part du gâteau. La vie est pleine de bonnes surprises, une nouvelle détente est présente dans le corps et les pensées négatives et oppressantes ne montrent même plus le bout de leur nez. Vous avez trouvé une activité qui semble vous combler ou une relation amoureuse intense et stable vous fait dire que vous touchez enfin au bonheur.
Mais ce ne sont que les expériences qui ont changé et qui temporairement semblent vous donner un répit et vous emplir d'une paix nouvelle. Ce sont des fadaises. Des foutaises.
L'espace de Présence consciente dans lequel tout cela apparaît, Lui, n'a pas changé. C'est cela qui doit être remarqué. Si vous oubliez l'essentiel et prêtez à nouveau uniquement attention aux formes contenues par la Conscience et non la Conscience elle-même, vous retombez dans les mêmes pièges qu'avant. Rien n'a été vraiment compris.
Ce que vous appelez votre sécurité n'est qu'illusion et insécurité. Tout ce que vous avez ne vous appartient pas et est déjà en train de vous quitter.
Tout ce que vous gagnez un jour vous le perdez le jour d'après. C'est inévitable. Il n'y a rien de vrai dans le transitoire. Le fait de dépendre de quelque chose, une situation, une expérience pour éprouver une sorte de paix est super anxiogène. Au fond de vous, vous savez très bien que tout ça peut s'écrouler d'un instant à l'autre.
Il n'y a rien de plus dissonant que de se réjouir de sa réussite et de sa paix intérieure ou de sa situation financière ou de n'importe quoi d'ailleurs. Reconnaissez la peur et la tension que cette auto-satisfaction génère ! Regardez bien. Ressentez comme en deçà des premières couches de contentement, quelque chose gronde et veut se faire entendre. Il faut vraiment ressentir cela. Ressentez silencieusement combien le fait de se réjouir sonne faux. Au moment même où vous vous réjouissez de quelque chose, il y a comme une tension corporelle, comme un goût d'amertume, quelque chose de faux. Si on écoute bien, on le sent dans le plexus, dans la gorge, dans le ventre, dans le menton, dans la langue, dans les avant-bras, dans les cuisses. Tout le corps est imprégné de cette peur de lâcher cette histoire que "tout va bien Madame la Marquise."
Le contentement est tout le contraire de la joie véritable. La joie de ne rien être, de n'avoir aucune image à défendre, aucune croyance à vendre. C'est une joie sans cause et sans but.
Dés que des pensées agréables semblent vous rassurer quant à la pérennité de votre bonheur, d'autres pensées viendront inévitablement vous faire peur.
Le véritable bonheur ne dépend de rien. C'est ce que vous êtes. Le simple bonheur d'être conscient, le bonheur d'être conscient d'être conscient ne paye pas de mine. La pensée vous dira : "conscient d'être conscient et alors ! Qu'est ce que ça va m'apporter ?" . Pourquoi ça ? Parce que la pensée n'est pas vivante. Elle n'est qu'une pâle traduction en mots et en concepts de la vie. La pensée ne ressent rien.
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