Feel it !




Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

mardi 5 février 2019

CIRCONVOLUTIONS : être le miroir du monde


 CIRCONVOLUTIONS


Nous avions marché sans but, hors des sentiers balisés, nous laissant guider par l’imprévu d'un chemin de traverse, des fougères et des buissons, des sous-bois, des arbres et des abattures. Le premier village devait se trouver à plus d’une heure de marche. Nous étions perdus ; joyeusement perdus au milieu des champs et des forêts à perte de vue. Après plusieurs heures de cette errance délicieuse, sans but et sans destination particulière, nous nous assîmes au bord d’un petit étang.

La campagne de ce mois de mai révélait sans pudeur sa beauté innombrable. Cela sentait l’été. Une multitude de petites fleurs jaunes, blanches et violettes se détachaient sur l’herbe verte et exhalaient un parfum légèrement sucré. On entendait au loin, dans les fourrés, le chant vif et mélodieux du rouge gorge et plus près de nous, les pépiements agités d’un petit groupe de mésanges bleues qui sautillaient gaiement d’une branche à l’autre d’un vieux chêne dépenaîllé. Une abeille en passant fît entendre son léger vrombissement, puis se posa pour se gorger quelques instants d’un nectar inconnu à nos sens, dans le secret d’une fleur. Les vols imprévisibles et saccadés de quelques  papillons achevaient de donner à ce tableau vivant un aspect magique.

 Le corps se détendait complètement dans cet environnement paisible et ses milliards d’antennes aux aguets, se nourrissaient de sensations nouvelles. 

Pendant de longs instants il n’y eut plus personne pour sentir, il n’y eut plus d’intérieur ni d’extérieur, mais simplement senti, écoute, vision. L’intensité de l’écoute balayait toute pensée, toute intention. On pouvait sentir une oscillation particulière dans l’air comme si tout l’environnement était nimbé dans une sorte de présence magique et unifiante.

Puis, sans raison, elle ramassa une pierre et la jeta très haut et très loin vers le centre du lac. Le petit choc sur la surface de l’eau sous forme de clapotement fut bref et donna encore plus d’intensité au silence qui s’ensuivit. 


Nos regards convergèrent vers les fines circonvolutions qui s’amplifièrent depuis le point d’impact. L’onde de choc continua son expansion silencieuse dans toutes les directions en prenant de la vitesse. Elle s’étendit par cercles concentriques jusqu’à se fondre dans la barrière de roseaux à notre droite et épouser les ondulations en en forme de flèche engendrées par l’avancée de deux poules d’eau arrivant de notre gauche. 

Quand les circonvolutions furent totalement résorbées, la course silencieuse des nuages cotonneux se miroita à nouveau à la surface de l'étang redevenu parfaitement étale.

Il n’y avait pas de vent pour ainsi dire, mais plutôt d’infimes et très doux déplacements d’air chaud, qui caressaient votre peau avec une extrême tendresse, mais qui ne semblaient pas affecter le moins du monde la surface plane de l’étang. Le miroir demeurait intact et reflétait fidèlement les formes imperceptiblement mouvantes des branches des saules, des nuages et le bleu immobile du ciel.

Quand une pensée ou une émotion naît dans un mental tranquille, dans l’espace nu d’une écoute non impliquée, il devient possible de la ressentir pleinement depuis sa naissance au cœur du silence, de la suivre dans ses moindres déploiements, ses subtiles transformations et de la pister jusqu’à sa résorption ultime dans le même silence. 


Quand le mental est agité de peurs ou de projections, il est impossible d'observer pleinement la danse d’une pensée ou le chant d’une émotion. Le regard est pour ainsi dire encombré par des filtres et l'attention est fragmentée.

De même que, lorsque vous jetez une pierre dans une mer mouvante et agitée, vous ne voyez pas la vibration particulière qu’elle engendre, de même, pour accéder à une connaissance intime de vous même, du fonctionnement du mental, le regard doit être lavé de toute préférence personnelle.

L’attention est libre quand vous ne cherchez plus à défendre quoi que ce soit, que vous n’êtes plus attaché à aucune image, aucune identité, quand vous cessez toute comparaison et qu’il n’y a plus de prétention à être quelqu’un.

Pour libérer l’attention, déconditionner le regard et l’écoute, pour déconstruire tout ce fatras de filtres et de croyances et accéder à cette écoute non impliquée, il n’y a pas de méthode. Il n’y a pas de pratique pour accéder à ce regard sans personne que nous sommes déjà.

Néanmoins, un ensemble de jeux de révélation nous invite au désencombrement du corps et de la psyché. Des jeux d'éveil de l'attention impersonnelle. Et, en se mettant totalement en jeu, il advient que les nuages du mental se dissolvent et que se révèle le mystère d'une Présence qui avait toujours été là, en arrière plan de toute perception, attendant simplement d’être redécouverte. Il arrive que le vent se calme et que la surface du lac redevienne un parfait miroir.


Dans un poème Tchouang Tseu écrivit :

"Les oies sauvages n'aspirent pas à projeter leur reflet.

L'eau n'aspire pas à recevoir leur image."


Quand la Conscience est sans forme, comme un lac étale, la moindre vibration peut être pleinement ressentie jusqu’au bout. Il y a une très grande beauté à percevoir et à sentir une pensée ou une émotion dans cette ouverture.

Je te souhaite de réaliser que Tu es le miroir impassible, impersonnel, et atemporel, du mental, du corps et du monde.


Nota Bene : Pour ceux qui sont intéressés par un accompagnement individuel non-duel à Paris ou par Skype ou une séance d'accompagnement psycho-corporelle pour laisser éclore les émotions bloquées, veuillez me contacter au 06 63 76 90 81 ou sur mon mail : adnnn1967@gmail.com

Si vous voulez vous inscrire pour les rencontres non duelles (gratuit ou sur la base d'une participation en conscience) qui ont lieu de façon bi-mensuelle dans le 19e à Paris, écrivez-moi un sms sur le numéro ci-dessus.

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