LA VALSE DES ETIQUETTES
« Le
contact, la relation, prend une toute autre signification dès que l’observateur
n’est plus séparé de ce qu’il observe. Alors s’ouvre un espace fabuleux, et
alors est la liberté. »
( Le livre de la Méditation et de la Vie, p
226 ) Jiddu Krishnamurti
Ce que nous
appelons communément la réalité est toujours une impression qui n’est que le
résultat de l’interaction entre tous nos filtres (croyances de surface et
croyances profondes) et de ce que nous percevons. Or, pour découvrir quelque
chose de neuf et faire une véritable expérience, nous devons être libres de
toute référence et surtout de connaissances. Vos connaissances et vos croyances
vous permettent de faire des expériences, certes, mais celles-ci n’étant que le
reflet de vos projections et de vos étiquettes personnelles, seront absolument
conditionnées et source de confusion.
Pour apprendre
quelque chose il faut être passionnément engagé dans cette chose. Cela exige
une attention exceptionnelle. Pour découvrir quelque chose ou quelqu’un, nous
avons besoin d’être totalement alerte, d’avoir nos cinq sens aiguisés à
l’extrême, d’avoir une attention totale. Si vous voulez apprendre ce que c’est
qu’une fourmi, son fonctionnement et son mode de vie, il faut la regarder avec
une attention non dirigée, l’écouter même avec tout votre corps, sans préjugés
d’aucune sorte pour découvrir sa taille, sa forme, observer ses mouvements
rapides et saccadés, ses arrêts. Pendant des heures entières, il vous
faudra examiner ses parcours, ses habitudes, sa nourriture, la nature de son
« travail », découvrir ses relations avec les autres fourmis, ses
prédateurs éventuels, ses proies éventuelles, son habitat…
Le travail de
l’éthologue (spécialiset du comportement animal) est un travail de fourmi, un travail titanesque d’observation sur
de très longues durées*. Sans une passion sincère vous ne pouvez pas faire ce
travail de recherche.
Pour découvrir
comment votre conscience fonctionne, pour devenir familier avec les mécanismes
intimes de votre mental, pour découvrir comment naissent et meurent les formes
pensées et les images mentales, il faut avoir la même passion que
l’éthologue observant les comportements animaux.
Cette
connaissance directe et intime de vous-même ne surgira jamais de l’analyse basée sur des savoirs de seconde main, qui
recrée aussitôt un observateur et un objet observé. En effet, quand vous
considérez une souffrance, par exemple, vous créez aussitôt une distance
factice entre celui qui analyse la souffrance (l’observateur) et la souffrance
elle-même (la chose que vous observez). Vous considérez donc la souffrance à
travers tous vos filtres, c’est à dire l’ensemble de vos conditionnements, vos
a-priori, vos peurs et vos désirs.
Or, pour connaître intimement et réellement votre souffrance, il faut vous rendre à l’évidence que vous êtes cette souffrance, que vous ne pouvez pas la considérer comme un objet, mais que « l’observateur est l’observé » comme disait Krishnamurti.
Cela signifie que vous devez sentir la souffrance et faire l’unité avec elle pour découvrir qu’en réalité ce que Vous êtes réellement, Conscience sans forme prenant toute forme, prenant également en apprence et momentanément la forme de la souffrance.
Sentir est non duel. Vous ne pouvez pas à la fois penser, c’est à diviser l’expérience directe en un sujet et un objet et sentir. Sentir est la voie directe pour connaître pleinement quelque chose, faire l'unité avec sans les mots et sans les pensées.
Or, pour connaître intimement et réellement votre souffrance, il faut vous rendre à l’évidence que vous êtes cette souffrance, que vous ne pouvez pas la considérer comme un objet, mais que « l’observateur est l’observé » comme disait Krishnamurti.
Cela signifie que vous devez sentir la souffrance et faire l’unité avec elle pour découvrir qu’en réalité ce que Vous êtes réellement, Conscience sans forme prenant toute forme, prenant également en apprence et momentanément la forme de la souffrance.
Sentir est non duel. Vous ne pouvez pas à la fois penser, c’est à diviser l’expérience directe en un sujet et un objet et sentir. Sentir est la voie directe pour connaître pleinement quelque chose, faire l'unité avec sans les mots et sans les pensées.
Il ne s’agit
plus d’une connaissance objective, mais de connaître directement ce par quoi
tout est connu, c’est à dire être la Conscience. Lorsque vous sentez, que vous
faites l’unité avec, peu importe quoi, ce qui se révèle est toujours la
Conscience une sans forme et sans âge, et la paix et la complétude qui vont
avec. Ce qui se révèle c’est que Vous êtes la Conscience Une, impersonnelle et
atemporelle dans laquelle tout apparaît et disparaît.
Car au fond tout
est Un et il n’y a que la Conscience qui fait l’expérience d’elle-même au
travers d’une multiplicité apparente de formes et d’expériences. Nous avons juste oublié notre unité avec le mode. D'où notre sentiment de manque et les conflits que les humains expérimentent à tous les niveaus de leur existence.
Au fond il n’y a
que Toi. Toi en tant que la Conscience atemporelle, Toi en tant que le Sans Forme.
Tu es Cela comme le formule la Chandogya Upanishad.
Tu es Cela comme le formule la Chandogya Upanishad.
Or, cette connaissance ultime et intime ne peut surgir
que lorsque vous avez rejeté toutes les réponses de la mémoire, du passé, de
votre prétendu savoir, lorsque vous acceptez en toute humilité de ne plus rien
savoir et de quitter le connu pour aller à la rencontre du nouveau. C’est une
expérience hors du connu, hors des limites habituelles de votre conscience,
lorsque cesse la pensée et son cortège d’étiquettes.
Si vous percevez
une chose à travers les étiquettes que sont vos propres projections alors ce
sont vos propres peurs et désirs que vous percevez. Ainsi se pose la question
cruciale :
Nous est-il
possible de dissoudre toutes nos étiquettes, nos images, nos écrans, à travers
lesquels nous écoutons, nous percevons, nous ressentons ?
Chaque fois que
cette question se pose avec passion, il se passe quelque chose, une éclosion
affleure, un regard neuf émerge, une clarté jaillit.
La question du
déconditionnement du regard est essentielle et surgit spontanément à un certain
niveau de maturité. Quitter le vu pour voir vraiment.
J’ai pensé à un jeu
amusant que je propose souvent de faire pendant les stages.
Il s’intitule « La
Valse des Etiquettes » :
Prenez
un objet quelconque et placez-le devant vous. Portez votre pleine attention sur
lui.
Chaque fois que l’objet vous suggère une
étiquette énoncez–là à haute voix. Visualisez une étiquette sortant de vous et
qui se dissout dans l’espace dès que vous l’avez énoncé. Puis remettez votre
attention pleinement sur l’objet. On entend par étiquette, toute forme-pensée,
idée, concept, croyance, filtre, image, souvenir, jugement, en fait tout ce qui
peut se traduire en mots.
Continuez
jusqu’à ce que votre mental ait épuisé toutes les réponses, et que l’objet ne
vous suggère plus d’étiquette. Remarquez les changements subtils qui se sont
opérés dans votre conscience. Remarquez si votre relation à l’objet a changé et
de quelle façon ?
Il
est très impressionnant de faire ce jeu à plusieurs. Laissez les participants
énoncer leurs étiquettes spontanément. Tout le monde visualise la dissolution
de toutes les étiquettes.
Expérience individuelle ou collective :
Je pose une
théière sur une petite table au milieu de la pièce où une trentaine de
personnes participent à l’exercice.
Les étiquettes
fusent : « théière », « thé », « café »,
«grand-mère », « porcelaine », « famille »,
« quatre-heures », « bourgeoisie », « repas »,
« contenant », « souvenir », « vieillesse »,
« objet de valeur », « boire », « cuillère »,
« petite cuillère » ….
Chacun s’exprime
quand il le sent et chacun visualise la dissolution de chaque étiquette.
Les associations
qui se font avec l’objet sont parfois étranges et dépendent de l’histoire et des associations mentales et conditionnées de
chacun. L’important est que le mental formule tout ce qui se présente à lui
sans essayer de comprendre ou de contrôler ce qui se passe. Parfois quelqu’un
reprend une étiquette déjà formulée et c’est bien aussi, car cela prouve tout
simplement qu’elle n’est pas encore dissoute.
…
« habitude », « douceur », « chaleur »,
« froideur », « tisane », « repas »,
« biscuits », « forme », « objet »,
« création »…
Au bout d’un
moment les étiquettes viennent plus lentement, il y a de longs silences entre
les mots énoncés… « tasse », « sucre »,
« confiture », « tartine », « petit déjeuner »……
Puis, il se passe
quelque chose. Pour certains c’est à peine perceptible, pour d’autres c’est
carrément « magique ». Le silence qui se vit n’est pas seulement une
absence de bruit. C’est autre chose qui se manifeste qui a envahi chacun et la
pièce entière.
À un moment
donné, l’objet va vous sembler plus brillant, ses contours plus nets. Il
va peut-être vous sembler plus
beau. En tout cas, il émane de lui une Présence. Toute distance avec l’objet
est soudain abolie. L’absence d’étiquette mentales révèle une absence de
distance dans l’expérience directe qui est troublante.
Il se peut même
– selon votre sensibilité – que vous sentiez sa vibration en vous se
manifester par une douce chaleur dans le
ventre, par exemple. Chacun doit être à l’écoute de ce qui se passe sur la
fréquence du ressenti. C’est une expérience sacrée. A un certain niveau d’être
vous n’êtes plus séparé de l’objet. Quelque chose d’informulé se vit dans le
ressenti silence. Un lien étrange et d’une nature nouvelle se crée entre vous
et l’objet, mais aussi entre les participants du jeu. C’est une expérience
religieuse au sens étymologique du terme. Car le mot religion vient du latin
« religio » qui signifie attention scrupuleuse, de « relegere »
qui signifie recueillir ou rassembler, et « religare » qui
veut dire relier. Ainsi cette petite expérience de rien du tout nous ramène au
sens profond et souvent galvaudé du mot religieux. Quand vous êtes pleinement présent avec un objet, et que celui-ci ne provoque plus en vous de production
d’étiquettes, de préférence, de jugemnts, s’ouvre alors un autre espace.
C’est exactement ce sentiment d’unité avec la nature, le monde, les autres et tout l’univers que l’être humain a perdu depuis qu’il a recouvert sa Conscience impersonnelle d’un sentiment d’individualité et d’un bavardage mental permanent. C'est cette paix que nous rechercho dehors dans les expériences diverses et variées alors que dés que s'éveille en nous ce reagrd sans personne, cette écoute impersonnelle, la Paix de cette Présence animant toute chose est à nouveau directement sentie, comme si tout l'univers se paraît de lumière ou d'une vibration unique.
C’est exactement ce sentiment d’unité avec la nature, le monde, les autres et tout l’univers que l’être humain a perdu depuis qu’il a recouvert sa Conscience impersonnelle d’un sentiment d’individualité et d’un bavardage mental permanent. C'est cette paix que nous rechercho dehors dans les expériences diverses et variées alors que dés que s'éveille en nous ce reagrd sans personne, cette écoute impersonnelle, la Paix de cette Présence animant toute chose est à nouveau directement sentie, comme si tout l'univers se paraît de lumière ou d'une vibration unique.
Il
me semble que ce jeu de révélation, laïque, permet plus aisément à un être d’expérimenter en
direct le sens profond de phrases telles que «
l’observateur est l’objet observé » et « une attention sans
choix » qu’une simple lecture de ces mêmes phrases chez Krishnamurti ou n’importe quel pointeur non
duel. Le jeu de révélation opère comme une pratique de déconstruction pour révéler ce qui est déjà là, mais qiue le fonctionnement habituel, automatique et duel ne nous permettait pas d'éprouver vraiment. Ce Jeu de Révélation a une fonction pédagogique et sert de révélateur de ce que nous
sommes au plus profond.
Ce
qui m’émerveille particulièrement, c’est de dé couvrir ( au sens de cesser de couvrir) « le
sacré », « le mystère » de toute forme comme expression du même Sans Forme, et de constater que ces expériences simples peuvent être réalisées par des gens qui n’ont
aucune connaissance de textes sacrés et aucune approche dite
« spirituelle » dans leur vie. Il suffit juste d’être animé d’une
grande sincérité envers soi même et de se laisser aller au plaisir de
l’exploration au travers de ces jeux de déconstruction. C’est simple, direct et
profond.
Je vous invite à faire valser les étiquettes de façon consciente devant une forme, une couleur, une expérience, un son, une émotion, plusieurs fois par jour, et ainsi, en épuisant le mental, réenchanter le monde et, réaliser que Vous n'en avez jamais été séparé, dans l'expérience directe. Vous êtes l'Espace vide dans lequel les étiquettes apparaisent et disparaissent, et cet Espace contient tout l'univers et n'en est pas séparé.
Quand le monde apparaît à cet Espace, tout est susceptible de vous émerveiller, d'où ces photos étranges que vous voyez parfois sur ce blog qui sont le fruit de micro émeveillements quotidiens devant des objets qui ne sont pas habituellment considérés par le mental dualisant comme esthétiquement beaux ou dignes d'être regardés ou photographiés. Depuis le regard impersonnel, une beauté plus profonde affleure qui n'est pas tributaire de la forme elle-même.
"La beauté - comme le disait Proust - ne vient pas de la réflexion de l'objet mais du pouvoir réfléchissant du regard."
Devenez le miroir impassible du monde.
Je vous invite à lire à ce sujet un petit chef d'œuvre d'un certain Alain Beltzung, qui a connu Jean Klein, et qui s'intiyule : "Le Traité du Regard".
Belles explorations à Vous
Nota Bene : Pour ceux qui sont intéressés par un accompagnement individuel non-duel à Paris ou par Skype ou une séance d'accompagnement psycho-corporelle pour laisser éclore les émotions bloquées, veuillez me contacter au 06 63 76 90 81 ou sur mon mail : adnnn1967@gmail.com
Si vous voulez vous inscrire pour les rencontres non duelles (gratuit ou sur la base d'une participation en conscience) qui ont lieu de façon bi-mensuelle dans le 19e à Paris, écrivez-moi un sms sur le numéro ci-dessus.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimer...en effet cela semble très amusant ... je m'y colle tout à l'heure face à la mer...
RépondreSupprimerHâte d'être au stage pour pratiquer avec les amis