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Paroles et musique de Dan Speerschneider
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samedi 30 mars 2019

Se connaître soi-même c'est connaître Dieu

Se connaître soi-même c'est connaître Dieu


Le but du Satsang est de reconnaître en nous la Vérité. Satsang est un mot sanscrit provenant de deux mots, sat signifiant être, et sangha venant du mot rassemblement, compagnie ou union. Il s'agit donc d'un rassemblement autour de la Vérité, être en compagnie de la Vérité. Non pas de la vérité qui serait détenue par quelqu'un, une vérité personnelle, mais de la Vérité de l'être, la Vérité que chacun est déjà en essence, mais qui n'est peut-être pas encore pleinement réalisée. Le but du Satsang est donc de reconnaître cette Vérité en nous, de la réaliser.

L'inscription placée sur le fronton du temple de la pythie de Delphes, le fameux "Connais-toi toi-même" dans l'antiquité grecque, que Socrates a rendu célèbre, est bien plus qu'un simple impératif moral comme le suggérait Kant (Doctrine de la vertu, p 299), bien plus également qu'une simple invitation à connaître le moi psychologique.

Le "connais-toi toi-même" est pour moi l'invitation atemporelle et universelle de l'humanité depuis sa chute (voir le livre passionnant de Steve Taylor à ce propos, "La Chute" *) pour sortir de la transe dans laquelle elle est plongée depuis 6000 ans et à réaliser la vraie nature du Soi, l'essence de l'Être en nous et retrouver le paradis qui n'avait en réalité jamais été perdu autrement qu'en imaginaire.


La connaissance de notre véritable essence est la pierre angulaire de la véritable philosophie, qui  étymologiquement signifie "amour de la sagesse". La philosophie au sens profond, c'est ainsi que Socrates, Platon, Parménide et quelques autres l'entendaient du moins, est un chemin de connaissance de soi, une déconstruction de nos faux savoirs pour révéler en nous la Vérité éternelle, un chemin de retour vers notre véritable essence. Cette connaissance ne peut se révéler que par un abandon de nos fausses identifications et par un authentique retournement vers le cœur de notre être.

Je dois néanmoins concéder que ce n'est certes pas ainsi que j'ai vécu la philosophie, pendant mes années d'études à la Sorbonne. En effet, à part quelques rares fulgurances, l'enseignement prodigué n'était qu'un empilement formel de savoirs déconnectés de la vie et du vivant et consistait essentiellement en des pratiques que je pourrais qualifier de sophistiques. On apprenait essentiellement à répéter la pensée d'autres philosophes avec plus ou moins de clarté et de pertinence, à les mettre en perspective, à les analyser, à les résumer et à les comparer. C'était un peu l'histoire des croyances. Nous n'étions pas réellement invités à nous questionner sur nous-même, sur un au-delà des pensées et des croyances, et l'injonction "connais-toi toi-même" n'était bien sûr pas de mise !

La philosphie en occident semble s'être enfermée dans des joutes intellectuelles totalement infécondes, et l'oubli de l'être dont parle Heidegger se retrouve dans la façon dont la philosophie s'enseigne la plupart du temps au lycée ou à l'université. 

Néanmoins, le sens profond de la philosophie est bien de nous permettre de nous connaître tel que nous sommes vraiment et rejoint par là l'essence de l'enseignement des Upanishads. 

C'est en tombant sur un livre de Krishnamurti en 1994, "La première et la dernière liberté" que j'ai réalisé à quel point je me fourvoyais au travers de ces études et combien l'essentiel était en réalité simple. C'est là que j'ai réalisé que ce que je pressentais depuis si longtemps, était exprimé en des termes bien plus simples, directs et pratiques, par des auteurs et des traditions se situant hors du cercle très fermé - et sentant le refermé - de la philosophie occidentale.


Pierre de Courcelles dans son livre consacré à ce fameux précepte ("Connais-toi toi-même de Socrates à Saint Bernard", 1974) remarque que l'une de plus célèbres maximes de l'humanité n'a pas d'auteur connu. Et René Guénon écrit que cet anonymat "provenait d'un point de vue plus élevé rejoignant la source même de l'inspiration originelle, spontanée et divine". (voir livre Mélanges, ensemble d'articles passionnants de René Guénon, paru chez Gallimard en 1990).

Je me souviens moi-même de la joie à trouver, après avoir vécu en 1998 durant de longs mois, une expérience d'unité bouleversante pour laquelle je n'avais nulle explication et nul véritable soutien extérieur, en exergue du livre de Marguerite Porete* ("le Miroir des âmes simples et anéanties") un extrait du poème qui ne sera que plus tard attribué à Maître Eckhart, le fameux Grain de Sénevé et, de voir qu'il avait était - semble-t-il, écrit par un "contemporain du miroir" c'est à dire un anonyme.

Je réalisais alors eu ce que je vivais de façon spontanée, sans pouvoir me référer à une tradition que je ne connaissais pas encore, venait de la source impersonnelle et que plein d'humains avaient nécessairement, en des temps, des lieux et des cultures différents vécus cette unité inexprimable avec toute la création, et réalisé l'essence de la vie.

D'ailleurs plus tard lorsqu'il m'a été donné de lire et de sentir les plus grands textes de l'humanité, comme le Vijnana Bhairava Tantra, Les Upanishad majeures, la Baghavad Gita, l'Astavakra Gita ou le Vasishta Yoga, l'Évangile de Saint Thomas et tant d'autres, on réalise qu'il n'y a pas d'auteur connu. Tous les textes authentiques, qui nous parlent de la Vérité impersonnelle, semblent avoir été insufflé par l'Éternel. Et, dans ces hauteurs himalayennes, il n'y a nulle appropriation ou besoin de rapporter les textes à des entités séparées. Ils semblent surgir du Silence. Et, qu'importe le nom des scribes, puisque la Vérité dont ils témoignent est la même Vérité atemporelle, retranscrite en des brèches spatio-temporelles variées.


Comme je n'avais pas de mots pour décrire ce que je vivais après cette expérience d'éveil, je demeurais la plupart du temps en silence. Mais j'avais photocopié ce poème et en gardais pendant quelques années toujours plusieurs exemplaires dans mon sac à dos, au cas où je rencontrerais quelqu'un qui aurait envie de parler de ce que je ne pouvais formuler avec des mots aussi parfaits que ceux de Maître Eckhart, dont je ne savais pas encore ni le nom ni le merveilleux enseignement.

Rappelons-nous qu'il semble que la véritable formulation de l'inscription du temple de Delphes n'était pas simplement "Connais-toi toi-même" mais Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux".  

En se connaissant soi-même on accède ainsi à ce par quoi tout est connu, la connaissance, la conscience, l'essence de la manifestation. 

Dans la Kéna Upanishad qui signifie, l'Upanishad de "Ce par quoi" (Kena), il est dit :

Ce n'est par ce que voit l'œil mais ce par quoi l'œil voit, tel est le Brahman, (c'est à dire l'absolu) et non cela que l'on honore comme tel (c'est à dire les formes divines, les faux dieux).


René Guénon, grand spécialiste de l'Islam rappelle dans son article cité plus haut qu'un Hadith du prophète Mahomet disait la même chose : "Qui se connaît soi-même connaît son seigneur".

Clément d'Alexandrie disait également : "La plus grande de toutes les connaissances, c'est donc, à ce qu'il semble, la connaissance de soi-même : en effet, celui qui se connaît lui-même aura le savoir du Dieu, et celui qui sait Dieu se rendra complètement semblable à Dieu."

Maître Eckhart disait également : "L'œil par lequel je vois Dieu est le même œil par lequel Dieu me voit".

Ainsi lorsque vous tournez l'attention vers ce qui en vous perçoit, vers Vous, comme dans la pratique du doigt qui pointe dans la Vision sans Tête de Douglas Harding, l'absence de tête et de perspective personnelle qui se révèle, révèle également la Présence de Dieu, le Je suis dont Jésus dit : "Avant qu'Abraham ne fût, je suis", le Je suis qui est le Je suis de Dieu Lui-même, la lumière, qui lorsque Moïse lui demande se définir répond: "Je suis ce que je suis" ou "Je suis Celui qui est" selon les traductions.


Ainsi l'Espace de vacuité consciente que vous découvrez en vous-même lorsque vous cherchez à vous connaître Vous-même (voir photos en vision sans tête sur cette page) tel que vous êtes vraiment en essence, est le regard de Dieu contemplant le monde, ni plus ni moins.

L'espace que vous découvrez au-dessus de vos épaules, n'a en réalité ni forme, ni couleur, ni attributs, ni caractéristiques, ni identité, ni âge, ni désir, ni peur, ni préférences. Il dit oui à tout ce qui est.

Il est ce par quoi tout est connu, à la fois totalement détaché du monde, des créatures, du corps, (des sensations) et du mental (des pensées) ET en même temps en parfaite intimité avec tout ce qui en Lui apparaît car tout apparaît à 0 cm de Lui et donc tout apparaît EN TANT que Lui, en Tant que VOUS.

Et Vous êtes cela comme le dit la grande mahavakya (sentence) de la Chandogya Upanishad (Tat tvam asi = Tu es Cela).

Je te souhaite lecteur, d'avoir le courage et l'impertinence de retourner la flèche de l'attention vers cela qui en toi perçoit et de découvrir ce qui ne change pas.

Quand ? Maintenant !

Où ? Ici même !


NB : Pour ceux qui sont intéressés par un accompagnement individuel non-duel à Paris ou par Skype, une thérapie d'accompagnement psycho-corporelle pour laisser éclore les émotions bloquées, ou une séance de réharmonisation vibratoire, veuillez me contacter au 06 63 76 90 81 ou sur mon mail : adnnn1967@gmail.com 

Si vous voulez vous inscrire pour les rencontres non duelles (sur la base d'une participation en conscience) qui ont lieu de façon bi-mensuelle à chez moi dans le 19e à Paris, écrivez-moi un sms sur le numéro ci-dessus.

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* La chute de Steve Taylor


La Chute est une recherche exhaustive qui renverse l'opinion générale à propos de la nature humaine et de celle de la civilisation. L'auteur s'appuie sur des preuves accumulées depuis les dernières décennies qui indiquent que la civilisation préhistorique était non belliqueuse et égalitaire, au lieu d'être prompte à faire la guerre et brutale. Il n'est pas naturel que les êtres humains s'entretuent, que les hommes oppressent les femmes, que chacun cherche à accumuler une grande richesse et du pouvoir, ou même que l'homme utilise la nature au point de la détruire. 
Les mythes à travers le monde d'un Age d'or ou d'un paradis originel ont donc un fondement archéologique et factuel. 
La chute raconte comment l'ego s'est cristallisé avec l'apaprition de la civilisation et comment l'homme est tombé dans l'impression de séparation avec l'univers.

* Marguerite Porete : Marguerite Porete, ou Marguerite Porrette ou Marguerite Porette ou la Porette, est une femme de lettres mystique et chrétienne du courant des béguines, née vers 1250, brûlée en place de Grève le 1ᵉʳ juin 1310 avec son livre Le Miroir des âmes simples. Elle compte au nombre des martyrs de la liberté de penser
Le Miroir des âmes simples anéanties et qui seulement demeurent en vouloir et désir d'amour est un ouvrage médiéval du xiiie siècle (1295), œuvre de la mystique et poétesse chrétienne Marguerite PoreteOriginellement écrit en ancien français à une époque où le latin était la langue en usage pour la littérature religieuse (en vers et en prose), accessoirement par une femme, ce qui, sans aller plus loin, remettait en cause deux éléments centraux de la société de la fin du moyen âge : l'Église et l'Université
De même lebéguinage qui par son travail indépendant remettait en cause le travail ordinaire et donc la vie économique médiévale.
Elle y traite du fonctionnement de l'Amour divin. Il connut d'abord un succès certain, puis il tomba dans l'oubli du fait de son rejet par les autorités de l'Église qui y détecta dans les visions de Marguerite Porete : « les éléments d'une Hérésie antinomiste dite du libre-esprit. Cet ouvrage dénoncé comme plein d'erreurs et d'hérésies », fut collecté, « interdit de circulation », et les copies existantes brûlées à plusieurs reprises. Puis Marguerite Porete elle-même fut jugée et exécutée à Paris en 1310 avec son propre livre… sur ordre de l'Inquisition avec le plein aval de Phillippe le Bel, la semaine même où fut brûlée « une première fournée » de Templiers.
Son livre lui survécut cependant, on pense que l'Inquisition l'avait traduit en latin (sous le titre Speculum simplicium animarum), et dès la fin du xiv SIÈCLE d'autres traductions, publiées anonymement, paraissent en italien, espagnol, anglais et allemand…
Ce qui pourrait traduire l'intérêt (sympathie, attraction, …?) qu'une certaine partie du clergé portait à ce genre de texte.
En dépit de ces obstacles, Le Miroir traduit en plusieurs langues survécut au fil des siècles, et ne fut en fait, clairement identifié comme étant de Marguerite Porete qu'en 1965.

Dans les sept phases de 'l'anéantissement' l'âme parcourt, par amour, le chemin de son unité avec Dieu. Depuis, ce livre qui soutient des thèses proches de celles de maître Eckhart et donc de la mystique rhénane, est, de plus en plus, considéré comme l'une des œuvres majeures de la littérature médiévale. Marguerite Porete, aux côtés de Mathilde de Magdebourg et Hadewijch d'Anvers, reflète un modèle de l'amour mystique et spirituel, rattachable au mouvement des béguines.

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* L'extrait du Grain de Sénévé tel que je l'ai découvert en 1998, en exergue du livre de Marguerite Porete, "Le Miroir des âmes simples et anéanties".


Le grain de sénevé

Au commencement

au- delà du sens

Là est le Verbe .

Ô le trésor si riche

où commencement fait naitre

commencement !
Ô, le cœur du Père
d'où à grand-joie
sans trêve flue le Verbe !
Et pourtant ce sein là
en lui garde le Verbe. C'est vrai.

Des deux un fleuve,
d'Amour le feu,
des deux le lien
aux deux commun
coule le très suave Esprit
à mesure très égale
inséparable.
Les Trois sont Un.
Quoi, le sais–tu, non.
Lui seul sait ce qu'Il est.

Des Trois la boucle,
est profonde et terrible
ce contour- là
jamais sens ne saisira
là règne un fond sans fond.
Echec et mat
temps, formes et lieu !
L'anneau merveilleux
est jaillissement,
son point reste immobile.

Ce point est la montagne
à gravir sans agir.
Intelligence !
Le chemin t'emmène
au merveilleux désert,
au large, au loin,
sans limite il s'étend.
Le désert n'a  ni lieu ni temps,
il a sa propre guise.

Ce désert est le Bien,
par aucun pied foulé
le sens crée
jamais n'y est allé :
Cela est ; mais personne
ne sais quoi .
C'est ici et c'est là
c'est loin et c'est près,
c'est profond et c'est haut,
c'est donc ainsi
que ce n'est ni ça ni ci.

C'est lumière, c'est clarté
c'est la ténèbre,
c'est l'innommé,
c'est l'ignoré,
libéré du début ainsi
que de la fin,
cela gît paisiblement
tout nu, sans vêtements.
Qui connait sa maison,
ah qu'il en sorte !
et nous dise sa forme.

Deviens tel un enfant,
rend toi sourd et aveugle !
Tout ton être devient néant,
dépasse tout être et tout néant !
Laisse le lieu, laisse le temps,
et les images également !
Si tu vas par le sentier étroit,
tu parviendras jusqu'à
l'empreinte du désert.

Ô mon âme,
sors ! Dieu entre !
Sombre tout mon être,
en Dieu qui est non-être,
sombre en ce fleuve sans fond !
Si je te fuis,
Tu viens à moi.
Si je me perds
Toi, je te trouve,
Ô bien suressentiel !

(Maitre Eckhart ; traduit du haut-allemand par Alain de Libera)

1 commentaire:

  1. Quel Cadeau !je me Re-connais dans ton Chemin Dan....moi aussi.ce fut à partir de Krishnamurti avec la Première et la dernière liberté !....(j'avais 26 ans....j'ai sentis la lumière percée....dans mon coeur ) j'ai aujourd'hui 75 printemps...)Tellement heureuse de te lire et de t'entendre ......pour toute la Suite ...De tout coeur merci ! Gratitude .....(je fais suivre

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