Humour
Non duel :
Le ressort de l'humour avec un A majuscule se trouve ici notamment
dans le décalage dans ce dialogue, entre le point de vue absolu, le point de
vue non duel, le point de vue sans point de vue, de Monsieur Wou, supposé
éveillé à sa vraie nature, et le point de vue relatif et très à ras des
paquerette de Madame !
(Je rapelle d'ailleurs que José vient de publier un livre très
clair et très complet sur la notion d'éveil spirituel aux éditions Almora. Je
le conseille vraiment, car il démythologise cet éveil tout en l'évoquant avec
beaucoup de simplicité au travers de multiples traditions ainsi que les éveils
hors tradition qui semblent de plus en plus nombreux que l'on a bien voulu nous
faire croire. Il a en outre ce talent rare qu'ont certains érudits de rendre
simple ce qui paraît compliqué.)
Dialogues
de l'Unité
Bonjour,
Monsieur Wou, comme je suis heureuse de vous voir.
Puis-je féliciter Madame sur son absence ?
Mon absence, Monsieur Wou ? Mais je suis présente!
Puis-je donc remercier Madame de remarquer mon absence ?
Je ne comprends pas, Monsieur Wou.
Madame ne peut agir que par son absence, par laquelle ma présence apparaît.
Mais, Monsieur Wou, nous sommes tous les deux présents.
Jamais tout à fait simultanément, Madame.
Ne sommes-nous pas présents tous les deux, en ce moment même, Monsieur Wou ?
Apparemment, Madame, parce que momentanément nous arrêtons l'incidence de la temporalité, mais non pas en fait.
Etes-vous seulement présent quand je vous vois, Monsieur Wou ?
De quelle autre façon, Madame, la présence pourrait-elle apparaître ?
Et je ne suis présente que lorsque vous me voyez, Monsieur Wou ?
Le plaisir n'est pas exclusivement mien, Madame, beaucoup d'entre nous ont le bonheur de le partager.
Mais comment cela peut-il être, Monsieur Wou ?
Comment pourrait-il ne pas en être ainsi, Madame ? Regarder est toujours absence : ce qui est vu est toujours présent.
Puis-je féliciter Madame sur son absence ?
Mon absence, Monsieur Wou ? Mais je suis présente!
Puis-je donc remercier Madame de remarquer mon absence ?
Je ne comprends pas, Monsieur Wou.
Madame ne peut agir que par son absence, par laquelle ma présence apparaît.
Mais, Monsieur Wou, nous sommes tous les deux présents.
Jamais tout à fait simultanément, Madame.
Ne sommes-nous pas présents tous les deux, en ce moment même, Monsieur Wou ?
Apparemment, Madame, parce que momentanément nous arrêtons l'incidence de la temporalité, mais non pas en fait.
Etes-vous seulement présent quand je vous vois, Monsieur Wou ?
De quelle autre façon, Madame, la présence pourrait-elle apparaître ?
Et je ne suis présente que lorsque vous me voyez, Monsieur Wou ?
Le plaisir n'est pas exclusivement mien, Madame, beaucoup d'entre nous ont le bonheur de le partager.
Mais comment cela peut-il être, Monsieur Wou ?
Comment pourrait-il ne pas en être ainsi, Madame ? Regarder est toujours absence : ce qui est vu est toujours présent.
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Bonjour,
Monsieur Wou.
Bonjour, Madame. Qu'est-ce qui me vaut le plaisir ?
Je pensais que vous vous sentiez seul, Monsieur Wou.
Seul, Madame, mais comment pourrais-je l'être ?
Bonjour, Madame. Qu'est-ce qui me vaut le plaisir ?
Je pensais que vous vous sentiez seul, Monsieur Wou.
Seul, Madame, mais comment pourrais-je l'être ?
Vous
êtes tout seul, Monsieur Wou !
Tout seul, Madame, quand toute chose est ce que je suis ?
Dans ce cas, évidemment, Monsieur Wou, mais vous pourriez avoir besoin de compagnie.
Hélas, Madame, il n'y en a pas!
Mais, ne suis-je pas moi-même une compagnie, Monsieur Wou ?
En vérité, non, Madame!
Alors, que puis-je être, Monsieur Wou ?
Madame, j'ai l'honneur d'être ce que vous êtes.
Tout seul, Madame, quand toute chose est ce que je suis ?
Dans ce cas, évidemment, Monsieur Wou, mais vous pourriez avoir besoin de compagnie.
Hélas, Madame, il n'y en a pas!
Mais, ne suis-je pas moi-même une compagnie, Monsieur Wou ?
En vérité, non, Madame!
Alors, que puis-je être, Monsieur Wou ?
Madame, j'ai l'honneur d'être ce que vous êtes.
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Bonjour, Monsieur Wou.
Bonjour, Madame.
Auriez-vous l'amabilité de me dire l'heure, Monsieur Wou ?
Bien sûr, Madame, l'heure est maintenant.
Mais, c'est toujours maintenant, Monsieur Wou
Madame, je m'incline.
Comme c'est aimable, Monsieur Wou, mais je ne connais toujours pas l'heure.
Madame, il n'y a pas d'autre heure ; toute autre heure ne pourrait être qu'un jeu comme celui qui distrait les enfants.
Mais, Monsieur Wou, nous sommes obligés d'être asservis au temps.
Alors, Madame, ne restons-nous pas toujours des enfants ?
Pour les adultes, Monsieur Wou, ne doit-il pas y avoir de temps ?
Pour les gens avertis, Madame, il n'y a que maintenant.
Pour les éveillés, Monsieur Wou, le temps est-il seulement cela ?
Tout espace, Madame est ici, et tout temps est maintenant, que l'on soit endormi ou éveillé.
Bonjour, Madame.
Auriez-vous l'amabilité de me dire l'heure, Monsieur Wou ?
Bien sûr, Madame, l'heure est maintenant.
Mais, c'est toujours maintenant, Monsieur Wou
Madame, je m'incline.
Comme c'est aimable, Monsieur Wou, mais je ne connais toujours pas l'heure.
Madame, il n'y a pas d'autre heure ; toute autre heure ne pourrait être qu'un jeu comme celui qui distrait les enfants.
Mais, Monsieur Wou, nous sommes obligés d'être asservis au temps.
Alors, Madame, ne restons-nous pas toujours des enfants ?
Pour les adultes, Monsieur Wou, ne doit-il pas y avoir de temps ?
Pour les gens avertis, Madame, il n'y a que maintenant.
Pour les éveillés, Monsieur Wou, le temps est-il seulement cela ?
Tout espace, Madame est ici, et tout temps est maintenant, que l'on soit endormi ou éveillé.
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-Bonne
après-midi, Monsieur Wou:
Bonne
après-midi , Madame!
-Puis-je me permettre de vous poser une question, Monsieur Wou?
Bien
entendu, Madame.
-Qu'êtes-vous,
Monsieur Wou?
Je suis ce
que vous êtes, Madame.
-Et
qu'est-ce que cela peut bien être, Monsieur Wou?
Ce que
chaque être sensible est, Madame.
-Qu'est
donc chaque être sensible, Monsieur Wou?
Chaque être
sensible est "ce que Je suis", Madame.
-Mais
qu'est-ce que cela, Monsieur Wou?
Qu'est-ce
que ce la pourrait être , Madame, si ce n'est l'absence de toute
présence.
Extrait
de Etre, n° 4, 1981
* Wei Wu Wei : Ce pseudonyme de l'écrivain érudit
irlandais, Terence Gray (1895-1986) signifie en chinois "action dans la
non-action".
Après des études à Oxford, l'aristocrate se passionna d'abord
pour l'Égypte ancienne, puis s'impliqua dans activement dans la vie culturelle anglaise en
tant que producteur de pièces de théâtre, dramaturge, théoricien, éditeur, il a
influencé beaucoup d’artistes de l’époque, en particulier à Cambridge où il
vit. Il
s'est ensuite retiré dans le sud dela France, où il éleva des chevaux de course
et gagna notamment un prix avec l'un d'entre eux. Puis il se tourne vers la philosophie et la
métaphysique, et entame une série de voyage à travers l’Asie. Séjourne à de
nombreuses reprises dans l'Ashram de Ramana Maharshi.Un bouleversement
intérieur va alors l’amener à rencontrer de nombreux êtres remarquables du
point de vue spirituel, tels que Douglas Harding, Robert Linssen, Hubert
Benoit, le maître Chan Xu, Krishnamurti, Swami Siddheswarananda, Jean Klein…
Vers l’âge de 60 ans, il s’installe en France avec sa femme
et s’occupe d’un vignoble. En 1958, il publie son premier titre sous le
pseudonyme de Wei Wu Wei. Huit autres titres suivront, jusqu’en 1974, abordant
le bouddhisme chan et le taoïsme dans un style très personnel qui donne une
saveur unique à l’ensemble de son œuvre.
Il meurt à Monaco en 1986.
Il meurt à Monaco en 1986.
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RépondreSupprimerMerci Dan pour ces perles blanches comme les dents visibles dans le rire à gorge déployée...
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