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Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

mercredi 20 mars 2019

Humour Non duel : Dialogues de l'Unité


Humour Non duel :
 Dialogues de l'Unité
Wei Wu Wei, alias Terence Gray

J'avais découvert ces dialogues avec grande joie en 2011, lors de la soirée spectacle du stage annuel de la Vision Sans Tête où José et sa femme Lorène les avaient interprété à merveille.
Le ressort de l'humour avec un A majuscule se trouve ici notamment dans le décalage dans ce dialogue, entre le point de vue absolu, le point de vue non duel, le point de vue sans point de vue, de Monsieur Wou, supposé éveillé à sa vraie nature, et le point de vue relatif et très à ras des paquerette de Madame !
(Je rapelle d'ailleurs que José vient de publier un livre très clair et très complet sur la notion d'éveil spirituel aux éditions Almora. Je le conseille vraiment, car il démythologise cet éveil tout en l'évoquant avec beaucoup de simplicité au travers de multiples traditions ainsi que les éveils hors tradition qui semblent de plus en plus nombreux que l'on a bien voulu nous faire croire. Il a en outre ce talent rare qu'ont certains érudits de rendre simple ce qui paraît compliqué.)


Dialogues de l'Unité 
Bonjour, Monsieur Wou, comme je suis heureuse de vous voir.
Puis-je féliciter Madame sur son absence ?
     
Mon absence, Monsieur Wou ? Mais je suis présente!
Puis-je donc remercier Madame de remarquer mon absence ?
     
Je ne comprends pas, Monsieur Wou.
Madame ne peut agir que par son absence, par laquelle ma présence apparaît.
     
Mais, Monsieur Wou, nous sommes tous les deux présents.
Jamais tout à fait simultanément, Madame.
     
Ne sommes-nous pas présents tous les deux, en ce moment même, Monsieur Wou ?
Apparemment, Madame, parce que momentanément nous arrêtons l'incidence de la temporalité, mais non pas en fait.
     
Etes-vous seulement présent quand je vous vois, Monsieur Wou ?
De quelle autre façon, Madame, la présence pourrait-elle apparaître ?
     
Et je ne suis présente que lorsque vous me voyez, Monsieur Wou ?
Le plaisir n'est pas exclusivement mien, Madame, beaucoup d'entre nous ont le bonheur de le partager.
     
Mais comment cela peut-il être, Monsieur Wou ?
Comment pourrait-il ne pas en être ainsi, Madame ? Regarder est toujours absence : ce qui est vu est toujours présent.

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Bonjour, Monsieur Wou.
Bonjour, Madame. Qu'est-ce qui me vaut le plaisir ?
     
Je pensais que vous vous sentiez seul, Monsieur Wou.
Seul, Madame, mais comment pourrais-je l'être ?         
Vous êtes tout seul, Monsieur Wou !
Tout seul, Madame, quand toute chose est ce que je suis ?
     
Dans ce cas, évidemment, Monsieur Wou, mais vous pourriez avoir besoin de compagnie.
Hélas, Madame, il n'y en a pas!
     
Mais, ne suis-je pas moi-même une compagnie, Monsieur Wou ?
En vérité, non, Madame!
     
Alors, que puis-je être, Monsieur Wou ?
Madame, j'ai l'honneur d'être ce que vous êtes.

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 Bonjour, Monsieur Wou.
Bonjour, Madame.
     
Auriez-vous l'amabilité de me dire l'heure, Monsieur Wou ?
Bien sûr, Madame, l'heure est maintenant.
     
Mais, c'est toujours maintenant, Monsieur Wou
Madame, je m'incline.
     
Comme c'est aimable, Monsieur Wou, mais je ne connais toujours pas l'heure.
Madame, il n'y a pas d'autre heure ; toute autre heure ne pourrait être qu'un jeu comme celui qui distrait les enfants.
     
Mais, Monsieur Wou, nous sommes obligés d'être asservis au temps.
Alors, Madame, ne restons-nous pas toujours des enfants ?
     
Pour les adultes, Monsieur Wou, ne doit-il pas y avoir de temps ?
Pour les gens avertis, Madame, il n'y a que maintenant.
     
Pour les éveillés, Monsieur Wou, le temps est-il seulement cela ?
Tout espace, Madame est ici, et tout temps est maintenant, que l'on soit endormi ou éveillé.

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-Bonne après-midi, Monsieur Wou:
Bonne après-midi , Madame!

 -Puis-je me permettre de vous poser une question, Monsieur Wou?
 Bien entendu, Madame.

-Qu'êtes-vous, Monsieur Wou?
Je suis ce que vous êtes, Madame.

-Et qu'est-ce que cela peut bien être, Monsieur Wou?
Ce que chaque être sensible est, Madame.

-Qu'est donc chaque être sensible, Monsieur Wou?
Chaque être sensible est "ce que Je suis", Madame.

-Mais qu'est-ce que cela, Monsieur Wou?
 Qu'est-ce que ce la pourrait être , Madame, si ce n'est l'absence de toute présence. 
Extrait de Etre, n° 4, 1981


* Wei Wu Wei : Ce pseudonyme de l'écrivain érudit irlandais, Terence Gray (1895-1986) signifie en chinois "action dans la non-action".
Après des études à Oxford, l'aristocrate se passionna d'abord pour l'Égypte ancienne, puis s'impliqua dans activement dans la vie culturelle anglaise en tant que producteur de pièces de théâtre, dramaturge, théoricien, éditeur, il a influencé beaucoup d’artistes de l’époque, en particulier à Cambridge où il vit. Il s'est ensuite retiré dans le sud dela France, où il éleva des chevaux de course et gagna notamment un prix avec l'un d'entre eux. Puis il se tourne vers la philosophie et la métaphysique, et entame une série de voyage à travers l’Asie. Séjourne à de nombreuses reprises dans l'Ashram de Ramana Maharshi.Un bouleversement intérieur va alors l’amener à rencontrer de nombreux êtres remarquables du point de vue spirituel, tels que Douglas Harding, Robert Linssen, Hubert Benoit, le maître Chan Xu, Krishnamurti, Swami Siddheswarananda, Jean Klein…
Vers l’âge de 60 ans, il s’installe en France avec sa femme et s’occupe d’un vignoble. En 1958, il publie son premier titre sous le pseudonyme de Wei Wu Wei. Huit autres titres suivront, jusqu’en 1974, abordant le bouddhisme chan et le taoïsme dans un style très personnel qui donne une saveur unique à l’ensemble de son œuvre.
Il meurt à Monaco en 1986.
 

2 commentaires:

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  2. Merci Dan pour ces perles blanches comme les dents visibles dans le rire à gorge déployée...

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