La non dualité chez SainteThérèse de Lisieux
et la voie du senti
Ramana Maharshi disait qu'il y avait deux voies pour réaliser le Soi, L'investigation du Soi ou l'abandon à Dieu. Pour moi l'abandon à Dieu, signifie essentiellement l'abandon à ce qui est, l'acceptation profonde, l'accueil de tout ce qui se présente.
Je partage cette deuxième voie plutôt sous la forme du senti, de ce que j'appelle faire l'unité avec la forme qui se présente, quelle qu'elle soit d'ailleurs, Dieu, expérience, perception, pensée, concept, émotion, peur ou désir, afin de réaliser que "moi" et la "forme" sommes essentiellement faits de la même substance, de la même Présence, de la même vacuité, de la même lumière, de la même Conscience, du même Soi, qu'importent les mots, afin de réaliser que l'on est en essence le même Un, comme l'eau de l'océan prend momentanément et en apparence la forme d'un nombre incroyable de vagues toutes différentes les unes des autres.
Cela doit bien sûr être une expérience directe et non une simple compréhension d'ordre intellectuel. Au cours des séances d'accompagnement individualisées ou des stages nous prenons le temps de savourer l'unité en toute chose, toute expérience et toute émotion pour pouvoir se reconnaître en toute chose et réaliser la fameuse mahavakya de la Chandogya Upanishad : "Tat Tvam Asi" : "Tu es Cela" , que je traduis par "Tu es le Sans Forme prenant toute forme".
C'est un aspect souvent essentiel de l'enseignement non duel, souvent minimisé voire méprisé au détriment du Jnana yoga, le yoga de la connaissance et de la discrimination. S'abandonner à la souffrance, à la frustration, à l'impuissance et la sentir complètement, sans commentaires et sans comparaisons mentales, est un art de vivre, qui permet, lorsqu'il est pratiqué avec authenticité, une transposition dans le monde et au quotidien du pressentiment de notre vraie nature, présente en toute chose, ce que Jean Klein et d'autres appellent l'établissement dans le Soi.
L'abandon à ce qui est est implicitement la reconnaissance que je ne suis rien qui prend la forme de tout.
C'est donc une voie non duelle, pure, radicale, et absolue. C'est la voie de ceux que l'on appelle parfois les mystiques.
Ces quelques phrases de Thérèse de Lisieux montrent que la voie de la dévotion est aussi une voie directe menant à l'union avec le Rien du Tout, à la reconnaissance implicite de notre vraie nature.
L'amour de ce qui est balaye toutes les identifications erronées à l'idée et à l'impression d'être une personne séparée. Je ne connais pas toute son œuvre mais ces phrases sont des perles non duelles que j'avais envie de vous partager.
Mon Dieu, "je choisis tout". Je ne veux pas être une sainte à moitié, cela ne me fait pas peur de souffrir pour Vous, je ne crains qu'une chose c'est de garder ma volonté, prenez-la, car je choisis tout ce que Vous voulez.
Maintenant, c'est l'abandon seul qui me guide, je n'ai point d'autre boussole!... Je ne puis plus rien demander avec ardeur, excepté l'accomplissement parfait de la volonté du Bon Dieu sur mon âme.
Jésus ne demande pas de grandes actions, mais seulement l'abandon.
Oui tout est bien lorsque l'on ne recherche que la volonté de Jésus.
Toujours ce que le Bon Dieu veut m'a plu, au point que s'il m'avait donné à choisir c'est cela que j'aurais choisi.
Sainte Thérèse de Lisieux ( extraits de Sainte Thérèse de l'Enfant jésus, manuscrits autobiographiques)
En réalité la première phrase de la prière du Notre Père exprime cela parfaitement : "Que Ta volonté soit faite".
Je ne suis ni chrétien ni mystique, ni ceci ni cela, mais reconnaissons - la philosophie éternelle comme le disait Aldous Huxley - lorsqu'elle se présente, où qu'elle se présente.
Nous avons tous rencontré des expériences douloureuses sur différents plans. Et, lorsqu'il nous est donné de nous donner complètement à la souffrance, c'est à dire de la sentir complètement, vibratoirement, sensoriellement, tactilement, sans faire référence à la mémoire, ni aux associations mentales, sans en faire une histoire, sans étiqueter les sensations, aussi désagréables soient-elles, se révèle soudain une Présence, se révèle soudain que quelque chose en nous n'avait jamais été touché, que notre vraie nature de conscience, l'Espace de conscience dans lequel la souffrance naît et meurt, Lui ne naît pas et ne meurt pas avec la souffrance, mais qu'au contraire elle se révèle avec une acuité incandescente comme ayant toujours été là.
Je vous souhaite de vous donner entièrement à la souffrance, car c'est la porte la plus directe vers l'Amour que Vous n'avez jamais cessé d'être.
Amor fati
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