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samedi 29 août 2020

Extraits de l'"Anthologie du Shivaïsme du Cachemire", textes issus du Secret de Tripourâ.

Extraits de l'Anthologie du Shivaïsme du Cachemire
textes issus du Secret de Tripourâ


Mon ami David Dubois vient de sortir un livre plein de trésors chez Almora intitulé "Anthologie du Shivaïsme du Cachemire". Une belle surprise de l'été 2020. Merci à lui de traduire avec tant de talent depuis le sanscrit cette tradition non duelle pas très connue du grand public mais d'une richesse incroyable.

Une tradition magnifique à laquelle rend également hommage avec un talent rare Eric Baret, entre autre dans deux de ses chef d'œuvre "Corps de Vibration" et "Corps de Silence".
Dans l'excellent livre de David Dubois trouve des perles comme celles que je vous propose, toutes extraites du Secret de Tripourâ qui résonnent fortement avec la voie de la Vision Sans Tête de Douglas Harding, et l’affirmation de la tradition kataphatique chère à Ramana Maharshi et à Shankara entre autres : "Tu es le Soi", "aucune pratique n’est nécessaire", "tu es ce que tu cherches", mais également des enseignements du néo-advaïta si souvent décriée.

Mais les perles du livre viennent également de grands maîtres de cette tradition comme Somananda, Abhinavagupta et Ksméraja et Outpaladéva dont David a déjà traduit de nombreux textes.
Que ceux qui ont des oreilles entendent, et que ceux qui ont la langue affinée goûtent !
Nietzsche, en forçant un peu le trait peut-être, ne disait-il pas que le mot sage venait du mot "sapio" qui signifiait "celui qui goûte", si mon souvenir est bon ?
Mais qu’importe le véracité de l’exégèse philologique ! La sagesse est bien de savourer la vie sans à priori et sans savoir ...


Extraits :
« On ne peut pointer notre essence. Nul ne peut donc l’enseigner. Vois ton essence, vois-toi par toi-même, grâce à un intellect pur ! Le Soi est la lumière qui se manifeste à tous les êtres, depuis les dieux jusqu’aux animaux mais cette lumière n’est pas manifestée par ses manifestations. Elle est manifestée par tous et toujours à chacun, sans aucun moyen. Où, quand, comment et par qui pourrait-elle être décrite à la manière d’un objet, ne serait-ce qu’en partie ? Ce que tu me demandes c’est de te montrer tes yeux ! Un maître ne sert à rien pour (se voir soi-même), de même qu’on n’a pas besoin d’un guide pour voir nos yeux. Comment le plus grand des maîtres, fut-il un expert, pourrait-il nous montrer nos yeux ? »
Le Secret de Tripourâ, IX, 8-11
« Si le (Soi) n’était pas (toujours déjà) atteint, on ne serait pas soi-même. (Or) si on est « soi-même », c’est-à-dire si on est le Soi, comment pourrait-on ne pas l’avoir déjà atteint ? (Certes), On peut atteindre ce que l’on a pas atteint. (Mais) l’on ne peut donc atteindre le Soi. On ne peut s’atteindre soi-même, car on est soi-même, on est le (Soi). »
Le Secret de la Tripourâ, IX,69-71,75
« Tant que le sage cherche ou examine le Soi, il ne le trouvera pas, car le Soi n’est pas une chose qui peut être saisie. On ne l’atteint pas en allant au loin, car il est toujours déjà atteint en restant sur place. On ne le reconnaît pas en l’examinant, mais il se manifeste quand on cesse de l’examiner. Ce n’est pas en s’activant qu’on l’atteint, de même que ce n’est pas en courant que l’on ira plus vite que son ombre. C’est comme un enfant qui regarde le miroir aux mille reflets sans voir le miroir lui-même. Les gens voient le monde dans le miroir de leur Soi, dans le miroir d’eux-mêmes, sans se connaître eux-mêmes, parce qu’ils ne sont pas entraînés à cette vision. Un homme qui ignore ce qu’est l’espace voit le monde dans l’espace, sans voir l’espace. Il en va de même pour notre Soi qui est notre essence. Grâce à la vision subtile, on voit le monde qui n’est qu’un contenu de la conscience et qui n’est que conscience. Parmi ces deux aspects, la conscience est évidente, prouvée par elle-même. Sans elle, rien n’existe. Elle est la preuve des preuves. Elle est donc elle-même sans preuve. Comme elle ne dépend pas d’une preuve, elle est toujours déjà prouvée. Sa démonstration et sa réalisation ne dépendent pas de preuves ni de moyens ; il ne s’agit en aucun cas d’une réalisation qui dépend de moyens de réalisation. Celui qui ne comprend pas cela ne comprend ni la question ni la réponse car la conscience est indéniable, comme la surface du miroir infini (mahâ). »


Le Secret de Tripourâ, IX, 81-89
« Monsieur, dites-moi donc à quoi vous sert de fermer les yeux ? Que perdez-vous à les ouvrir ? Que gagnez-vous allez fermer ? Les ouvrir empêche-t-il d’atteindre quelque chose ? Les fermer permet-t-il d’atteindre quelque chose ? Ce domaine de la conscience ne peut être sondé en fermant ou en ouvrant les yeux. On ne l’obtient pas en faisant ou en ne faisant pas, en allant ou en n’allant pas quelque part ? Si l’ouverture des paupières, hautes de quelques millimètres, suffisait à cacher ce domaine, comment serait-il la plénitude ? Ah, quelle merveille, la puissance de votre égarement ! Que dire d’une pareil prodige ? Cette lumière dans laquelle des milliards de milliards de mondes planent comme en un recoin quelconque, Elle serait caché du simple fait d’ouvrir les paupières, haute d’un doigt ?…
Cet état que vous atteigniez, Pourriez-vous, à condition de fermer les yeux et certes votre essence, la pure conscience absolue. Elle est la surface infini du miroir magique où apparaît la totalité du Samsara. Où, quand est sous quelle forme est-elle absente ? Dites-le donc ! »
...
« Oubliez ce nœud du cœur(1) qui consiste à croire que quand je stoppe les pensées, alors « je vois ». Et aussi cet inextricable du « je ne suis pas cela ». Contemplez partout et toujours le Soi, pleine et entière félicité débordante. Contemplez le monde entier à l’intérieur du Soi, comme un reflet dans un miroir. Puis, sans plus méditer que « je suis le Soi, le Tout partout et toujours », atteignez ce qui demeure intime : l’état naturel savouré par l’état naturel. »
Le secret de Tripourâ X, 4-5, 17-21, 28-38
1) désigne l’intellect


« Assez de ce labeur stérile pour atteindre un brin de bonheur extérieur ! Je vais me jouer à jamais à savourer l’infinie félicité intérieure !…
Après avoir atteint cette certitude, je me replongeais à l’intérieur. Et c’est alors que surgit d’une réalisation encore meilleure : « Incroyable ! Mais d’où me vient donc pareil égarement ! Alors même que je suis cette plénitude débordante de félicité, pourquoi donc ai-je cette envie de fabriquer cette félicité, comme si elle était nouvelle ? Qu’ai-je donc besoin d’atteindre ? Que n’ai-je pas déjà atteint ? Où ? Quand ? Comment devrais-je atteindre ? Comment puis-je croire qu’il me faille attendre ce que je n’aurais pas encore atteint ! Étonnant ! Qu’ai-je donc à pratiquer, alors que je suis l’infinie félicité, la conscience elle-même ? Le corps, les sens et le mental sont tous comme des choses perçues en rêve. Tous les corps et les esprits sont mes corps et mes esprits, car je suis l’unique conscience indivise. Dès lors, à quoi bon contrôler l’un d’entre eux ? Car les autres esprit, qui ne sont pas contrôlés, sont aussi les miens ! Que me profite de contrôler l’un d’entre eux ! Car les autres esprits, qui ne sont pas contrôlés, sont aussi les miens ! Que me profite de contrôler l’un d’entre eux ? Contrôlés ou pas, tous les esprits apparaissent en moi. Même si tous les esprits étaient maîtrisés, nul ne contrôlerai, moi. Comment pourrait-on me stopper, moi qui suis plus vaste que l’espace infini ? Dès lors, comment un samâdhi serait-il possible en moi, qui ne suis que félicité ? À quoi bon une pratique, bonne ou mauvaise, pour moi qui suis félicité consciente plus pleine que la plénitude de l’espace ? À quoi bon une activité ou son absence pour moi qui suis plus vaste que l’infinité des corps ? Je n’ai absolument besoin d’aucune pratique, pas le moins du monde. Dès lors, pourquoi chercher à maîtriser mon corps et mon esprit alors que je suis un débordement de félicité, alors que je suis par nature entier, samâdhi ou pas ? Que le corps s’en tienne à ses activités habituelles ! Je suis toujours dans l’état naturel, plein de santé, établi en moi-même, temple de la félicité plus qu’infinie. Je suis lumière qui jamais ne s’éteint, je suis transparence plus que pleine. »



Belles lectures et belles éclosions à toi lecteur...

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1 commentaire:

  1. Merci pour ces extraits
    Le livre de David Dubois, Les 4 yogas est aussi un pur régal.
    Les deux livres Anthologie et les 4 yogas devaient être publiés ensemble.
    Cette tradition méconnue est vraiment magnifique.

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