Voici un extrait très pertinent d’un électron libre du 20 e siècle : Alan Watts. L’extrait provient de son livre « amour et connaissance ».
La spontanéité n’est en somme qu’une totale sincérité - la personne étant toute entière dans son acte sas la moindre réticence - à laquelle l’adulte civilisé n’est guère poussé que par un désespoir extrême, une souffrance intolérable ou l’imminence de la mort. D’où le dicton : « Le désastre de l’homme est l’occasion de Dieu ». Un sage hindou contemporain a coutume de déclarer que la première chose qu’il doit apprendre aux occidentaux qui viennent à lui est comment pleurer. Cette remarque montre que notre spontanéité se trouve inhibée non seulement par le complexe du Moi comme tel, mais encore par la conception anglo-saxonne de la virilité. Loin d’être une force, la rigidité et la durée masculines que nous affectons ne sont rien d’autre qu’une paralysie émotionnelle. Nous nous cramponnons, non parce que nous sommes maîtres de nos sentiments, mais parce que nous en avons peur, comme nous avons peur de tout ce qui, en nous, est symbole de féminité et d’abandon. Un homme subissant une paralysie émotionnelle ne saurait être un homme authentiquement viril, autrement dit capable d’établir une relation avec le sexe opposé - ce qui présuppose aussi quelque chose de féminin dans sa propose nature.
« Celui qui connaît la vérité mais contient la féminité deviendra un bassin où s’accumule toute la force du monde :
Comme il est un bassin pour le monde, il ne sera pas séparé de la force éternelle,
Et ainsi il peut retourner à l’état d’enfance (c’est à dire la spontanéité). »
Tao Te King, XXVIII
L’ingénuité de l’enfance, la simplicité sans fard sont l’idéal de l’artiste non moins que celui du sage, car elles consistent à accomplir l’œuvre d’art ou l’œuvre de vie sans la moindre trace d’affectation, sans être scindées en deux. Mais le chemin qui mène à l’enfant passe par la femme; il consiste à s’abandonner à sa propre spontanéité, à coïncider avec l’instant qui passe dans le cours sans cesse changeant de la nature.
C’est le « juste ce que l’on est » que désigne la locution hindoue de Tat Tvam Asi (« Tu es Cela ») et cela est le Brahman éternel au-delà de toute dualité. Une telle attitude est aussi éloignée de la maîtrise anxieuse de soi que de l’exhibitionnisme apprêté sur libertin qui se montre « tel qu’il est » afin de choquer ou d’attirer l’attention. Ses vices sont aussi hypocrites que les vertus du puritain. Il me souvient d’une soirée d’« d’avant garde », où plusieurs jeunes gens complètement nus donnaient l’impression d’être vêtus encore plus que les autres, faute sans doute d’avoir compris que la nudité est un état auquel on ne saurait de toute façon échapper. Nos peaux, vêtements, personnalités, vertus, vices, sont en effet aussi transparents que l’espace. Nous ne saurions y prétendre, et il n’y a personne pour y prétendre, puisque le Soi est aussi transparent que ce qui l’habille.
Voici un extrait du livre de Alan Watts : « Amour et Connaissance »
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