Feel it !




Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

dimanche 26 juin 2022

L’œil du cyclone


La relation entre le mental agité et la Conscience inconditionnée, le petit moi-je et le Soi, l’apparent personnage et le Réel, est un peu comme la relation entre la périphérie d’un cyclone et son œil. 


L’activité mentale est comme un cyclone ou un ouragan. Il a un centre, le Soi qui est immuable et une périphérie qui est chaotique.


Plus on s’éloigne du centre plus l’agitation et le chaos semblent régner. Le Soi est pure paix inconditionnée exactement comme l’œil du cyclone. Et cette paix n’est pas séparé de l’agitation de la périphérie.

Nos nœuds émotionnels et nos préférences constituent l’activité apparente du Soi, sa périphérie.


Le moment où nous sommes sans préférences, où nous ne faisons plus de distinctions, nous retrouvons naturellement l’Être immuable. Cela arrive de Soi-même. Rien ne peut le provoquer.

Rien à conquérir, rien à chercher, rien à atteindre, juste éviter d’avoir des préférences, comme Hui Neng qui lorsqu’il rencontra son maître qui lui demanda que cherches-tu et qui répondit : « Rien de particulier ».


En entendant cette réponse le 5e patriarche du Tchan en Chine (bouddhisme chinois) sut qu’il avait en face de lui quelqu’un doté d’une profonde compréhension intérieure. En jouant avec les mots anglais on pourrait dire innerstanding plutôt que understanding.


Hui Neng allait d’ailleurs devenir plus tard le 6 e patriarche du Tchan. 


Les satsang qui se donnent sont simplement des réunions informelles pour des êtres qui ont déjà la maturité de voir que rien dans le monde ou dans l’expérience ne pourrait leur donner le bonheur permanent qu’ils cherchent, qui ont le pressentiment qu’il n’y a essentiellement rien à perdre ni rien à gagner et, qui sont ainsi prêts à jouer pleinement, c’est à à dire à tout mettre en jeu, à se mettre en jeu, totalement, c’est à dire se rendre vulnérables au point d’avoir la bonne volonté de ne prendre aucune information pour acquis mais au contraire de remettre tout, absolument tout en question, et d’explorer la nature de la réalité directement, sans faire référence à la mémoire ou aux associations mentales. 


Quand cette compréhension devient vivante, l’agitation mentale s’apaise et la paix du Soi se réalise. Nous redevenons pleinement le Soi que nous n’avions jamais cessé d’être (sauf en imaginaire). Nous faisons Un avec toute chose, toute expérience, toute créature. L’illusion d’être un moi séparé s’évanouit. 


Une pratique qui m’a été en partie inspiré de l’enseignement de Nagarjuna, permet à tout être honnête de réaliser cette paix non duelle en quelques questionnements :


Si tu ne fais pas référence à la mémoire ni aux associations mentales, es-tu conditionné, inconditionné ou ni l’un ni l’autre ?


Si tu ne fais pas référence à la mémoire ni aux associations mentales, es-tu conscient, inconscient ou ni l’un ni l’autre ?


Si tu ne fais pas référence à la mémoire ni aux associations mentales, es-tu une créature, le créateur ou ni l’un ni l’autre ?


Si tu ne fais pas référence à la mémoire ni aux associations mentales, es-tu complet, incomplet ou ni l’un ni l’autre ?


Si tu ne fais pas référence à la mémoire ni aux associations mentales, es-tu doté de libre arbitre, ou sans libre arbitre ou ni l’un ni l’autre ?


Si tu ne fais pas référence à la mémoire ni aux associations mentales, es-tu une réalisé, ignorant de ta vraie nature ou ni l’un ni l’autre ?


Si tu ne fais pas référence à la mémoire ni aux associations mentales, sais tu qui tu es, ou ne le sais tu pas, ou ni l’un ni l’autre ?


Si tu ne fais pas référence à la mémoire ni aux associations mentales, sais-tu ce qui est juste, ou ne le sais tu pas, ou ni l’un ni l’autre ?


Sans faire référence à la mémoire ni aux associations mentales, c’est toujours ni l’un ni l’autre. Et vous pouvez alors sentir cette joie profonde de n’être pas localisé et d’être absolument sans préférence et donc sans identification. 


Héraclite disait :


Dans le cercle le début et la fin se rejoignent.


Jean Klein disait :




« Il n'y a nulle part où aller, le but est atteint à chaque instant, tu vas où tu es, sois libre. Tu dois comprendre que ton point de départ est ta présence au présent, et celle-ci en est en même temps le point d'arrivée. »


L’espace de ni l’un ni l’autre, cet espace sans préférence, est un Espace d’Inconnaissance, qui est tout sauf ignorance, c’est au contraire l’Espace même de Connaissance dont parlent les grands textes de non dualité.


C’est dans l’œil du cyclone que le Soi se révèle.

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