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Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

vendredi 8 février 2019

L'Esprit de la Vallée


"L'Esprit de la Vallée ne meurt jamais. On l'appelle la Femme Mystérieuse. Et la porte de la femme Mystérieuse et la fondation de laquelle surgissent le Ciel et la Terre. Elle est ici, avec nous, tout le temps. Abreuve-toi à cette source autant que tu veux, jamais elle ne se tarira. »

Lao Tseu, Le Tao Te King

Dans toute tradition spirituelle authentique, il y a cette invitation constante à refluer vers la source en nous, en amont des pensées et des perceptions. Ce constant rappel à réaliser que c'est en nous-même que se trouve le trésor caché, que Wei Wu Wei* appelait "le secret ouvert."

Toute pédagogie d'éveil authentique propose de détourner l'attention des perceptions, c'est à dire le mental (les pensées), les sensations-émotions (le corps) et les autres perceptions venant des 5 sens (le monde), et de la retourner à 180 degrés vers sa propre source. Toutes les techniques habiles, comme les nomment les bouddhistes, sont des pointeurs non duels qui visent à vous ramener à la maison, celle que vous n'avez en réalité jamais quitté, sauf en imaginaire. Ceci afin de réaliser que Vous êtes déjà ce que vous cherchez.

Comme l"Esprit de la Vallée, notre véritable nature est vide de forme C'est un espace ouvert pour tout ce qui se présente, et cet espace n'est jamais touché par les choses qui apparaissent en Lui et le traversent. 

Tel l'Esprit de la Vallée, notre nature véritable est une présence immaculée, immuable, impersonnelle et atemporelle, rendant possible la manifestation mais n'y prenant jamais part. 

Lao Tseu désigne le même endroit que le Christ lorsqu'il parle du Royaume qui est en Vous, que Ramana Maharshi lorsqu'il parle du Soi, des maîtres Zen parlant du Non Esprit, ou du lieu sans lieu que Maître Eckhart évoque dans son poème le Grain de Sénevé * comme "l'empreinte du désert". Cette vallée est plus proche de nous que notre veine jugulaire comme disait le Prophète. Elle ne meurt jamais car elle est immortelle, elle est Atemporelle Présence, l'éternel Maintenant, qui contient le temps et l'espace et toute la manifestation.

Cela m'a toujours émerveillé de voir combien des traditions spirituelles, religieuses ou philosophiques éloignés dans le temps et l'espace, ont parlé de la même possibilté pour l'homme de découvrir en lui un espace qui transcende le corps, le mental et même toute la manifestation.

L'esprit de la Vallée qu'évoque avec tant de douceur Lao Tseu est la Présence définition qui en nous accueille toute perception. C'est aussi ce que la célèbre Kéna Upanishad désigne par ce"ce par quoi". Kéna signifie justement en sanscrit, "ce par quoi" :

"Ce n'est pas ce que l'œil voit, mais ce par quoi l'œil voit, tel est le Brahman, et non cela que l'on honore comme tel."

De cette source mystérieuse, naissent pensées, sensations, perceptions, c'est à dire l'intégralité de la manifestation. N'est-ce pas émerveillant de réaliser que c'est de votre nature véritable, que se déploie tout l'univers qui n'est qu'une expression de vous. Vous êtes le Sans Forme prenant toute forme, voici ce que nous dit ce beau texte en exergue de Lao Tseu. Et cela rejoint la phrase célèbre phrase la Chandogya Upanishad : " Tu es Cela ( Tat Tvam Asi )", une des 4 grandes mahâvâkya * des Upanishad.

Et cette vallée ne doit pas être conquise après une longue saddhana, des restrictions, des pratiques, une vie monacale. Elle ne peut d'ailleurs ni être atteinte ni être perdue, car est ce que Vous êtes. Elle veille amoureusement en arrière plan, attendant juste d'être redécouverte.

C'est juste que par innattention, nous l'avons négligé puis oublié. En s'éveillant à cette Vallée, à cette source en nous, nous réalisons que nous pouvons nous y abandonner complètement, Lui faire absolument confiance, car Elle est la source unique de tout ce qui est. 


Je vous souhaite de tout mon cœur de réaliser l'Esprit de la Vallée en Vous, cette Femme Mystérieuse, et de vous y abandonner totalement.



Le grain de sénevé
Au commencement
au- delà du sens

Là est le Verbe .
Ô le trésor si riche
où commencement fait naitre
commencement !
Ô, le cœur du Père
d'où à grand-joie
sans trêve flue le Verbe !
Et pourtant ce sein là
en lui garde le Verbe. C'est vrai.

Des deux un fleuve,
d'Amour le feu,
des deux le lien
aux deux commun
coule le très suave Esprit
à mesure très égale
inséparable.
Les Trois sont Un.
Quoi, le sais–tu, non.
Lui seul sait ce qu'Il est.

Des Trois la boucle,
est profonde et terrible
ce contour- là
jamais sens ne saisira
là règne un fond sans fond.
Echec et mat
temps, formes et lieu !
L'anneau merveilleux
est jaillissement,
son point reste immobile.

Ce point est la montagne
à gravir sans agir.
Intelligence !
Le chemin t'emmène
au merveilleux désert,
au large, au loin,
sans limite il s'étend.
Le désert n'a ni lieu ni temps,
il a sa propre guise.

Ce désert est le Bien,
par aucun pied foulé
le sens crée
jamais n'y est allé :
Cela est ; mais personne
ne sais quoi .
C'est ici et c'est là
c'est loin et c'est près,
c'est profond et c'est haut,
c'est donc ainsi
que ce n'est ni ça ni ci.

C'est lumière, c'est clarté
c'est la tenèbre,
c'est l'innommé,
c'est l'ignoré,
libéré du début ainsi
que de la fin,
cela gît paisiblement
tout nu, sans vêtements.
Qui connait sa maison,
ah qu'il en sorte !
et nous dise sa forme.

Deviens tel un enfant,
rend toi sourd et aveugle !
Tout ton être devient néant,
dépasse tout être et tout néant !
Laisse le lieu, laisse le temps,
et les images également !
Si tu vas par le sentier étroit,
tu parviendras jusqu'à
l'empreinte du désert.

Ô mon âme,
sors ! Dieu entre !
Sombre tout mon être,
en Dieu qui est non-être,
sombre en ce fleuve sans fond !
Si je te fuis,
Tu viens à moi.
Si je me perds
Toi, je te trouve,
Ô bien suressentiel !
(Maitre Eckhart ; traduit du haut-allemand par Alain de Libera)


Les quatre mahāvākyas sont les « grandes paroles » ou « déclarations fondamentales » tirées des Upaniṣads qui sont censées les résumer. Elles affirment l'identité profonde entre l'homme et la totalité, identité qui sera l'un des fondements de l'hindouisme. Le mot sanskrit mahāvākya est composé de mahānt (grand, vaste, éminent) et de vākya (parole, propos, déclaration).
Le Sukarahasya Upanishad (XII) énumère ainsi les quatre mahâvâkya :
Prajnānam Brahma : La conscience est le Brahman. (Aitareya Upanishad, V.3):
Aham Brahma asmi : Je suis le Brahman. (Brihadāranyaka Upanishad, I.4.10):
Tat tvam asi : Tu es Cela. (Chhāndogya Upanishad, VI.8.7)
Ayam ātmā Brahma : Cet atmân est le Brahman. (Māndûkya Upanishad, II)
Les quatre mahāvākya énoncent une seule et même équation. D'un côté, il y a l'ātman, le principe de la conscience individuelle (dont le moi pensant n'est que la manifestation éphémère et toujours changeante). De l'autre, il y a le Brahman, le principe de la totalité (que la pensée ne peut concevoir mais seulement indiquer). La nature précise de cette identité entre ātman et Brahman fera par la suite l'objet d'explorations minutieuses et d'inlassables débats, dont les retombées, sous forme de courants parallèles et de systèmes successifs, contribueront elles-mêmes à l'élaboration de ce que l'on appelle aujourd'hui l'hindouisme.

Nota Bene : Pour ceux qui sont intéressés par un accompagnement individuel non-duel à Paris ou par Skype ou une séance d'accompagnement psycho-corporelle pour laisser éclore les émotions bloquées, veuillez me contacter au 06 63 76 90 81 ou sur mon mail : adnnn1967@gmail.com

Si vous voulez vous inscrire pour les rencontres non duelles (gratuit ou sur la base d'une participation en conscience) qui ont lieu de façon bi-mensuelle dans le 19e à Paris, écrivez-moi un sms sur le numéro ci-dessus.

1 commentaire:

  1. L'Esprit de la Vallée... magnifique ... gratitude pour tous vos beaux textes si inspirants pour nous chercheurs de Vérité...

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