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Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

lundi 14 août 2023

La langue sert à montrer ses propres limites

L’impression de dualité semble parfois être façonné par le langage qui nous enferme dans des concepts étriquées. Quand bien même la langue pointerait vers sa propre destitution, elle demeure un fragment de ce vers quoi elle pointe et ne peut en tant que telle révéler le mystère qui la transcende.

Mais la pensée la plus haute est tout de même celle qui pense ses propres limites. C’est la grandeur de la pensée  que de pouvoir penser sa propre folie des grandeurs, sa propre prétention démiurgique à trouver ce que l’on cherche réellement : la paix et la joie. 

 Ramana Maharshi disait que le concept vrai (Je suis le Soi) servait à se défaire des faux concepts (je suis une personne séparée)  telle une épine sert momentanément à enlever une épine enfoncée dans la chair, mais qu’après on devrait jeter l’épine guérisseuse et donc le concept non duel qui nous a permis de nous délivrer du faux concept pour ne pas se blesser avec. 

Car comme le dit l’Isha Upanishad : « S’identifier au Sans Forme nous fait tomber dans la torpeur »!

La non dualité de notre vraie nature peut parfois paradoxalement se révéler par le langage s’il expose ses propres limites et se joue de lui même, de sa propre absurdité, avec humour, avec tendresse, un humour avec un grand A.

Voici une petite perle non duelle de Jean Tardieu (1903-1995). 

Il est connu surtout comme auteur de théâtre qui s’intéresse à “la comédie du langage”, dans lesquelles il met eu jour les absurdités de nos conventions langagières. Il poursuit cette recherche avec le même humour dans son œuvre poétique. 

LE MÔME NÉANT 

(Voix de marionette, voix de fausset, aiguë, nasillarde, cassée, cassante, caquetante, édentée)

Quoi qu’à dit ?

- A dit rin.

Quoi qu’a fait ?

- A fait rin.

À quoi qu’a pense ?

- A pense à rin.

Pourquoi qu’a dit rin ?

Pourquoi qu’a fait rin ?

Pourquoi qu’a pense à rin ?

- À’xiste pas. 

Monsieur Monsieur, 1951, recueilli dans le Fleuve caché (Éditions Gallimard)




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