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Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

vendredi 2 mai 2025

Connaître, c’est pénétrer : Une vision non-duelle de l’intimité spirituelle

 Connaître, c’est pénétrer : Une vision non-duelle de l’intimité spirituelle




Dans notre langage courant, « connaître » et « pénétrer » sont deux verbes distincts. L’un évoque le savoir, l’autre un acte physique, parfois abrupt. Mais dans la langue hébraïque des origines, il n’en est rien. Là où notre esprit moderne sépare, la Bible unit. Et cette union des mots révèle une vérité initiatique : connaître et pénétrer sont une seule et même chose.


Le verbe hébreu ידע (yada), utilisé dans les Écritures, signifie aussi bien « connaître » que « s’unir charnellement ». Lorsque l’on lit dans la Genèse : « Adam connut Ève, sa femme, et elle conçut… » (Gn 4,1). 


Ceci n’est pas un euphémisme pudique comme je l’ai longtemps cru. C’est un enseignement profond : la véritable connaissance est une union.


Dans la perspective d’Annick de Souzenelle, cette “connaissance” ne concerne pas l’accumulation d’informations ou de concepts. Elle n’est pas mentale, elle est ontologique. Connaître, c’est entrer dans le mystère de l’autre, en être transformé, s’y reconnaître.


Ce que nous appelons aujourd’hui connaissance ressemble souvent à une prise de pouvoir. C’est comprendre et dans comprendre il y a prendre avec soi, posséder. Mais la connaissance hébraïque, biblique, gnostique et non duelle est en réalité un acte d’amour, un dépouillement réciproque, une pénétration mutuelle où le sujet et l’objet s’effacent dans une communion plus vaste.


Dans cette lumière, pénétrer n’est pas dominer, mais s’approcher avec respect du sanctuaire de l’autre. Pénétrer le réel, ce n’est pas l’analyser ou le disséquer : c’est s’ouvrir à sa profondeurs’y laisser toucher, traverser.  Un ami proche de Annick de Souzenelle pendant de longues années m’a confié récemment qu’elle traduisait le mot connaître dans la bible par : « Descendre amoureusement dedans »…



Et de la même manière, connaître Dieu, dans la Bible, n’est pas croire en un concept. C’est se laisser traverser par Lui.


Comme l’exprime Al-Hallâj, mystique crucifié pour avoir proclamé son union au Divin ( « Ana el haqq 

», je suis la vérité) : « Je suis Celui que j’aime, et Celui que j’aime est moi. »

Et encore : « Entre moi et Toi, il y a moi. Ô Toi, débarrasse-moi de moi, pour que je sois 


La tradition non-duelle — qu’on la trouve dans l’Advaita Vedānta, le soufisme ou la Kabbale — nous dit que le connaissant et le connu sont un seul et même Être. Ce que je connais vraiment, je le deviens. Et ce que je deviens vraiment, je le reconnais comme ce que j’ai toujours été.


« L’amant est le miroir de l’Aimé, et l’Aimé le miroir de l’Amant. »

— Ibn ‘Arabî


Cette réciprocité est aussi une consumation : « Tu ne peux connaître le Bien-Aimé tant que tu n’as pas été consumé par lui. »

(Rûmî)


Et du coup, l’expérience devient miroir :


« Ce que je cherche, c’est de me connaître dans l’autre, et l’autre en moi. »

— Ibn ‘Arabî


Le monde cesse d’être un objet. Il devient visage.


L’union des corps, quand elle est vécue dans cette conscience, devient elle-même un acte sacré. Car le corps ne ment pas : il sait que connaître vraiment, c’est s’unir, se donner, se recevoir.


Dans le silence de la chambre comme dans celui de la prière, ce qui se joue est toujours le même mouvement : me laisser pénétrer par ce que je croyais autre, jusqu’à m’y retrouver.


« Je ne suis pas moi-même. Je suis Toi. »

— Rûmî


« Ton esprit s’est mêlé à mon esprit comme le vin s’unit à l’eau pure. »

— Al-Hallâj 


La vraie connaissance ne passe ni par la logique ni par l’analyse. Elle jaillit d’un autre centre de perception : le cœur, cette porte nue où l’être s’ouvre sans défense. C’est lui qui reçoit la lumière, c’est lui qui reconnaît — par contact, par silence, par amour.


« L’œil avec lequel je vois Dieu est le même que l’œil avec lequel Dieu me voit. »

— Maître Eckhart


Dans cette vision, sans tête, il n’y a pas deux regards. Il n’y a que l’Un, qui se reflète, se pénètre, se reconnaît dans chaque forme. C’est ce qui se vit dans les expériences de la vision sans tête de Douglas Harding : en cessant d’imaginer que j’ai ici une tête, l’ouvert prend la forme de mon frère humain. Je ne puis trouver de distance entre l’ouvert et le visage de l’autre qui devient si intime qu’il est une expression de Moi-même. 


« Mon cœur est devenu capable de toutes les formes… Je suis la religion de l’Amour. »

— Ibn ‘Arabî


Ce cœur-là n’appartient plus à une identité. Il devient un temple sans mur, un chant sans voix, un espace d’hospitalité universelle.


« Le cœur est la porte. Pousse doucement. Il n’y a pas de verrou. »

— Lalla Yogîshwarî


La gnose véritable ne se force pas. Elle se laisse découvrir, comme un parfum intérieur. Il suffit d’oser entrer — et de consentir à être touché.


Toutes les traditions authentiques ont murmuré le même secret : l’ultime connaissance est une union, un passage de seuil, une étreinte sans contours. Qu’on l’appelle mariage mystique, extase silencieuse ou extinction dans l’Un, ce mystère est toujours vivant.


« Ô nuit plus aimable que l’aurore, ô nuit qui as uni l’Aimé avec l’amante, l’amante transformée en l’Aimé ! »

— Jean de la Croix


Ici, ce n’est plus le moi qui prie ou cherche, c’est l’Amour lui-même qui consume ce qui sépare.


« J’ai vu mon Seigneur avec l’œil du cœur. Je dis : Qui es-Tu ? Il dit : Toi. »

— Al-Hallâj


La question se dissout. Il ne reste que la clarté nue du Soi, sans nom, sans autre.


« Là où il y a dualité, l’un voit l’autre. Mais lorsque tout est vu comme Soi, qui peut voir qui ? »

— Brihadaranyaka Upanishad


Et soudain, le monde entier devient un miroir de ce qui ne s’est jamais séparé.


« Quand j’ai connu mon Soi, il n’y avait plus ni Toi, ni Moi. »

— Lalla Yogîshwarî


L’union mystique, ce n’est pas l’extraordinaire. C’est le réel dans sa lumière originelle, reconnu comme tel. Ce n’est pas l’extase passagère, c’est la simplicité radicale de l’être —  tranquille du cœur libéré, rythme de l’éternel


Ce n’est pas un hasard si les mystiques parlent d’union, d’étreinte, de noces divines. Le verbe de la connaissance est un verbe d’amour.

Il ne s’agit pas de comprendre, mais de participer. D’entrer dans l’intimité du réel jusqu’à ce que toute séparation tombe.


L’Évangile de Thomas exprime cette vérité avec force :


« Quand vous vous connaîtrez, alors vous serez connus, et vous saurez que vous êtes les fils du Vivant. »

— Évangile de Thomas, logion 3


Et plus loin, il évoque le mystère de l’unité retrouvée :


« Je vous choisirai, un entre mille, deux entre dix mille, et ils se tiendront debout, étant un seul. »

— Évangile de Thomas, logion 23


À chaque fois que je connais, je suis connu.

À chaque fois que je pénètre, je suis pénétré.

Et dans ce miroir sans fin, il n’y a plus que l’Être qui s’éveille à Lui-même.


C’est pour cela que Ibn Arabi disait :


Dieu dort dans le rocher. Dieu rêve dans la plante. Dieu bouge dans l’animal. Dieu s’éveille dans l’Homme. 

dimanche 27 avril 2025

Tat Tvam Asi ( Cela Tu l’Es)

 


Sens que ce que tu es véritablement n’a pas commencé avec ta naissance et ne finira pas avec ton dernier souffle comme ce visage dans le miroir. Ce que tu es n’est pas un corps limité. Ce que tu es est l’espace-même où ce corps apparaît.


Laisse toute pensée de limite et croyance sur toi-même apparaître et disparaître dans l’Ouvert.


Et re-dé-couvre (cesse de couvrir) l’Ouvert, libre, sans centre ni bord, conscient. 


Tu n’es pas dans le monde… Le monde est en toi.


Ce que tu es regarde depuis nulle part et accueille tout partout.


Reste ainsi… simplement… Demeure… Sans effort… 


Ramana Maharshi disait :


“Ce n’est pas vous qui voyez le monde, c’est la lumière de la Conscience qui illumine le monde et se prend pour vous.”


Attention ! Ce n’est pas l’ouvert qui rencontre un monde qui serait déjà là !

Mais c’est le monde, ce corps-ci et les pensées qui littéralement apparaissent dans cette Présence ouverte et transparente et sont donc littéralement faites, constituées,  de l’Ouvert !


L’Ouvert module en tant que cette pensée-ci , cette sensation-ci, cette couleur-ci, ce désir-ci, cette peur-ci, ce monde-ci, cette expérience-ci, cette perception-ci…


Je suis le Sans Forme qui prend toute forme. 


Ce que Tu es vraiment n’est pas caché.

C’est si évident que c’est ignoré. Tu es ce secret ouvert dont parlait Wei Wi Wei. Reconnais-le !

Quand ? Maintenant !

Où ? Ici ! 

Et ton être est Ici Maintenant. Ici Maintenant Être sont synonymes d’un même mystère, d’une seule et même nature, d’une seule et même évidence. 


Tat Tvam Asi. Tu es Cela. (Grande sentence de la Chandogya Upanishad). 


Vis, pense et agis à partir de l’Ouvert, et tout te seras donné par surcroît nous dit l’évangile de Mathieu. 


l’Évangile selon Matthieu, chapitre 6, verset 33 (Matthieu 6,33)


“Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît.” 



Paix et amour 

lundi 14 avril 2025

Vais-je bientôt réaliser le Soi ?

 


Après avoir fait la méditation contemplative du Satsang d’hier soir où nous explorions la nature véritable de JE, une amie me demanda par mail : Est-ce que tu crois que je vais bientôt réaliser le Soi ? Comme je n’ai pas cru à une simple boutade je lui ai répondu :

Tu n’as jamais été autre chose que le Soi Sandra. Ce que tu appelles “réaliser le Soi”, ce n’est pas devenir autre chose. C’est voir que tu n’as jamais été séparée.

Ce n’est pas une réalisation dans le futur, c’est un voile qui tombe ici, quand le regard se retourne vers ce qui en ce moment perçoit, quand la quête s’épuise, quand l’écoute devient si fine qu'elle se confond avec le silence avant même le mot “je”.

Tu n’as pas besoin d’atteindre le Soi. Tu es déjà Cela. Mais parfois, le cœur a besoin de brûler un peu plus, les constructions mentales doivent encore craqueler, l’amour de la vérité doit devenir plus fort que la peur de lâcher.

Alors “bientôt” ?

Peut-être.

Mais dans l’absolu… c’est déjà fait. Ce que tu es, tu l’es avant de le savoir. Et ce que tu crois ne pas encore être, t’écoute avec une infinie tendresse, à travers ces mots.

Que ton seul désir soit celui de voir, sentir, vivre, entrer en relation avec le monde et les apparents autres encore et encore à partir de cette écoute consciente et aimante qui ne juge pas et ne compare pas. 

Amor Fati 

Dan 


mardi 8 avril 2025

Non dualité, douleur et maladie


La douleur physique et émotionnelle sont inévitables. Mais il n'est pas nécessaire de s'infliger la double peine qui consiste à résister psychologiquement à ce qui a déjà lieu ou de vouloir autre chose (se tendre en imaginaire) vers un ailleurs qu'ici et un plus tard que maintenant.

Autrement dit, la souffrance psychologique n'est pas nécessaire et elle vient toujours d'une méconnaissance de notre vraie nature non duelle que l'on peut comme ici investiguer par la voie du sentir et/ou la voie de la connaissance.

On réalise alors que la douleur n'est pas douloureuse ou formulée d'une autre façon ; Je n'apparais pas dans la douleur mais la douleur apparaît en moi. La part de la douleur générée par la résistance psychologique à la douleur (la croyance que par exemple la douleur ne devrait pas être là) se dissout.

Parfois cette dissolution enlève une partie de la douleur voire la totalité de celle-ci. Il est nécessaire pour cela d'explorer cela affectueusement par la voie du sentir et d'oser entrer en intimité avec la pure tactilité du corps, la vibration, la densité, les zones de tension, de chaleur ou de froid, les pures sensations, sans commentaires et sans comparaisons. Cela se fait parfois par étapes, car il y a parfois de nombreuses couches de croyances sur une simple sensation de douleur ou une émotion refoulée.

En tout état de cause la non dualité et l'investigation de ta véritable nature ne guérissent uniquement de la souffrance liée à l'illusion de séparation.

Voir vidéo ci-dessus…