Elle ne mesure rien, ne compare rien, ne coche aucune case. Elle ne fonctionne pas à la récompense ni au mérite.
Elle est. Simplement. Sans condition et sans attente.
La Présence est là, bien avant que tu ne la reconnaisses.
Elle est là dans l’agitation du matin, quand tu t’habilles à la hâte, quand tu perds patience avec ton enfant.
Elle est dans les miettes sous la table, dans les papiers administratifs qui s’amoncellent, dans la vaisselle sale toujours dans l’évier quand tu rentres le soir après une journée éprouvante au travail. Elle est dans l’oubli, dans la maladresse, et même dans l’enfer pavé des bonnes intentions jamais récompensées.
La Présence ne demande ni silence intérieur ni clarté spirituelle. Elle n’exige pas que tu sois inspiré, paisible ou éveillé. Elle est ce qui embrasse chaque vague, même brouillonne, même violente - comme l’eau de l’océan qui épouse toute vague sans jamais s’y identifier exclusivement, imprégnant chaque crête, chaque creux, sans jamais préférer une vague plutôt qu’une autre.
Tu n’as pas à exceller pour qu’elle soit là. Tu n’as pas à être stable, aimant, généreux. Tu peux oublier tout ce que tu croyais savoir sur l’amour ou la vérité :
la Présence demeure la substance même de toute pensée, tout sentiment, toute forme.
Elle est là quand tu dis trop, quand tu regrettes, quand tu doutes, quand tu désespères de ne pas changer le cours des choses, quand tu voudrais faire mieux mais que tu ne parviens pas à te corriger.
Et parfois, tu regardes en arrière. Tu repenses à certaines périodes de ta vie.
Tu vois les zones sombres, les chemins de traverse, les trahisons, les virages mal négociés et l’apparente absurdité d’une existence humaine habitée par les contradictions.
Et peut-être qu’alors tu te dis : « Là, j’étais seul. Là, il n’y avait rien pour me porter. »
Tu as peut-être déjà entendu parler de cette histoire, écrite par une jeune femme, Margaret Fishback Powers, en 1964.
Dans un rêve, elle marche sur la plage avec le Seigneur. Sa vie défile, scène après scène, et à chaque instant, deux empreintes de pas se dessinent sur le sable : les siennes… et celles de Dieu.
Mais aux périodes les plus rudes, il n’y a qu’une seule trace. Alors elle demande : « Tu m’avais promis de marcher avec moi chaque jour. Pourquoi, dans les pires moments, ne vois-je plus qu’une seule empreinte ? Où étais-tu ? »
Et la réponse vient, simple, inébranlable :
« Mon enfant chérie… ces jours-là, je te portais. »
La Présence ne se manifeste pas toujours comme tu l’attends. Elle ne vient pas te consoler à grand renfort de lumières ou de chant d’anges. Elle est ce qui porte, ce qui traverse, ce qui imprègne silencieusement chaque perception et chaque expérience.
Ce n’est pas une expérience exaltée ou exotique, ni une force extérieure descendue d’en haut. C’est ce qui te tient debout quand tu ne tiens plus. Ce qui te fait respirer encore quand tu as tout lâché.
Tu peux douter, hurler, ou fuir, la Présence ne se contracte pas. Tu peux tomber dix fois, cent fois : rien ne t’éloigne d’elle. Car rien n’est en dehors d’elle. Réalises simplement que toute expérience apparaît dans la Présence, est connue par Elle et ultimement également faite d’Elle.
Et chaque fois que tu cesses de prétendre, chaque fois que tu t’abandonnes, même un instant, chaque fois que tu dis simplement : « Je ne sais plus, mais je suis là »,
elle se révèle dans toute sa splendeur.
Ce n’est pas une expérience nouvelle, mais ce que Tu es ultimement, ta véritable nature qui n’avait jamais cessé d’être sauf en imaginaire. Et dans mon expérience intime cette Présence omniprésente n’est pas seulement un vide intersidéral mais une présence aimante.
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