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Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

lundi 27 janvier 2020

Invitation pratique et poétique au nirvana ou l'art de mourir à ce que nous ne sommes pas

Invitation pratique et poétique au nirvana
ou l'art de mourir à ce que nous ne sommes pas



Nirvana est un concept issu de l'hindouisme, du jaïnisme et du bouddhisme qui signifie « extinction » (du feu des passions et de l'ignorance de notre vraie nature) ou libération (du samsara ou du cycle des réincarnations).

Ce qui s'éteint c'est juste une apparence. L'éveil spirituel est une reconnaissance de l'essence dans l'apparence, l'éternel dans le transitoire, le réel dans l'illusion, la corde dans le serpent.

Une façon de déconstruire l'identification au corps, source de toutes nos souffrances, et d'utiliser l'imagination de façon ludique et créative pour célébrer le Sans Nom. Il y a de nombreuses pratiques au cœur du tantrisme shivaïsme du Cachemire qui permettent de consumer ce que nous ne sommes pas, pour nous éveiller à la spatialité de notre vraie nature.

On trouve par exemple dans le Vijnana Bhairava Tantra (52-53), qui propose 112 micropratiques pour s'éveiller à notre vraie nature, cette stance :

"En méditant sur la forteresse de son propre corps, comme consumée par le feu du temps qui se déploie depuis le gros orteil droit, un état de quiétude finit par s'installer. De même, en imaginant l'univers entièrement calciné, avec un mental tranquille, la plus haute condition humaine sera réalisée."

Un des plus beaux yoga que je connaisse sont ceux qui ont traits à la dissolution. Ce qui se dissout dans ce yoga n'est pas le corps physique mais le corps imaginaire et notre sentiment d'appartenance, notre identification erronée à ce corps, notre croyance fallacieuse et source de douleur qui consiste à se prendre pour un individu séparé et doté de libre arbitre.

Il s'agit de s'asseoir ou de s'allonger dans un endroit où vous ne serez pas sollicité pendant une dizaine ou une vingtaine de minutes au minimum.

Tout en fermant les yeux, vous vous représentez votre corps tel que votre mental vous le reconstruit en imaginaire. Puis, lentement vous "scannez" chaque partie du corps, en partant des orteils jusqu'à la tête en associant à chaque partie du corps ressentie les mémoires qui y sont associés. Par exemple en mettant l'attention sur les pieds je me souviens de la course à pieds nus sur le sable un été en corse, en pensant aux gros orteils je pense à toutes les fois où l'ongle a pris un bleu au football et qu'il a fini par tomber. En pensant au genou, je pense à une ancienne tendinite. Aux jambes dans leur ensemble à la joie de danser que j'ai éprouvé à maintes reprises par exemple. À la poitrine, je pense aux délicates caresses d'une amante dont le nom m'a échappé etc... Vous faites ce balayage en vous arrêtant sur chaque partie ressentie. Si une mémoire vous revient c'est bien, sinon vous poursuivez le balayage vers la tête de façon purement sensorielle. Le voyage jusqu'à la tête vous prends entre 2 et 10 mn selon le temps dont vous disposez et les mémoires qui surgissent lorsque l'attention accueille telle ou telle partie corporelle. Vous n'essayez pas de forcer l'association de la partie corporelle scannée avec une mémoire mais si la mémoire surgit vous l'accueillez dans cette attention sans choix. Arrivé à la tête, en haut de la fontanelle, vous repartez au gros orteil et toujours les yeux fermés, vous visualisez que vous y mettez le feu !

Je vous invite à pratiquer ce yoga libérateur et devenir votre propre incendiaire, pour réaliser que l'Espace dans lequel le corps le mental et le monde semblent apparaître et disparaître, et éveiller en vous ce qui ne meurt pas.

Et, vous laissez l'orteil puis la plante du pied, le dessus du pied, le talon, la cheville s'enflammer. Le feu progresse jusqu'en haut de la jambe puis vous mettez le feu à l'autre gros orteil qui se répand progressivement dans la deuxième jambe pour rejoindre l'incendie allumée dans la première. Le feu se propage jusqu'au bassin, bas-ventre, ventre, bas du dos, milieu du dos, colonne vertébrale, plexus solaire, cœur, poitrine, trapèzes, épaules. Les flammes descendent dans les bras jusqu'à l'extrémité des doigts puis le feu embrase la nuque et la tête. Vous visualisez le visage qui se décompose sous l'action des flammes. Tout votre corps imaginaire n'est plus qu'un immense brasier. Bientôt, il ne reste qu'un morceau de charbon ardent qui finit par se calciner complètement; jusqu'à devenir un tas de cendres.

Lorsque votre corps est totalement réduit en cendres, vient un vent frais qui les disperse dans les 6 directions. Bientôt il ne reste rien.

Il ne reste plus que l'espace. Un espace ouvert et une Présence consciente. Tout à l'heure il y avait un corps avec son histoire. Maintenant il ne reste que l'espace dans lequel ce corps était apparu.

Ressentez ce que cela fait que d'être cet espace. Goûtez le pleinement et savourez….!

En apparence violent, ce yoga est pourtant l'un des plus doux que je connaisse. Faites-moi part de vos expériences et de vos observations...


Cela me rappelle ce très beau texte de Al Amir Abd el Kader :

Allah-qu'II soit exalté!- a dit:

"N'est-ce pas à Allah que toute chose retournera ?" (Cor. 42: 53)

"C'est à Lui que tout reviendra" (Cor. 11: 123)

"Et vous serez ramenés à Lui" (Cor. 10: 56)

"C'est à Lui que vous reviendrez" (Cor. 6: 60)

ainsi que d'autres paroles analogues.

Sache que le devenir de toute chose la reconduit à Dieu et que c'est à Lui qu'elle retourne. Ce retour à Lui des créatures se produit après la Résurrection, et cette dernière fait suite à l'anéantissement des créatures. Mais, comme l'a dit le Prophète - sur lui la Grâce et la Paix !- "Celui qui meurt, pour lui le jour de la Résurrection s'est déjà levé."

Or il y a deux sortes de morts: la mort inévitable et commune à tous les êtres et la mort volontaire et particulière à certains d'entre eux. C'est cette seconde mort qui nous est prescrite dans la parole de l'Envoyé d'Allah: "Mourez avant de mourir." Celui qui meurt de cette mort volontaire, la résurrection pour lui est accomplie. Ses affaires reviennent à Dieu et ne sont plus qu'une. Celui-là est revenu à Dieu et il Le voit par Lui. Ainsi que l'a dit le Prophète - sur lui la Grâce et la Paix !- selon une tradition mentionnée par Tabarani: "Vous ne verrez pas votre Seigneur avant d'être morts"; et cela parce que, dans la contemplation de ce mort-ressuscité, toutes les créatures se sont anéanties, et que pour lui ne subsiste qu'une seule chose, une seule Réalité. Tout ce qui sera le lot des croyants dans leurs états posthumes est préfiguré à un degré ou à un autre dès cette vie pour les initiés. Le "retour" des choses-considérées sous le rapport de [la diversité de] leurs formes - à Allah, au terme de leur devenir, n'exprime qu'un changement de statut cognitif et non point une modification de la réalité. Celui qui meurt et pour qui s'accomplit la résurrection, pour celui-la, le multiple est Un, en raison de son unité essentielle; et l'Un est multiple en raison de la multiplicité en Lui des relations et des aspects.

Les essences (al-a'yan) - que certains appellent aussi les substances (al-jawahir) - ne disparaissent jamais. La "création nouvelle", qui est permanente en ce monde et dans l'autre, concerne seulement les formes, qui ne sont que des accidents. Et tout ce qui n'est pas l'Être absolu - qui appartient à Dieu- est accident."

                          
 Mawqif 221 

Kitab Al Mawaqif
Écrits
spirituels présentés et traduits de l'arabe
parMichel Chodkiewicz



En tombant sur ce poème de Vincente Huidobro, j'ai reconnu la même invitation à mourir à ce que nous ne sommes pas pour renaître à notre vraie nature atemporelle :

"Ne vois-tu pas que tu tombes déjà?
Lave ta tête des préjugés et de la morale
Et si voulant t’élever tu n’as rien atteint
Laisse-toi tomber sans freiner ta chute sans peur au fond de l’ombre
Sans peur au fond de ta propre énigme
Tu trouveras peut-être une lumière sans nuit
Perdue dans les crevasses des précipices.
Tombe
Tombe éternellement
Tombe au fond de l’infini
Tombe au fond du temps
Tombe au fond de toi-même
Tombe aussi bas qu’on peut tomber
Tombe sans vertige
A travers tous les espaces et tous les âges
A travers toutes les âmes tous les désirs tous les naufrages
Tombe et brûle en passant les astres et les mers
Brûle les yeux qui te regardent et les cœurs qui t’attendent
Brûle le vent avec ta voix
Le vent qui se mêle à ta voix
Et la nuit qui a froid en sa grotte d’os
Tombe en enfance
Tombe en vieillesse
Tombe en larmes
Tombe en rires
Tombe en musique sur l’univers
Tombe de ta tête aux pieds
Tombe de tes pieds à ta tête
Tombe de la mer à la source
Tombe dans l’ultime abîme de silence
Comme le navire qui sombre en éteignant ses lumières "


Altaigle (extraits), par Vicente Huidobro.

Chant 1 (extrait)



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1 commentaire:

  1. ...les orteils ont commencés à s'enflammer sous ta guidance et puis plus rien d'une" Maria" pour témoigner de la suite jusqu'à ce le son de ta voix émerge à nouveau en ma conscience et réalise une disparition totale durant la crémation et néanmoins paradoxalement d'une régénérance bénie...


    O vent frais
    Balaye ce qui n'a jamais été
    que cendres...

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