Le mot problème vient du mot latin problema emprunté au grec ancien próblêma signifiant ce qui est devant nous, ce qui est lancé en avant ou "obstacle".
Toi, en tant que ce que tu es vraiment, Espace de conscience, n’a aucun problème.
De même que l’Espace de cette pièce n’a pas de problème avec les meubles et les créatures qui apparaissent en lui, de même Toi, en tant que Présence consciente, n’a pas et n’a jamais eu de problème avec les perceptions (pensées, sensations, expériences) car cet Espace conscient a déjà dit OUI à tout ce qui se présente.
D’abord parce que cet Espace de Conscience n’a pas en lui-même de mécanisme de refus, mais surtout parce que tout ce qui apparaît en Lui est une expression de ce même Espace. Chaque expérience est en réalité la forme que prend le Sans Forme dans l’instant, de la même façon que les vagues à la surface de l’océan sont toutes faites de la même eau.
Refuser une expérience serait comme pour l’eau de refuser de prendre la forme de telle ou telle vague.
Ce n’est donc jamais Vous qui résistez à un problème c’est simplement la pensée. La pensée semble momentanément prendre le pouvoir. Comment ? Parce que Tu y crois, Tu fais semblant de la croire vraie. Tu crois la pensée : « ceci ne devrait pas arriver », « ce n’est pas juste », je ne mérite pas cela », « il aurait pu agir autrement », "on ne devrait pas parler comme ça aux enfants » etc...
Dés que la pensée est crue, le problème semble réel. Il semble apparaître devant moi, et donc comme étant réellement séparé de moi.
C’est toujours la pensée ou l’émotion qui apparaît au sein de l’espace conscient qui résiste à l’expérience de l’instant. Et, lorsque cette résistance apparaît, elle semble alors réduire le Soi atemporel et illimité que Tu es ultimement en une petite personne séparée et le monde ou la vie en un problème.
Lorsqu’il n’y a pas de résistance à ce qui est, il y a une intimité spacieuse où il n’y a pas de place pour un sujet et un objet. C’est juste une pure expérience d’aperception.
Le problème n’existe que parce que deux objets séparées (pensées, impressions, perceptions) semblent batailler l’un contre l’autre. Les problèmes ne viennent que de la pensée. Une pensée qui résiste à une situation, à une perception, à une sensation ou une émotion ou tout simplement à une autre pensée.
Bob Adamson, dit Bob The Sailor, disciple de Nisargadatta Maharaj à titré un de ses livres : « Où est le problème si vous n’y pensez pas ».
De même, l’investigation-méditation Neti Neti que je propose en m’inspirant de l’enseignement très radical de Nagarjuna commence par :
Si vous ne faites pas référence à la mémoire, ni à la pensée,
- Y a t il un problème
- N’y a t il aucun problème
- Où ni l’un ni l’autre ?
Le truc incroyable, il suffit de le voir, toutes ces pensées de résistance ne sont que des perceptions transitoires apparaissant disparaissant en nous, en cette Présence atemporelle et impersonnelle.
En réalité les soi-disant problèmes ont tous une même source : l’ignorance de notre vraie nature.
La personne ne voit jamais rien. Elle est perçue. C’est donc que la séparation et les apparents problèmes n’existent que du point de vue imaginaire. Dans l’expérience directe, sans faire référence à la mémoire, nulle trace de séparation ? Ou alors montrez-moi où se termine la personne et où commence l’expérience ou le problème ?
Notre vraie nature ne connaît que la pure intimité de l’expérience directe à 0 cm. Et tout apparaît en Elle, en nous en moi, en ce que je suis vraiment à 0 cm. Et, si Vous n'êtes pas convaincus, cherchez dans l'expérience directe (sans faire référence à la pensée) où Vous, Présence conscience Vous arrêtez et où commencent ces mots, ces sons, ces sensations, ces odeurs, ces pensées ?
Notre vraie nature tel l’écran au cinéma, n’est jamais séparée de l’image sur l’écran. L’image est l’écran. L’écran imprègne chaque pixel du film, quel qu’il soit. L’écran ne prend pas partie pour un personnage ou un autre. L’écran n’a pas de préférence pour le sens du scénario. Il accueille aussi bien les films dramatiques, comiques, documentaires, érotiques, ou d’horreur. Lorsqu’un personnage saigne dans le film, l’écran ne saigne pas. Lorsque un personnage ou un objet semble se déplacer dans le film sur l’écran, l’écran ne bouge pas, il demeure immuable.
De même, comment notre vraie nature pourrait-elle vouloir que l’expérience ou l’apparent problème disparaissent ?
Comment notre vraie nature atemporelle pourrait-elle même vouloir se débarrasser du sentiment de séparation puisqu’elle ne voit pas de séparation entre Elle et les pensées, Elle et le monde.
La Conscience ne connaît même pas le mot problème.
C’est uniquement lorsque la Conscience se contracte en la croyance et l'impression d'etre un moi séparé qu’une une situation en réalité neutre peut soudainement sembler être un problème.
Or, est-il possible de résoudre un problème qui n’existe pas ? Lorsque vous accordez de l’attention aux problèmes vous semblez au contraire les rendre réels. Ce mécanisme doit être réalisé.
Sans résistance à ce qui est, sans croyance en l’activité mentale de résistance à ce qui est, il y a simplement ce qui est, tel quel, point barre. Nul problème à l’horizon.
Bien évidemment, in fine, toute action requise par le corps-mental se fait en temps et en heure en tant que l’expression de votre vraie nature.
Il se peut que le corps-mental ait à répondre à tel ou tel événement. Il y répond avec l’énergie exigée par la situation mais le petit moi imaginaire n’est en rien présent dans cette réponse. Toute pensée et toute action ont toujours eu lieu d’elles-mêmes, spontanément, sans l’aval ou le non aval d’un moi illusoire.
On trouve dans le 5ème chapitre de la Baghavad Gita, la voie du karma yoga ( a voie de l'action impersonnelle) parfaitement explicitée :
17. Car il faut être au fait de l’action, au fait de l’action dévoyée, au fait de l’inaction. Les sentiers de l’action sont mystérieux.
18. Celui qui sait voir l’inaction dans l’action et l’action dans l’inaction, celui-là est sage entre les hommes ; tout en agissant sans restriction, il reste fidèle au yoga.
19. Celui qui, quoi qu’il fasse, n’obéit jamais au désir ni à un calcul d’espérance, les gens sensés le considèrent comme un sage dont les actions sont brûlées au feu de la connaissance.
20. Indifférent au fruit de l’action, toujours satisfait, libre de toute attache, si affairé qu’il puisse être, en réalité il n’agit pas.
21. Sans désir, l’esprit dompté, ayant renoncé à rien posséder, n’accomplissant que matériellement les actes, il ne contracte aucune souillure.
22. Satisfait de ce que le hasard lui apporte, également supérieur à toutes les perceptions, libre de tout égoïsme, indifférent au succès ou à l’insuccès, même en agissant il n’est point lié.
23. Pour qui, affranchi de tout attachement, délivré, la pensée solidement assise dans la vérité, s’emploie aux œuvres du sacrifice, toute activité se dissout en néant. »
Le corps-mental jouera simplement son rôle avec d’autant plus d’efficience pour répondre à un apparent problème, que la croyance illusoire et surtout l’impression d’être un moi séparé sont dissoutes.
Les actions menées sans référence à un moi personnel ne laissent pas de trace dans le corps-mental, qui préserve alors ses qualités naturelles.
Les autres et le monde ne sont plus vus comme un problème mais comme une expression de nous-mêmes, la Vie n’est plus perçue comme « un problème à résoudre mais comme un mystère à vivre ».
Il y a là absolu détachement ET intimité absolue.
Amor Fati
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