On me pose souvent la question s’il est possible de voir le non-manifesté.
Mais n’est-ce pas cela même que nous sommes en train de voir ? Si Dieu est Dieu alors il est Un et il est aussi toute chose. Ainsi, nous pourrions dire que tout ce que nous voyons est Dieu.
Dans notre rêve nocturne nous avons plein de perceptions différentes. Des personnages, des décors, des situations, des scénarios et des perceptions très variées. Mais au fond c’est vous-même que vous percevez. Car qu’est-ce que le contenu du rêve sinon la conscience même du rêveur ?
De même tout ce que nous percevons dans l’état de veille ne sont pas des objets autonomes et séparés faits de substances différentes. La pensée dualisante établit sans cesse des distinctions et c’est uniquement elle qui a imaginé un Dieu créateur du monde et séparé de lui et de nous.
Dés que nous cessons de penser le monde comme fragmenté un silence abyssal se révèle.
Il se trouve que ce silence est profondément joyeux. Le silence ne vient de nulle part, il est déjà là en arrière plan de toute pensée, parole, perception, expérience. Il est non localisé. Et tout ce qui n’est pas localisé est joyeux, profondément joyeux. C’est la joie sans objet c’est à dire qui ne dépend d’aucune expérience. Elle est inconditionnée et omniprésente.
Les yogis hindous utilisent le concept trinitaire de SatChitAnanda pour décrire l’indescriptible, BRAHMAN, la Réalité ultime : Être Conscience Félicité.
Ainsi la félicité - ou l’absence de manque -est la marque indélébile de notre vraie nature.
Cette joie se révèle pleinement aussitôt que cessons de croire qu’elle est absente. La croyance en son absence est juste une illusion, de l’ignorance, et provient d’une absence d’investigation.
Cette illusion ou cette ignorance peut être dissoute par la connaissance. Et, la connaissance vient de la reconnaissance de qui nous sommes vraiment vraiment.
Pour se reconnaître sur un plan profond, il nous suffit de ramener la flèche de l’attention à 180 degrés vers ce qui en nous est conscient de tout ceci.
Avec ce basculement du regard - depuis ce qui est regardé vers ce qui en nous regarde - nous redécouvrons en arrière plan de toute expérience, un regard et une écoute absolument impersonnels et atemporels.
C’est Dieu qui regarde à travers nous et contemple sa propre création.
Dans ce fond sans fond, dans le tréfonds de chacun de nous, il nous est possible de réaliser qu’il n’y a que Lui, Cela, le Soi, Je, ou cette Présence non duelle. Au fond il n’y a que l’Un qui se voit partout. Et Vous êtes ce Un totalement détaché et pourtant en intimité avec chaque pixel de la manifestation.
Ultimement, c’est à dire maintenant, Vous êtes déjà le non manifesté qui se manifeste ainsi, le Sans Forme qui prend toutes ces formes-ci.
Une chose est de le comprendre intellectuellement. Une toute autre est d’éprouver directement cette absence de séparation. C’est la chose la plus extraordinaire qu’un être humain puisse réaliser. Je suis la Vie qui se manifeste en tant que ces pensées, ces sensations, ces sons, ces émotions, ces formes, cette expérience-ci, et en tant que toute expérience…
Là c’est un « wow » qui vous saisit. Un pur émerveillement et une pure gratitude qui dissolvent toute peur et tout désir.
« Tat Tvam Asi » : « Tu es Cela »comme nous le rappelait la Chandogya Upanishad.
Pourquoi ne pas le reconnaître ici et maintenant ?
Amor Fati
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