Feel it !




Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

samedi 11 octobre 2025

Le lieu de l’éveil est la transparence

 


Et s’il n’y avait qu’un seul lieu vraiment transparent dans tout l’univers ?

Un lieu sans couleur, sans forme, mais à partir duquel toutes les formes et toutes les couleurs sont perçues.

Un lieu si ordinaire qu’on l’oublie sans cesse, et pourtant si évident qu’il suffit d’un regard pour le reconnaître.


Il n’y a qu’un seul lieu transparent dans le monde. Lorsque tu le trouves, ou plutôt lorsque tu cesses de le manquer, toutes tes souffrances disparaissent d’un coup. Regarde autour de toi en ce moment : tout ce que tu perçois a une couleur, une forme, une texture. Tout, sauf une chose. Ce lieu d’où tout est vu, ce point de vision sans couleur, sans forme, le seul lieu vraiment transparent, c’est toi.


Douglas Harding appelait cela voir sa vraie nature. Ramana Maharshi disait : « Connais-toi toi-même et tout le reste sera connu. » Nisargadatta ajoutait : « Tu es avant toute expérience, la conscience dans laquelle l’expérience apparaît. » Ce que nous disent ces amis impersonnels, est simple : arrête un instant de regarder ce que tu vois et vois d’où tu regardes.


Tu peux le vérifier maintenant : tu vois un mur, une main, un écran, peut-être un visage dans le miroir. Tout cela a une couleur, des contours, et pourtant, d’où tu regardes, il n’y a rien de tout cela. C’est clair, ouvert, vide, transparent. Et dans ce vide, tout le monde a sa place : le chat, les nuages, ton agenda, ta tasse de café.


Tu cherches souvent la paix, comme on pourrait chercher par inattention les lunettes qui sont posées sur notre propre nez, et comme elles la paix est déjà là, dans cette ouverture qui ne lutte avec rien. 

Si tu veux être libre ? Regarde : ce que tu es vraiment n’a jamais été enfermé. Même les pensées qui disent « je n’y arrive pas » apparaissent dans toi, vaste et inaffecté.


Le secret, c’est qu’il n’y a pas de secret. Wei Wu Wei parlait d’un « secret ouvert », ouvert parce qu’il est toujours là, et secret parce que personne ne peut le voir. L’autre ne le voit pas et même la personne que tu crois être ne peut pas le voir. Mais l’Ouvert se reconnaît lui-même, simplement, silencieusement. Il est disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Tu n’as pas à le fabriquer ni à le chercher, tu n’as qu’à cesser de t’en détourner.


Ce lieu sans lieu ne se trouve pas dans le temps, il n’est pas entre hier et demain, comme une tranche de jambon coincée entre deux tranches de passé et de futur. Le maintenant dont on parle ici n’a pas commencé et ne s’arrêtera pas : c’est le grand présent dans lequel même le tic-tac du temps se produit. Ramana disait : « Ce qui est, est toujours présent. » Ce que tu appelles maintenant n’est pas un moment, c’est ton être même.


Quand tu te rends compte que tu n’es pas une chose dans le monde, mais la clarté dans laquelle le monde apparaît, tout s’allège. Tu peux rire d’un coup, comme un enfant qui réalise que la cachette n’était pas si bien cachée. C’est pour cela que Douglas, avec son humour anglais, parlait de « perdre sa tête ». Regarde : as-tu jamais vu ta tête directement ? Non, juste le monde. Là où tu t’attendais à trouver ton visage, il y a en fait un espace libre, ouvert, accueillant. Le monde entier entre ici sans effort. C’est ce qu’il appelait la Vision sans tête : un monde plein ici, et à zéro centimètre, personne, juste la transparence consciente.


Tu veux un signe que c’est vrai ? Regarde ton expérience. Les sons, les sensations, les pensées, tout se déploie librement dans cet espace sans frontière. Quand la colère monte, elle monte dans toi, mais ce toi-là n’est pas en colère. Quand une douleur traverse le corps, elle est ressentie dans toi, mais toi, en tant qu’ouverture, tu restes intouché. Nisargadatta disait : « Je ne suis pas le corps, je ne suis pas l’esprit. Je suis ce par quoi tout cela est connu. » Et ce n’est pas une croyance, c’est observable.


Ce lieu transparent n’a pas besoin d’être trouvé : il n’a jamais bougé. Il n’est pas plus à Paris qu’à Tiruvannamalai à l’ashram comme le croyait fermement une amie séjournant régulièrement là-bas jusqu’à ce qu’elle réalise que ce qu’elle cherchait était déjà là attendant patiemment que la recherche se détende. 


Ce lieu de transparence n’est pas un point dans l’espace, c’est l’espace même, conscient de lui-même. Ce n’est pas un instant, c’est le cœur du temps, et tout ce que tu appelles « moi » ou « ma vie » danse dedans, comme les reflets dans une mare tranquille.


Alors, quand vient la souffrance, plutôt que de t’y opposer, regarde d’où tu la vois. Quand vient la peur, regarde le lieu transparent à partir duquel tu la perçois. Tu verras que ce lieu ne craint rien, il est déjà libre. La transparence ne se trouble pas parce que des nuages passent dans le ciel : elle les laisse passer.


Et pourtant, ce n’est pas toi qui regardes : c’est l’Ouvert qui s’accueille lui-même. Tu n’es pas l’observateur, tu es la clarté dans laquelle l’observation a lieu. Le monde entier regarde vers cette transparence, il se tourne naturellement vers son origine, vers la lumière invisible qui lui permet d’être vue.


Savoir et savourer d’instant en instant que je suis cette transparence a changé profondément la donne et réenchanté le monde dans mon expérience vivante. Et quel bonheur que de partager cette transparence, qui est la même de ton côté que du mien. Toutes les chansons de mon dernier album, Sat Songs, pointent vers cette transparence — mais notamment la deuxième de l’album, Vois ce que Je vois :


https://youtu.be/fd8b3mMA19s?si=VHo_Eb9CZKB7SXdn


Dans la tradition du Dzogchen, on appelle cela la « vue naturelle », la reconnaissance de la conscience comme transparence même de l’instant. Tout est vu, mais personne ne voit. Tout apparaît, mais rien n’apparaît à quelque chose. Il n’y a que l’Ouvert, qui se découvre à lui-même comme présence silencieuse, sans début ni fin.

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