J’ai récemment vu Vice Versa avec ma fille de 6 ans, ce film d’animation qui met en scène les émotions dans la tête d’une petite fille nommée Riley. L’une des scènes m’a particulièrement touché, et je crois qu’elle peut servir de porte d’entrée à une compréhension profonde de notre fonctionnement émotionnel — et même de notre nature véritable.
À un moment du film, Riley est envahie par la peur. L’ombre de cette peur apparaît sur un mur blanc. Elle recule. Mais comme la lumière est derrière elle, plus elle recule, plus l’ombre devient grande. Plus elle fuit, plus l’ombre s’étend, plus la peur semble réelle, gigantesque, écrasante.
Et c’est exactement ce qui se passe en nous, chaque fois que nous reculons devant une émotion que nous ne voulons pas sentir. Chaque fois que nous cherchons à éviter, fuir, contrôler une peur, une tristesse, une colère, nous alimentons son ombre. Plus nous résistons, plus cela persiste. Carl Gustav Jung l’avait déjà formulé ainsi : « Tout ce à quoi je résiste persiste. » Et j’ajouterais simplement : tout ce que j’embrasse s’efface et révèle l’espace de ma vraie nature — cet espace sans trace, sans histoire, sans centre, qui accueille tout sans effort.
La voie du sentir - telle que je la transmets depuis des années - nous invite à faire exactement l’inverse de ce que notre réflexe mental nous suggère. Non pas fuir ou analyser l’émotion, mais la laisser se déplier en nous. Sentir pleinement, dans le corps, dans la texture même de la sensation, ce que la peur ou la douleur raconte. Et plus nous approchons de l’ombre, plus elle perd son pouvoir. Que se passe-t-il si je vais au contact de l’ombre ? Elle disparaît. Elle ne peut pas résister à la lumière du regard conscient. Car l’ombre n’a jamais eu d’existence propre - elle n’est que l’absence apparente de lumière.
Je repense aussi à cette vidéo touchante que l’on trouve en ligne et dont je vous ai mis le lien ci-dessus : une petite fille voit son ombre et en a peur. Elle tente de la fuir, s’énerve, tombe, pleure. Elle ne comprend pas que l’ombre la suit parce qu’elle en est la cause. Et c’est bouleversant, parce que cette petite, c’est nous. Nous, adultes, avec nos peurs et nos désirs inavouables, nos pensées obsessionnelles, nos colères et notre désespoir, nos hontes. Nous croyons que nos ombres sont des ennemies extérieures, alors qu’elles sont simplement des zones en nous que nous avons cessé de regarder.
Dans les contes, une vérité ancienne se glisse parfois sous le masque de la naïveté. Comme cette princesse des frères Grimm qui, en embrassant la grenouille, découvre qu’elle était en réalité un prince charmant. Il en va de même avec nos émotions les plus dures, les plus visqueuses, les plus rejetées : ce sont au final toujours des appels d’amour déguisés. Des messagers nous invitant à redécouvrir l’amour en toute forme et non des menaces. À condition d’oser s’en approcher, de les tenir dans la présence silencieuse de notre cœur éveillé.
Ainsi, dans le théâtre de l’enfance comme dans celui de l’âme, l’ombre nous enseigne toujours la lumière. Que celui qui a des oreilles entende !
En réalité, chaque recul nous appelle, doucement, à faire le pas contraire - à revenir vers ce qui fait peur, à s’asseoir dans la tempête et le chaos de nos vies pour y découvrir l’immuable Présence. À chaque fois que nous osons rester, sentir, embrasser, être avec sans la pensée, tactilement, vibratoirement, sensoriellement, c’est notre vraie nature - libre, paisible et infinie - qui se révèle, au cœur même de ce que nous voulions fuir.
Ça c’est la voie du sentir - la voie de l’Amour ou la voie de l’inclusion - la voie tantrique, l’autre grande voie non duelle de révélation de notre véritable nature, que j’ai suivi avec mon maître Frédéric Moreau, ostéopathe à Aix en Provence, de 1994 à 2012. À ses côtés j’apprenais, au travers de son toucher et de sa Présence silencieuse, à accueillir toutes mess zones d’ombre et « descendre amoureusement dans mes émotions refoulées et mes refus, pour révéler encore et encore la même Présence qu’ultimement je suis, mais que j’avais momentanément et par ignorance cru être l’apanage exclusif de sa personne.
Toi aussi sœur ou frère de lumière, Tu peux au travers de la voie du sentir, tout sentir, et reconnaître ta véritable nature de pure conscience en embrassant ton ombre au lieu de la fuir pour révéler qu’ultimement Tu es le bonheur que Tu cherches, SatChitAnanda, pure Présence et Conscience sans forme et sans âge.
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