Je continue à te partager ici quelques extraits du Vasishta Yoga et ses 32000 vers, que je relis en français dans la superbe traduction de Swami Venkatesananda, qui est un des plus beaux fleurons de la littérature non duelle et vous livre ensuite quelques commentaires superflus toute fois tant le texte est déjà en lui-même suprêmement précis, clair et pédagogique.
Extrait du Vasishta Yoga aux Éditions Inner Quest. P 63, « L’Histoire d’Akasaja »
« Ce que l’on nomme libération, ô Rama, est en fait l’absolu lui-même, qui seul est. Ce qui est perçu ici en tant que « je », en tant que « tu », ne fait que sembler être, car il n’a jamais été créé. Comment pouvons-nous dire que ce Brahman est devenu tous ces mondes ? Ô Rama, je ne vois que l’or dans les ornements, que l’eau dans les vagues, que le mouvement dans l’air, que le vide dans l’espace, que la chaleur dans le mirage, et rien d’autre. Semblablement, je ne vois que Brahman, l’absolu, pas les mondes. La perception des « mondes » est ignorante, ce qui n’a pas commencé. Pourtant, elle disparaîtra avec l’investigation quant à la nature de la vérité. Ne cesse d’être que ce qui a vu le jour. Ce monde n’a jamais vraiment pris naissance, mais pourtant il donne l’impression d’être.
Ce passage du Yoga Vasistha s’adresse à Rama, mais c’est chacun de nous qui est concerné. Il rappelle une vérité essentielle : ce que nous appelons « monde », ce que nous croyons être « moi » ou « toi », n’a jamais vraiment pris naissance. Il n’y a pas deux réalités, mais une seule : l’absolu, Brahman, conscience pure. Les images sont simples et limpides : l’or demeure unique dans la diversité des bijoux, l’eau est seule dans les vagues, le vide est seul dans l’espace. Tout ce que nous prenons pour une réalité solide se révèle n’être qu’un mirage.
Ramana Maharshi le résumait ainsi : « Le monde n’existe pas en dehors de vous. Quand vous vous connaissez, le monde disparaît comme un rêve. » Il ne s’agit pas de nier l’apparition des choses, mais de les voir pour ce qu’elles sont : des formes qui n’ont jamais quitté leur essence. Tout comme la vague n’a jamais été autre que l’eau, l’apparition du monde n’est jamais séparée de la conscience qui la perçoit.
Nisargadatta Maharaj disait : « Le monde n’est que le reflet de votre imagination. C’est votre état d’esprit qui en fait un enfer ou un paradis. Voyez-le comme conscience, et il devient liberté. » Ce que nous appelons « libération » n’est rien d’autre que ce retour à l’évidence : rien n’a jamais été créé, rien n’a besoin d’être détruit. Seule la conscience, le Soi, est.
Il n’y a donc pas de chemin à parcourir vers un ailleurs hypothétique. L’investigation dont parle le Yoga Vasistha n’est pas une recherche extérieure, mais un retour intérieur, une reconnaissance silencieuse de ce qui, en nous, n’a jamais bougé. Comme le mirage s’évanouit lorsqu’on s’en approche, de même le monde tel que nous le concevons s’efface lorsque nous le percevons en tant que ce que nous sommes vraiment vraiment, c’est à dire pure Conscience. Ce qui demeure alors est sans nom, sans forme, sans limite. Rien n’est séparé et toute perception, apparence, péroné, apparaissent dès lors avec une grande et profonde intimité. Et tout est pardonné.

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