Feel it !




Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

vendredi 19 septembre 2025

La tentation du rejet du monde et la perte de sens après une expérience d’unité

 


Peut-être que tu sens, comme moi, que tu n’es pas de ce monde. Que ta nature essentielle, comme celle de toute chose, n’est pas faite de pensées, de perceptions ou de sensations. Il y a autre chose, un arrière-plan silencieux qui échappe aux sens. Krishnamurti parlait de the otherness, que je traduis par « l’autreté » : quelque chose d’essentiellement différent de ce que nous croyions être la réalité.

La première fois qu’on pressent cela, il y a de la joie, parfois une sorte d’ivresse. Mais très vite le mental récupère l’expérience et en fait une croyance : si le monde n’est pas réel, alors à quoi bon ? À quoi bon se lever, aimer, travailler, créer ? C’est le piège de l’« aquabonisme » spirituel, cette tentation de se détourner de la vie parce qu’on a cru entrevoir qu’elle n’était qu’apparence. Comme si l’éveil devait nous rendre étrangers au monde, alors qu’il nous en rapproche.

Car si l’on descend plus profondément dans la présence, on découvre autre chose : le monde n’a peut-être pas de réalité en lui-même, mais il est traversé, soutenu, fait de cette même conscience qui est notre essence. Les perceptions, les rencontres, les expériences sont toutes façonnées de ce tissu invisible qui est l’amour. Et loin de nous détourner des êtres et des situations, cette découverte nous y ramène avec plus d’ouverture, plus de tendresse, plus de lucidité.

Aimer ici ne veut pas dire préférer, ou donner un blanc-seing pour que tout soit permis. Aimer veut dire reconnaître que ce que je perçois et expérimente est inséparable de la conscience qui le connaît. Et c’est dans cette reconnaissance que s’apaise le sentiment d’étrangeté. La paix et la joie ne sont plus ailleurs, elles traversent ce monde tel qu’il est, avec sa beauté et ses contradictions.

C’est ce que Jésus exprimait en parlant d’un double mouvement : aimer Dieu de tout son être et aimer son prochain comme soi-même. Loin de l’aquabonisme, ce mouvement nous invite à honorer à la fois la source invisible et le monde visible, à ne rien rejeter, à laisser l’amour circuler dans les deux sens.


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