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Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

samedi 13 septembre 2025

Les 4 étapes de l’éveil à la non dualité


« L’évolution » de la conscience, si l’on peut parler ainsi, traverse généralement quatre stades chez l’humain. Pour une compréhension pédagogique, je vais les présenter dans un certain ordre, mais il est important de garder à l’esprit que l’expérience réelle ne suit pas toujours un chemin linéaire.

Au premier stade, la conscience est immergée dans l’objet. On vit absorbé par les sensations, les émotions, les pensées. Toute expérience nous emporte et semble nous définir, comme si nous étions faits uniquement de ce que nous ressentons, pensons ou voyons. La peur, la colère, le désir, l’intelligence prennent le devant et semblent être nous-mêmes, tant que nous ne les distinguons pas de ce que nous sommes.

Au deuxième stade, un recul s’opère et la conscience se reconnaît comme témoin. On découvre que les pensées, les émotions, le corps lui-même sont perçus, et que le fait de percevoir n’est pas ce qui est perçu. Il y a toujours un « je » qui regarde, un observateur distinct de ce qui apparaît. Nisargadatta disait : « Je vois que je ne suis pas ce qui apparaît. » Cette simple reconnaissance transforme déjà notre manière d’être au monde et libère peu à peu de l’emprise des réactions habituelles.

Le troisième stade est subtilement différent : même le témoin disparaît. La conscience n’est plus placée en vis-à-vis d’un objet et il n’y a plus de sujet séparé qui observe. Ce n’est plus « je regarde », ce n’est plus « je suis la chose regardée » : il n’y a que la présence, ouverte et sans bord. Les phénomènes continuent d’apparaître, mais la séparation sujet/objet s’efface. C’est la conscience sans objet, où l’expérience directe de la non-dualité se manifeste. La différence entre le deuxième et le troisième stade est subtile mais essentielle : le deuxième stade est le recul d’un observateur, le troisième stade est la disparition de l’observateur lui-même.


Au quatrième stade, la présence se reconnaît elle-même comme source et déploiement, créatrice de toute forme. Comme je le formule souvent, ce quatrième état, c’est réaliser que « Je suis le sans-forme qui prend toute forme ». Et que c’est ça la signification profonde de la fameuse phrase dans la Chandogya Upanishad : “Tat tvam asi” (Tu es Cela).

Cela, c’est la conscience qui prend toute forme. Qui semble prendre toute forme. Qui rêve, qui module en tant que toute forme. Qui se manifeste en tant que toute forme. Et on sent que l’on est cela. » Sat-Cit-Ananda (être, conscience, félicité) n’est plus une simple notion, c’est l’évidence tranquille qui soutient chaque instant, comme si à chaque expérience ou perception, émotion ou pensée, je disais : Je suis le Sans Forme qui prend la forme de cette émotion-ci, ce son-ci, cette pensée-ci. Tout est soudain fait de la même substance, comme dans un rêve nocturne lorsque l’on réalise que l’on est en train de rêver. Tous les personnages sont faits d’un seul et même cerveau si on est matérialiste ou d’une seule et même Conscience si on aborde cela dans une dimension spirituelle. 

Le monde continue d’apparaître et les actions se font, les circonstances changent et évoluent, mais au lieu de nous ébranler ou de susciter résistance et agitation, elles trouvent naturellement leur juste place. On agit alors de manière claire et adaptée, parce que ce qui doit être fait se fait, sans que l’ego n’ait besoin de tout contrôler, et sans que la peur ou le désir ne prennent le dessus. Cette stabilité de l’arrière-plan, cette présence silencieuse mais vivante, devient le socle permanent à partir duquel la vie peut se déployer librement. C’est là que se réalise le véritable basculement : la conscience cesse de chercher quelque chose en dehors d’elle-même et se reconnaît enfin comme ce qu’elle a toujours été vaste, ouverte et pleinement vivante, une présence à la fois simple et infinie.

Pour ma part, dans mon expérience, ces stades ne se sont pas présentés exactement dans cet ordre. Il y a eu parfois de grandes expériences d’unité, où tout était un, et puis je suis revenu à l’état de témoin, et ces différentes façons d’être se sont répétées à différents moments, sans suivre une progression linéaire. C’est pour cela qu’il faut être très prudent avec l’idée de stades : il ne s’agit pas de passer « comme un fil dans le chas de l’aiguille » d’une expérience à une autre selon le modèle de quelqu’un d’autre. Se comparer ou vouloir suivre un ordre précis peut arrêter le questionnement profond et créer de l’identification inutile. Ces mots et ces stades servent plutôt à reconnaître ce qui peut se manifester, sans imposer un chemin obligatoire. Le but n’est pas de croire que l’on doit nécessairement passer par ces étapes dans l’ordre, mais simplement d’offrir un cadre pour la compréhension.

Que la paix et la joie règnent en toi et autour de toi.

Amor Fati

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