Mail-Question
Bonjour,
« Merci pour tes articles qui ouvrent en moi des nouveaux espaces mais qui me confrontent également à une vision qui ne s’accorde pas toujours avec mon ancienne façon de voir.
J’aimerais savoir ce que tu penses de la pratique de la pensée positive dont j’entends beaucoup parler autour de moi ? Comment accorder ça à la vision impersonnelle dont tu parles ? »
Mail-réponse
Je te remercie pour ta question. Comment dire ? Ça fait longtemps que ce genre de pratiques ont envahi les rayons dits de la spiritualité de la Fnac. Les clés de la réussite, la loi de l’abondance, la pensée positive. Un nombre incalculable de livres ont été écrits là-dessus. C’est évidemment attractif pour l’ego illusoire qui cherche a contrôler à tout prix. . Alors évidemment ça attire les foules.
Comment dire ?
La personne lamda, qui se prend pour une entité séparée relie son bonheur à l’accomplissement personnel et à la réussite d’un certain nombre d’objectifs. Elle est sans cesse dans l’espoir qu’un de ses désirs se réalisent. Elle conditionne son bonheur à l’accomplissement de ses désirs personnels.
Celui qui pratique la pensée positive affirme : « Que ma volonté soit faite »
Ceci est une aberration pour l’être qui a reconnu sa nature éveillée et impersonnelle. Il dit : Que TA volonté soit faite…Car il sait également qu’il en est toujours ainsi. Il a réalisé que le moi séparé qui semble vouloir ceci ou cela fait juste partie du Jeu divin et que ce moi séparé est aussi illusoir qu’un personnage dans un rêve.
Qui est véritablement libre dans le rêve ? Personne ! Aucun personnage du rêve en tout cas. Seul le rêveur est totalement libre, libre du rêve ! Le rêveur crée seul l’intégralité du rêve : le personnage du rêve, les décors de Potempkine, les gens et toutele scénario qui a lieu au sein du rêve. Dans le rêve de la vie, où tu es en quelque sorte un personnage du rêve que l’on appelle l’état de veille, tu crois que c’est ton choix de faire des affirmations positives, et que c’est grâce à toi et tes nombreux efforts personnels qu’un certain nombre de choses arrivent ou par ta faute qu’elles n’arrivent pas.
J’aimerais considérer avec toi cette analogie du rêve. Est-ce vraiment du ressort du personnage du rêve que de choisir de pratiquer de la pensée positive ? Est-il responsable de quoi que ce soit qui se passe au sein du rêve ? N’est-ce pas plutôt celui qui est en train de ronfler dans son lit qui a créé tout ça ?
Je ne dis pas que tu ne devrais pas pratiquer la pensée positive. Fais ce qui arrive, ce qui semble juste pour toi dans l’instant. Mais souviens-toi : il y a des questions bien plus profondes et libératrices à se poser, comme par exemple : Qui fait ces affirmations ? Qu’est-ce qui est conscient des pensées ? Et d’où vient cela qui est conscient ?
En réalité bien sûr, tu ne peux pas raccorder les deux points de vue qui s’excluent l’un l’autre.
Tant que tu t’imagines être un moi séparé, il peut y avoir toutes sortes de fantaisies. On va s'imaginer toute une série de super pouvoirs, c'est les Marvels, superman, batman, wonderwoman, l'Araignée, il y en a vraiment pour tous les goûts.... Et toutes ces identités imaginaires semblent se battre pour de belles valeurs…
Chacun va imaginer à sa guise un personnage qui a le pouvoir de choisir ses pensées et ses actes..
La pensée positive c'est un peu comme croire aux bandes dessinées. C'est peut être sympa au cinéma... Quoique, ça dépend des goûts et de la sensibilité de chacun; mais enfin quand tu sors du cinéma tu te dis au pire « quel navet » et au mieux, « je me suis bien amusé » et puis Tu n'y crois plus à tous ces pouvoirs fantastiques.. Tu sais que ce n'est pas vrai...
C'est comme la fameuse histoire du serpent et de la corde.
Tant que tu vois.un serpent dans l'obscurité, vous allez avoir terriblement peur et vous mettre à imaginer toutes sortes de choses. Que faut-il faire ? Quel est le bon geste ? Va-t-il me mordre ? Et s'il me mord ai-je bien mon téléphone portable sur moi ! Est-ce que j'ai bien pensé à enregistrer le numéro du centre anti poison comme ma mère me l'avais dit... Si je les appelle en combien de temps pourront-ils être sur place à condition bien sûr qu’ils peuvent me géolocaliser dans cette forêt sombre. Et puis vous imaginez votre mère vous dire sur votre lit de mort : tu vois tu ne m'écoutes jamais regardes où ça t'as amené... Et en plus de la peur glaçante, un sentiment de culpabilité vous étreint… C'est sans fin ...
Puis soudain à la faveur d'un éclat de la lune réapparaissent de derrière les nuages, vous réalisez que le dit serpent n'est en réalité qu'une sorte de corde, peut être légèrement brûlée. Que ce passe-t-il ? Grand soulagement : la peur tombe, ainsi que la culpabilité. Toutes ces histoires auxquelles tu prêtais foi, il y a encore qq secondes, sont totalement dissoutes.
Tu peux pas accorder le faux et le vrai ensemble. C'est soi l'un soit l'autre. Soit tu imagines être quelqu’un qui choisit ses pensées soit tu n'y crois pas... Une fois qu'il est vu que le serpent n'est qu'une corde, même si la lune disparaît à nouveau derrière les nuages, tu ne vas plus croire que c'est un serpent même si la corde y ressemble fortement. Tu sais !
Une fois que tu as tiré sur la barbe du père noël c'est fini.
Tant que tu crois que tu imagines détenir la moindre once de libre arbitre en tant que personne séparée, c’est que tu es victime d'une illusion du même ordre....
Donc là ce qu'on va faire ensemble, si tu m’appelles pour une séance individuelle et je suis vraiment désolé pour ceux qui y croyaient encore, c'est qu'on va tirer sur la barbe du moi séparé, cessser de vivre une vie d’emprunt à partir d’un personnage totalement fictif..
Amor Fati
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