Dans la parole, il y a toujours un léger décalage. Le mot arrive après l’expérience. Il essaie de saisir ce qui, déjà, s’est dissous. C’est pour cela que Karl Renz dit que dès que l’on parle, on ment. Pas parce qu’il faudrait se taire pour être vrai, mais parce qu’aucun mot ne peut contenir la réalité vivante. La parole découpe ce qui n’a jamais été séparé.
Il n’y a pas d’un côté les bons mots et de l’autre les mauvais mots. Le langage n’est ni juste ni faux, il est simplement limité. Il sert à pointer, jamais à enfermer. Souvenons-nous de l’adage chinois : quand le sage pointe la lune, l’ignorant regarde le doigt. Les mots sont le doigt. La vérité est la lune.
Quand on comprend cela, on parle plus légèrement. On ne cherche plus à tout dire, à tout saisir, à tout définir. On laisse la phrase accomplir son rôle d’indication. Et ce qui compte n’est pas tant la phrase elle-même, mais l’ouverture qu’elle peut éventuellement révéler. L’espace entre les mots, entre les lignes, où quelque chose se reconnaît sans qu’on puisse le formuler.
Car ce que l’on appelle vérité ne réside pas dans les formulations les plus subtiles, mais dans ce qui demeure avant elles, pendant elles, après elles. Cet espace silencieux ne ment jamais, puisqu’il n’a rien à prouver.
C’est pour cela que, lorsque Hérode demande à Jésus qui il est, il reste silencieux. Non par irrespect, mais parce que ce qu’il est ne peut pas être dit. Et dans la tradition de l’Advaita Vedanta, une histoire raconte qu’un disciple demande trois fois à son maître de dire qui il est. Trois fois, le maître garde le silence. Puis il répond : « Je t’ai répondu trois fois, mais tu ne m’as pas entendu. »
Le silence était la réponse. Il l’est toujours.
Tu es toi-même la réponse silencieuse.
Où ? Ici
Quand ? Maintenant
Que la paix et la joie soient en toi et imprègnent ton environnement

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