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Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

mercredi 13 août 2025

Le grain s’il meurt porte beaucoup de fruit

 


Il y a des paroles qui traversent les siècles comme des semences.

Dans l’Evangile selon Jean, Jésus dit : “En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.” (Jean 12,24)

Cette mort n’est pas un anéantissement, mais la dissolution de ce qui empêche la Vie de circuler librement. Le grain qui meurt laisse sa forme se défaire pour que la vie qu’il contient se déploie. C’est ainsi que Jésus invité à séparer le bon grain de l’ivraie, ce que l’on nomme dans l’advaita Vedanta la discrimination entre le Réel et l’irréel, le fameux Neti Neti de la voie négative, où l’Etre se révèle en réalisant tout ce qu’il n’est pas, c’est adoré perceptions et pensées. 

La crucifixion, comprise ainsi, n’est pas un événement lointain inscrit dans un passé sacré. Et ce n’est pas non plus la résurrection d’un cadavre. C’est le symbole universel de la fin de l’illusion de séparation, le moment où s’effondre la croyance en un “moi” isolé.

Ce dépouillement est la véritable “mort”. Elle ne détruit rien de réel ; elle révèle simplement que ce que nous pensions être n’a jamais eu d’existence autonome. Dans l’Advaita, on compare cela à la corde que l’on prend pour un serpent : lorsque la lumière se fait, le serpent s’évanouit. Dans la kabbale, certains maîtres disent que “l’arbre de la connaissance du bien et du mal” est l’arbre de la séparation - et que goûter à l’arbre de vie, c’est revenir à l’Unité où toute distinction cesse d’être une prison.

La kabbale parle de bitoul ha-yesh, “l’annulation du quelque chose” : l’ego qui se prend pour un centre séparé. Cette annulation est la clé de l’union avec l’Ein Sof, l’Infini.

Le Zohar dit : “Celui qui s’attache au Saint, béni soit-Il, devient un avec Lui, et il n’existe plus de séparation.” (Zohar III, 73a)

Le soufi dira : “Meurs avant de mourir”, car seule la disparition de l’ego ouvre à la subsistance en Dieu (baqa).

Le Zen, avec Shidō Bunan, formule la même invitation : “Meurs complètement, puis fais tout ce que tu veux” - car lorsque le “tu” illusoire séparé est dissous, ce qui demeure n’est plus en conflit avec le réel.

La mort symbolique, ainsi vécue, n’est pas un sacrifice morbide. C’est un abandon doux, parfois fulgurant, parfois progressif, par lequel s’éteint la tension intérieure. L’esprit se détend comme une main qui relâche ce qu’elle tenait inutilement.

Et alors, comme le grain tombé en terre qui se défait pour que germe la vie, l’être fleurit sans effort.

Ce n’est pas “moi” qui vis, disait l’apôtre Paul, mais la Vie qui se vit en moi -  la même Vie qui respire dans tous les êtres, au-delà des noms, des formes et des traditions.

Dans cette lumière, crucifixion, résurrection, extinction et éveil sont des noms différents pour un seul et même mouvement : la fin de l’illusion et la révélation de ce qui a toujours été.

Cette analogie de l’évangile de Jean nous invite à nous défaire de la gangue des croyances et des concepts, des émotions et des histoires, et in fine nous défaire de l’illusion d’être un moi séparé pour nous établir dans l’évidence d’être l’atemporelle Conscience impersonnelle qui prend toute forme. Cette réalisation permet de « porter des fruits » en vivant à partir de cette Présence et en partageant cette évidence avec  les autres et le monde. 

Paix et amour 


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