Question d’un ami de Facebook :
« Je sais que l’ego est une illusion, mais pourquoi me paraît-il si réel ? Parfois, j’ai l’impression qu’il y a deux moi en moi : le petit moi agité, et la présence silencieuse de la conscience. Pourquoi cette sensation de séparation ? »
Réponse : C’est une question naturelle et profonde. Elle révèle ce qui est toujours là : ce sentiment d’être, cette conscience qui observe tout, silencieuse et constante.
L’ego n’est pas inexistant. Il est réel, mais pas comme il semble l’être. Une illusion n’est jamais irréelle : elle existe, mais elle n’est pas ce qu’elle paraît être, ni ce qu’elle prétend être, ni ce que nous croyons qu’elle est.
L’eau d’un mirage scintille, mais la lumière qui la fait apparaître est réelle. Le serpent aperçu au crépuscule est illusoire, mais la corde qui le sous-tend est bien là. Dans un film, le paysage projeté est une image, mais l’écran qui le reçoit existe toujours.
Comme le dit Huang Po :
“Les gens ignorent ce dont l’illusion est faite.”
Cette remarque nous rappelle que l’illusion possède une substance réelle, mais que nous en confondons la nature avec ce qu’elle semble être.
De la même manière, le « moi séparé » tire sa réalité de ce qui ne passe jamais : la conscience. Le simple fait que tu ressentes « je suis » est absolument vrai. Ce qui voile ce sentiment, c’est l’identification aux formes de l’expérience : pensées, émotions, mémoire, et conditionnements.
Comme le rappelle Nisargadatta Maharaj :
“Le ‘Je suis’ est réel ; tout le reste n’est connu qu’à travers lui. L’ego n’est qu’une notion qui le recouvre, mais le Soi est toujours là.”
Saint Augustin écrivait aussi : « Je ne puis douter que j’existe, car même si je doute, j’existe. » Et c’est exactement cela : la conscience ne dépend pas de ce qu’elle observe. Elle est la source de tout, et pourtant elle brille toujours en toi, même lorsque le petit moi se croit maître.
Le petit moi et le grand Soi ne sont donc pas deux. Ils ne sont qu’un seul et même mouvement de présence. L’ego, si nous voulons lui donner un nom, n’est rien d’autre qu’une mise en vibration momentanée et apparente de la conscience une. Il apparaît pour permettre à cette conscience unique et infinie d’avoir des points de vue sur un monde, de se manifester dans un corps humain avec des « lunettes de réalité augmentée » faites de perceptions et de pensées.
Et puis, au sein de cet humain, l’identification survient : nous prenons nos pensées et nos sensations pour notre soi. Mais il est toujours possible de revenir, de respirer, de relâcher cette identification, et de réaliser que tout cela - le petit moi, le grand Soi, la vibration de l’ego - est une seule et même conscience, indivisible et éternelle.
Ramana Maharshi nous le rappelle également :
“La réalisation de ton propre Soi est le plus grand service que tu puisses rendre au monde. Saches que le ‘Je’ que tu cherches est déjà conscience pure, immuable et libre.”
Reconnaître cette vérité, c’est commencer à démêler l’irréel du réel. Et là, doucement, la conscience s’éveille à elle-même, libre, ouverte, entière… et l’éclosion peut se produire, ici et maintenant, dans la simplicité de l’instant.

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